Baabda attendait mardi des réactions à la proposition faite la veille par le président Michel Aoun d'abolir la répartition communautaire des portefeuilles régaliens dans une tentative de débloquer le processus de formation du gouvernement de "mission", entravé par l'insistance du Hezbollah et du mouvement Amal de garder le portefeuille des Finances.
Lundi, le chef de l'Etat avait renvoyé dos à dos le tandem chiite (Hezbollah-Amal) et le Premier ministre désigné, leur reprochant de ne pas faciliter la formation du cabinet. Le président a pointé du doigt l’insistance du tandem chiite à conserver sa mainmise sur les Finances et a reproché à Moustapha Adib de former son cabinet sans se concerter avec les groupes parlementaires et de n'avoir jusque-là proposé aucune mouture de cabinet. M. Adib est déterminé à former un gouvernement restreint composé de spécialistes conformément à l'initiative française à laquelle s'étaient engagées toutes les formations politiques .
"Si un gouvernement n'est pas formé, nous nous dirigeons vers l'enfer", avait prévenu le président Aoun. Une phrase qui a fait le tour des réseaux sociaux et suscité la colère des Libanais hostiles à la classe dirigeante.
Selon des sources informées de la position du chef de l'Etat, citées par notre correspondante Hoda Chédid, "il n'y a rien de nouveau" sur ce plan. "Nous attendons les réactions à la proposition du président dans les prochaines 24 heures en prévision d'une nouvelle étape. Les seules réactions déjà exprimées ne proviennent que de certains milieux et ne peuvent pas être considérées comme des prises de position officielles", indiquent ces sources. "Cette proposition ouvre la porte à une solution, s'ils veulent vraiment une solution", estiment-elles. Par ailleurs, ces sources ont démenti que Michel Aoun se soit entretenu avec son gendre, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, avant sa conférence de presse lundi.
En outre, ces sources indiquent qu'aucun contact entre le président et M. Adib n'a eu lieu depuis que ce dernier a lancé un appel, lundi, pour que toutes les parties "coopèrent afin de faciliter la mise sur pied d'un cabinet de mission au programme déterminé", comme prévu par le plan français. Dans ce contexte, des sources de Baabda ont indiqué que les milieux officiels n'avaient pas été prévenus d'une prochaine visite d'un envoyé spécial français.
Au lendemain des propos tenus par M. Aoun, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora a appelé les responsables à rester attachés à la Constitution et au Pacte national, ainsi qu'à la formation d'un gouvernement restreint de mission conformément à l'initiative française, composé de ministres "non prisonniers des communautés". Réuni aujourd'hui à Dar el-Fatwa, le Conseil supérieur chérié sunnite a de son côté appelé à faciliter la mission du Premier ministre désigné, regrettant que "les divergences politiques se transforment en conflits communautaires et confessionnels".
La polémique sur l'"enfer"
Sur un autre plan, des sources de Baabda ont réagi à la polémique suscitée par l'utilisation par le chef de l'Etat du mot "enfer". "Ceux qui se sont concentrés sur ce mot veulent détourner l'attention de la proposition sérieuse du président Aoun. En utilisant le terme enfer, il voulait parler de l'effondrement. C'est un terme qui est utilisé pour expliquer que nous allons vers le pire", expliquent ces sources.
La nuit dernière, une poignée de manifestants anti-pouvoir s'était rassemblée sur la voie express du Ring, à Beyrouth, et à Saïda, au Liban-Sud, pour crier sa colère contre le président de la République. "A bas le régime militaire !", "Nous, le peuple, sommes la ligne rouge", "Révolution contre Michel Aoun !", ont crié ces protestataires sur le Ring, appelant le chef de l'Etat à se retirer. "Nous irons par millions en enfer, nous les révolutionnaires", ont encore ironisé les manifestants. A Saïda également, sur la place Elia, l'un des hauts lieux de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre la classe politique, les manifestants ont fustigé la cherté de vie et les conditions sociales qui ne cessent de se dégrader. "Nous allons en enfer ? Comme si nous vivions déjà dans le paradis", ont-ils scandé.
commentaires (12)
quand les adorateurs de aoun et qiand aoun lui-meme houspille le monde en leur rappelant "son histoire qui proiuve que....... ", ils n'ont pas tort ! RAPPELONS NOUS DE SON HISTOIRE ET ... COMME DISENT LES PROVERBES ARABE ET FRANCAIS: -LE MEILLEUR DES MOTS EST CE QUI EST DIT EN PEU DE MOTS -SEUL LE SILENCE EST GRAND.....(enfin pas tres a propos mais qd meme )
Gaby SIOUFI
12 h 32, le 23 septembre 2020