Le patriarche maronite, Béchara Raï, a déploré dimanche les atteintes au pouvoir judiciaire qui visent à "bloquer l'enquête" sur les explosions meurtrières au port de Beyrouth, après que le juge Tarek Bitar a fait l'objet de menaces par le Hezbollah et le dépôt de plaintes pour son dessaisissement par d'anciens ministres poursuivis dans cette affaire.
Dans son homélie dominicale, le chef de l'Église maronite a appelé l'Etat libanais à "dénoncer ces atteintes" et à soutenir le magistrat "afin qu'il parvienne à dévoiler la vérité".
"Nous condamnons les atteintes au pouvoir judiciaire qui visent à bloquer l'enquête (...) Les piliers de l'État libanais doivent dénoncer ces atteintes et soutenir le juge Bitar afin qu'il parvienne à dévoiler la vérité", a-t-il affirmé au siège estival du patriarcat à Dimane (Nord). Mgr Raï a dès lors réclamé, une nouvelle fois, la levée des immunités des responsables poursuivis, pour que l'enquête puisse avancer : "Nous aurions souhaité que les personnes qui bénéficient d'immunités s'empressent de les lever de leur plein gré".
L'enquête locale sur le drame du 4 août 2020, qui a tué au moins 214 personnes et fait plus de 6.500 blessés, n'a toujours pas donné de résultats, de nombreux responsables refusant de comparaître devant la justice, alors que plusieurs composantes de la classe politique réclament le dessaisissement de M. Bitar. Celui-ci avait demandé, début juillet, la levée de l’immunité de plusieurs responsables politiques et sécuritaires, en vue de les inculper pour "intention présumée d'homicide, négligence et manquements" à leurs responsabilités. La procédure n'a toutefois pas été appliquée, le Parlement réclamant, entre autres, que l'affaire soit jugée devant la Haute cour de justice pour les présidents et ministres, une instance devant laquelle aucun dossier n'a jamais été porté et qui nécessite une mise en accusation de la part de la Chambre, dont sont membres plusieurs des dirigeants inculpés.
Les avocats de l'ancien ministre de l'Intérieur et député Nouhad Machnouk et de l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports Youssef Fenianos, poursuivis pour "intention présumée d'homicide, négligence et manquements", avaient présenté des plaintes pour réclamer que l'instruction soit confiée à un autre magistrat. Par ailleurs, Wafic Safa, chef de la sécurité du Hezbollah, avait menacé de "déboulonner" le juge Bitar, que le parti chiite accuse de politiser l’enquête.
Engagement réformateur du gouvernement
Commentant la visite du Premier ministre, Nagib Mikati, vendredi, au palais de l'Elysée, le prélat a salué "le soutien permanent du président français Emmanuel Macron au Liban, notamment lors de forums européens et internationaux". "Le gouvernement doit maintenant tenir ses engagements et mettre en œuvre des réformes, afin que ce soutien se concrétise et que les aides promises (par la communauté internationale, ndlr) arrivent au Liban", a noté le patriarche Raï.
Le Liban est resté treize mois sans cabinet actif suite à la démission du gouvernement de Hassane Diab dans la foulée des explosions du port. Cette crise politique a aggravé l'effondrement socio-économique et financier du pays et détérioré les conditions de vie et de travail. La formation d'un nouveau gouvernement était la condition sine qua non posée par les communautés arabe et internationale pour débloquer les aides promises au pays du Cèdre. Depuis Paris, le Premier ministre s’est engagé, vendredi, à mener des réformes pour sortir le pays de la crise, à l’issue d’un entretien avec le président Macron, qui a assuré que son pays "ne lâchera pas le Liban".
Le Cardinal Raï a formulé l'espoir, en outre, que le nouveau cabinet accorde plus d'importance à "l'éducation, l'enseignement et la culture", qui constituent "la richesse du pays", la crise pluridimensionnelle ayant ébranlé le secteur éducatif. Après deux années d'enseignement effectués majoritairement à distance, à cause de la pandémie de Covid-19, et le soulèvement populaire du 17 octobre 2019, qui avait provoqué plusieurs grèves et blocages de route, les responsables insistent sur la nécessité de la reprise des cours en présentiel. Les enseignants, qui ont vu leur salaire s'effondrer et dont plusieurs ont fait le choix de quitter le pays, peinent à se procurer de l'essence pour se rendre aux cours, en raison des pénuries. Beaucoup de familles sont également incapables de régler les frais de scolarité et d'acheter les fournitures scolaires. La nouvelle année scolaire se révèle donc tributaire de la situation générale dans le pays.
commentaires (8)
PEUT-ON AVOIR CONFIANCE EN VOUS QUI IL Y A 14 MOIS SOUTENEX POUR PLUS DE SIX MOIS LE PROJET MACRON DE GOUVERNEMENT DE 18 MINISTRES INDEPENDANTS ET QUI CRITIQUEZ OUVERTEMENT LA TRINITE DIABOLIQUE DU MAL DONT DEUX DE VOTRE BERGERIE Y FONT PARTIE, ET AUJOURD,HUI APPLAUDISSEZ L,HYDRE DE LERNES NEE PAR LES MAFIEUX ? DOMMAGE QUE VOUS SOYEZ PATRIARCHE !
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 10, le 27 septembre 2021