
Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, à Beyrouth, en novembre 2019. Photo d'archives Joseph Eid / AFP
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, virulent critique du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a critiqué le fait que la justice libanaise ne poursuive pas le patron de la Banque du Liban (BDL) alors que celui-ci fait l'objet d'enquêtes notamment en France, en Suisse et au Royaume-uni.
"Comment se fait-il que le gouverneur de la BDL soit poursuivi en justice et qu'il fasse l'objet d'enquêtes dans plusieurs États européens, alors qu'il s'avère qu'au Liban, la justice n'a toujours pas engagé de poursuites à son encontre, malgré le fait qu'il soit le premier concerné par les crimes dangereux pour lesquels il est poursuivi mondialement et qui sont liés au blanchiment d'argent ? Est-ce ainsi que la confiance en la livre libanaise sera restituée ", s'est interrogé le chef de la formation fondée par le président de la République, Michel Aoun.
Riad Salamé fait l'objet d'une enquête au Liban pour "détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment d'argent et évasion fiscale". Des chefs d’accusation dont les peines associées peuvent aller jusqu’à 10 ans de prison, selon une source judiciaire proche de l’enquête. L’enquête libanaise a été ouverte par le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, suite à une instruction judiciaire menée par le ministère public de la Confédération helvétique (MPC) pour soupçons de "blanchiment d’argent aggravé en lien avec de possibles détournements au préjudice de la Banque du Liban". Le gouverneur a toujours rejeté les accusations portées contre lui.
Enquête au Luxembourg
Dans ce contexte, un porte-parole du pouvoir judiciaire luxembourgeois a confirmé lundi sous anonymat à l'agence Reuters que le Luxembourg a "ouvert une enquête criminelle en relation avec le gouverneur de la Banque centrale et ses compagnies et avoirs". Ce porte-parole, qui a transmis cette information par mail à l'agence, n'apporte pas plus de détails concernant cette enquête. Un porte-parole de Riad Salamé a affirmé à Reuters que le gouverneur de la BDL "n'a été informé d'aucune enquête contre lui au Luxembourg" et a refusé de faire d'autres commentaires sur cette question.
Une source proche du dossier a pour sa part confirmé à L'Orient-Le Jour que l'enquête au Luxembourg a bel et bien été ouverte "il y a quelques temps" et fait suite à une coopération informelle entre les autorités du duché et d'autres pays européens.
Arrivé à la tête de la Banque du Liban en 1993, après vingt ans en tant que banquier d’affaires chez Merrill Lynch à Beyrouth et Paris, l’influent Riad Salamé, 71 ans, a longtemps été salué pour sa gestion de la Banque centrale par la classe politique libanaise et le monde économique. Alors que le Liban est confronté à une crise économique sans précédent depuis plus de deux ans, ce proche de la famille Hariri a été conspué par la rue, notamment lors du soulèvement d'octobre 2019.
Riad Salamé est visé par des enquêtes en Suisse, au Royaume-uni et en France. Une enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs" et "blanchiment en bande organisée" a ainsi été ouverte contre lui par les autorités françaises, afin notamment de mettre la lumière sur l’origine de son vaste patrimoine immobilier dans l’hexagone. L’enquête a tout d’abord été confiée à deux procureurs du parquet national financier français (PNF) en mai, suite au dépôt de deux plaintes distinctes du collectif français Sherpa, associé au "Collectif des victimes de pratiques frauduleuses et criminelles au Liban", et de la fondation suisse Accountability Now, avant d’être d’être prise en charge par des juges d'instruction anticorruption en juillet dernier, qui ont des pouvoirs plus étendus que les procureurs du PNF.
En juin dernier, le gouverneur de la BDL avait été intercepté par les douanes françaises à son arrivée de Beyrouth à l’aéroport du Bourget en France avec une importante somme d’argent non déclarée, qu’il transportait en espèces dans une de ses valises. Riad Salamé avait indiqué aux douanes françaises avoir tout simplement "oublié" qu’il transportait ces fonds dont la valeur s'élevait à 90 000 euros.
Le CPL ainsi que le chef de l'Etat, Michel Aoun, accusent le gouverneur de la BDL d'être responsable de la crise économique et financière actuelle et réclament son départ. Mais Riad Salamé bénéficie du soutien de plusieurs poids lourds de la politique libanaise, notamment le président du Parlement, Nabih Berry, et l'ex-Premier ministre et leader sunnite Saad Hariri. Gebran Bassil est lui-même visé par des sanctions américaines, Washington accusant le chef du CPL de corruption.
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, virulent critique du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a critiqué le fait que la justice libanaise ne poursuive pas le patron de la Banque du Liban (BDL) alors que celui-ci fait l'objet d'enquêtes notamment en France, en Suisse et au Royaume-uni. "Comment se fait-il que le gouverneur de la BDL soit poursuivi en justice et...
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Je parle, ( n'importe quoi ) donc j'existe ! - Irène Saïd
Irene Said
15 h 13, le 16 novembre 2021