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Trop c’est trop

Les crises se suivent, s’accumulent, s’enchevêtrent, sans jamais se ressembler… L’ouragan dans lequel ne cessent de se débattre les Libanais, loin de s’estomper, se fait de plus en plus violent, dans l’attente angoissante de l’éclaircie salvatrice qui apparaîtra tôt ou tard à l’horizon. D’un mal, l’on peut parfois tirer un bien, dit le dicton populaire. Un tout petit bien très relatif si l’on se penche sur le cas (unique en son genre) du Liban.

Le pays est aujourd’hui confronté à deux nouveaux développements majeurs – les sanctions US et la crise gouvernementale, sur fond d’initiative française – qui braquent les feux de l’actualité sur des réalités amères que d’aucuns s’obstinent encore à ne pas vouloir reconnaître : le rôle actif et continu du Hezbollah dans la corruption à grande échelle et sa responsabilité directe dans le lourd déficit public qui a plombé l’État d’année en année d’une part, et la priorité absolue que le parti inféodé à la République islamique iranienne accorde aux intérêts supérieurs de son mentor régional d’autre part.

Face à un édifice national qui craque de toutes parts, les langues se délient et les tabous tombent. Les faits exposés par l’administration Trump pour expliquer le bien-fondé des sanctions prises à l’encontre de deux anciens ministres ont illustré à quel point le Hezbollah pompait régulièrement, par le biais de ministres complices ou des subventions à des produits de première nécessité, une bonne partie de l’argent du Trésor pour renflouer ses caisses… et celles de Bachar el-Assad.

L’un des anciens conseillers du ministre sortant des Finances a ainsi confirmé récemment, lors d’un talk-show télévisé, que la contrebande du mazout subventionné en direction de la Syrie, sous l’impulsion évidente du Hezbollah, coûtait à l’État non moins d’un million de dollars par jour, soit près de 400 millions de dollars par an. Il ne s’agit là que d’un petit exemple parmi tant d’autres qui met en évidence les causes de l’accroissement du déficit public induit ces dernières années par la contrebande à grande échelle à travers la frontière poreuse entre le Liban et la Syrie. L’ancien vice-gouverneur de la Banque du Liban, Nasser Saïdi, a relevé dans ce contexte que le Liban importe trois fois plus de produits de première nécessité que les besoins de sa consommation intérieure. Des produits évidemment subventionnés… « L’État finance ainsi la contrebande ! » souligne-t-il avec ironie. Il n’est pas difficile de deviner qui est le chef d’orchestre de cette vaste opération de trafic frauduleux en direction de la Syrie.

Jusqu’à récemment, le Hezbollah a toujours tenu à donner de lui l’image du parti résigné, voire parfois « excédé », face à la corruption de ses alliés les plus proches. Mais les « attendus » des dernières sanctions américaines révèlent au contraire au grand jour comment le parti pro-iranien a déployé ses tentacules au sein de certains ministères pour détourner des fonds publics et des contrats juteux (et douteux) à son seul profit, ce qui ne faisait qu’aggraver le déficit budgétaire et par conséquent la dette publique. Est-ce une coïncidence à cet égard que depuis 2008 la plupart des ministres de l’Industrie et de l’Agriculture (sinon quasiment tous) relevaient du tandem Hezbollah-Amal ?

Pire encore est l’inqualifiable attitude obstructionniste de ce tandem au niveau de la gestation du nouveau gouvernement. Depuis plus d’un an, la population libanaise est confrontée à une série de crises et d’épreuves en cascade : marasme économique généralisé, crise aiguë du secteur bancaire et grave pénurie de devises sous l’effet des aventures guerrières et des campagnes menaçantes régulières du Hezbollah contre les pays amis ; forte dépréciation de la monnaie nationale ; inflation galopante ; pertes massives d’emplois ; paupérisation grandissante ; quasi-paralysie gouvernementale ; pandémie avec son confinement total à un rythme alternatif et ses conséquences désastreuses sur l’activité des entreprises ; et enfin la catastrophe apocalyptique du 4 août qui a provoqué un véritable choc traumatique.

Face à ces coups successifs qui lui ont été assenés sans répit, la population a accueilli comme une lueur d’espoir inespérée l’initiative française avec au final la relance promise de l’incontournable aide internationale tant attendue. La réaction la plus élémentaire devant ce cataclysme à multiples facettes aurait été que les factions locales mettent une sourdine à toute sorte de considérations partisanes et politiciennes pour engager le pays sur la voie du redressement. Dédaignant les multiples épreuves endurées par les Libanais, le duopole Hezbollah-Amal affiche au contraire son obstination à monopoliser désormais le ministère des Finances et à désigner lui-même les ministres de sa communauté (en violation de la Constitution), faisant ainsi obstruction, en dépit de l’extrême gravité de la situation, à la formation du gouvernement et à l’opération de sauvetage que le président Emmanuel Macron se propose de mettre sur les rails.

Le plus grave sans doute dans un tel contexte est que cette revendication sectaire et le blocage de la sortie de crise semblent avoir été placés aux mains du pouvoir des mollahs iraniens pour servir d’instrument de marchandage dans leur bras de fer avec les dirigeants français et américains. Le directoire du Hezbollah aura ainsi cultivé jusqu’au bout son ancrage sans retenue à la République islamique. Ce n’est certes pas chose nouvelle, mais cette fois-ci il pousse peut-être un peu trop loin son mépris des intérêts vitaux de ceux qu’il devrait percevoir, en principe, comme ses partenaires nationaux au sein de la population libanaise.

Les crises se suivent, s’accumulent, s’enchevêtrent, sans jamais se ressembler… L’ouragan dans lequel ne cessent de se débattre les Libanais, loin de s’estomper, se fait de plus en plus violent, dans l’attente angoissante de l’éclaircie salvatrice qui apparaîtra tôt ou tard à l’horizon. D’un mal, l’on peut parfois tirer un bien, dit le dicton populaire. Un tout petit...

commentaires (8)

On ne cesse de répéter il n’y a que les FL qui pourrait nous sortir de la .... le Hakim a eu raison à 1 milliards % d’avoir fait l’entente avec le CPL ne serais ce que pour essayé une réconciliation inter chretienne qui a été bafouée par le CPL .... de plus ceux qui disent tous c a d tous SONT LES ANCIENS AOUNISTE QUI N’OSENT PAS AVOUER QU’ILS AVAIENT TORT

Bery tus

19 h 04, le 22 septembre 2020

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Commentaires (8)

  • On ne cesse de répéter il n’y a que les FL qui pourrait nous sortir de la .... le Hakim a eu raison à 1 milliards % d’avoir fait l’entente avec le CPL ne serais ce que pour essayé une réconciliation inter chretienne qui a été bafouée par le CPL .... de plus ceux qui disent tous c a d tous SONT LES ANCIENS AOUNISTE QUI N’OSENT PAS AVOUER QU’ILS AVAIENT TORT

    Bery tus

    19 h 04, le 22 septembre 2020

  • Cet article a le mérite de synthetiser les causes de la débâcle. Les sanctions américaines ont eu le mérite de mettre a découvert ce que chacun pensait sans en avoir les preuves. Le CPL ne peut plus couvrir les agissementsdu Hezb et d'Amal, ce qui permettra peut-être de refaire l'unité des chrétiens avant l'unité du pays contre les milices d'Amal et du Hezb. Ce que ces deux milices font, ne peut être qualifié que de haute trahison. Piller un pays au bénéfice de deux autres pays qui, de plus, ont commis nombres d'assassinats chez nous. Les derniers voiles sont retirés, et la messe est dite... Nous aurons une guerre civile, ou l'intervention d'un pays tiers, il n'y a pa d'autres issues.

    Bachir Karim

    14 h 23, le 22 septembre 2020

  • CEUX QUI NE DEGAGENT PAS DE BONGRE DEVRAIENT ETRE DEGAGES DE MALGRE EN REPONSE A LEURS CRIS DE GUERRE CIVILE DONT LES SBIRES IRANIENS MENACENT DANS TOUS LEURS DISCOURS LE PEUPLE LIBANAIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 48, le 22 septembre 2020

  • Le pays est sous la loi du" fort par les armes". Le salut ne peut venir de l'intérieur. Plusieurs scénarios peuvent se présenter, dont certains sont pénibles et peut-être visant l'unité qui n'a jamais été réelle, depuis la création non édifiante de 1920.

    Esber

    12 h 31, le 22 septembre 2020

  • je veux bien croire que nasroullah hezboullah sont aussi corrompus que ca. mais ce serait injuste de ne pas mentionner le restant de la crasse politique impliquee elle aussi-elle surtout -peut etre? ce serait injuste que de passer outre le crime commis par ceux qui ont aide a creer le regne de aoun, allie des 2 demons mentionnes ci-haut !

    Gaby SIOUFI

    12 h 17, le 22 septembre 2020

  • On se demande pourquoi tous ces pays qui dirigent le monde peinent à réduire au silence cette milice qu’ils qualifient de terroriste. Alors qu’ils ont tous les éléments en mains pour les condamner et traduire en justice pour tous les crimes et vols qu’ils ont commis, ils continuent à dialoguer avec eux alors qu’ils savent que plus ils les traitent en partenaires plus ils leur donnent la possibilité de bloquer et de ruiner le Liban. C’est quoi leur plan? Arriver à un point de non retour? lorsqu’ils leur auront cédé pouvoir et finances il serait impossible de se débarrasser d’eux. Alors qu’ils se retrouvaient au pied du mur, Macron les a ressuscité en leur donnant un rôle dans la formation du gouvernement. Ils se sont sentis de nouveau pousser des ailes. Mauvais calcul, mauvaise analyse politique. Mais c’est le peuple libanais qui paie à chaque les erreurs de stratégie et de géopolitique. Et maintenant on fait quoi? Il n’y a qu’un solution, les punir immédiatement et les mettre hors d’état de nuire. Les américains auront tout le loisir de fignoler leurs plan de sortie avec l’Iran à en ayant un problème en moins à gérer et Macron réussira enfin à s’imposer comme étant un partenaire actif dans le problème du proche orient. Autrement ces hyènes ne feront de cadeaux à aucun des deux et les mèneront là où ils veulent qu’ils soient, sous prétexte de vouloir une solution. Ils mettront eux au pied du mur sans aucune issue pour s’en sortir.

    Sissi zayyat

    12 h 17, le 22 septembre 2020

  • Effectivement trop c’est trop . voila ou on arrive lorsque l’on laisse amal et le Hezbollah, les deux seules milices sectaires armees et en plus teleguidees de l’etranger, disposer de l’Etat et des Libanais comme bon leur semble. Le principal fautif ? Michel Aoun , qui a completement retourne sa veste, et a sacrifie le pays tout simplement pour etre president. Il a pris parti pour les miliciens contre notre armee, il a nomme son gendre ministre des affaires etrangeres pour nous eloigner des pays amis et des riches pays voisins, qui contribuaient le plus a faire l’essor du Liban. Il a laisse les voleurs , dont des proches, amasser des fortunes colossales au detriment du peuple. Tout cela pour payer sa dette a ceux a qui « l’ont fait « president par la force de leurs baionnettes » (comme l’a dit l’un de leurs distingues deputes) . Mais avec le temps il s’est trouve’ totalement prisonnier de ses « bienfaiteurs » et a leur totale merci. Lorsque le patriarche a dit que la Legalite était assiegee c’est de lui qu’il parlait. Lorque l’on pense que notre pauvre pays traditionnellement ouvert sur l’Orient et l’Occident est devenu une chasse gardee de deux regimes totalitaires retrogrades , l’Iran et la Syrie, on comprend pourquoi Aoun a parle d’enfer ! Si les efforts du president Macron venaient a echouer, seules les sanctions internationales, contre les voleurs et criminels libanais pourraient quelque peu consoler la population meurtrie.

    Goraieb Nada

    07 h 42, le 22 septembre 2020

  • Le Liban ne sera sauvé que par l' élimination du Hezbollah, de Berry, de Aoun et de tous les politiciens corrompus. Il est temps pour le peuple de renverser la table à n'importe quel prix. A celui qui veut aider le peuple (Trump, Macron ou n'importe qui), il sera le bienvenu. A la fin, le GRAND LIBAN vaincra car il est éternel.

    Achkar Carlos

    01 h 13, le 22 septembre 2020

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