Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Après les critiques de Diab contre Riad Salamé, des figures sunnites s'en prennent au PM

Fouad Siniora, Tammam Salam et Nohad Machnouk décochent leurs flèches contre le chef du gouvernement à partir de Dar el-Fatwa.

L’ancien Premier ministre libanais et député Fouad Siniora. Photo d'archives ANI

Plusieurs personnalités sunnites opposées aux partis politiques au pouvoir qui soutiennent le gouvernement de Hassane Diab s'en sont pris samedi au Premier ministre qui a sévèrement critiqué la veille le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, pour son manque de transparence et l’effondrement monétaire en cours, au moment où la livre libanaise poursuit son effondrement dans un contexte de crise économique et financière, la pire en trente ans. A l’issue du Conseil des ministres vendredi, M. Diab a notamment pointé du doigt "une faille au sein de la Banque centrale et dans ses stratégies" et indiqué qu’un cabinet d’audit international, demandé notamment par le Groupe international de soutien (GIS) allait vérifier les comptes de la BDL et des banques.

Les députés sunnites et anciens Premiers ministres Fouad Siniora (Courant du Futur) et Tammam Salam, ainsi que Nohad Machnouk, ancien ministre de l'Intérieur, ont critiqué Hassane Diab, lors d'une réunion à Dar el-Fatwa, sous la houlette du mufti de la République, le cheikh Abdel Latif Deriane, dans le cadre d'une collecte de fonds pour venir en aide aux familles défavorisées.



"Décisions populistes"

Prenant la parole, Fouad Siniora a estimé que le discours de Hassane Diab "équivaut à mettre la charrue devant les boeufs". "Il faut apporter de vraies solutions car la situation sociale est pressante et il faut appeler les citoyens à la rescousse pour lancer les vraies réformes que je prône depuis des années", a affirmé M. Siniora. "Les solutions se font à travers les usages et les institutions, et non par le biais de décisions populistes", a encore estimé l'ancien chef du gouvernement. "Aujourd'hui, nous souffrons d'un manque total de confiance des citoyens en leur Etat et en toute la société politique. Pour regagner cette confiance, il faut revenir aux principes et respecter la Constitution et l'accord de Taëf" qui mit fin à la guerre civile de 1975-1990. Pour Fouad Siniora, la chute de la livre "ne peut être enrayée avec un bâton, mais plutôt à travers le recouvrement de la confiance".


(Lire aussi : Entre Hassane Diab et Saad Hariri, c’est la guerre ouverte)


Pour sa part, l'ancien Premier ministre Tammam Salam a estimé que "nous vivons dans une période difficile qui nécessite de l'attention et du savoir-faire de la part des dirigeants", dans une critique à peine voilée au chef du gouvernement. "Les responsables ne peuvent se mettre en confrontation et faire de la surenchère politique qui ne mène à rien", a estimé M. Salam. "La vengeance ne mène à rien de constructif", a-t-il prévenu. "L'effondrement actuel est le résultat de la violation de la Constitution. La solution réside dans l'humilité de certains responsables", a enfin estimé Tammam Salam, rappelant que "personne n'est exempt de la reddition des comptes".


"Complot contre le sunnisme politique"

Le député Nohad Machnouk a de son côté estimé que "Hassane Diab conduit mal son véhicule et va se heurter au mur". "Le discours sur le passé et les rancoeurs ne servent à rien", a regretté M. Machnouk, qui estime qu'"une seule personne sage peut actuellement calmer la situation, il s'agit du président du Parlement, Nabih Berry". Nohad Machnouk a enfin estimé qu'il y avait un "complot contre le sunnisme politique auquel nous ferons face, car nous en sommes capables". Ces propos visent en général le président de la République, Michel Aoun, et son gendre, Gebran Bassil, qui dirige le Courant patriotique libre (CPL) fondé par le chef de l'Etat, et qui s'en prend régulièrement au "sunnisme politique", en référence aux politiques de Saad Hariri et de son père, Rafic Hariri, assassiné en 2005. "Hassane Diab ne peut pas faire face à ce complot", a encore estimé Nohad Machnouk.


(Lire aussi : Le gouvernement va mandater trois sociétés pour auditer la BDL)


Vendredi, le Premier ministre s'en est pris avec virulence au gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, alors que la valeur de la livre libanaise poursuit sa chute libre par rapport au dollar. Jeudi, elle avait atteint les 3.700 livres pour un dollar chez certains agents de change, loin de son taux officiel de 1.507,5.

"Il y a un problème douteux dans l'action du gouverneur de la Banque du Liban, et cela a accéléré la dévaluation de la livre libanaise sur le marché noir, ce qui a des conséquences négatives sur le pays dans son ensemble. Nous ne pouvons plus accepter les politiques monétaires qui se décident en coulisses. (...) Que Riad Salamé vienne sincèrement expliquer aux Libanais ce qui se passe", a déclaré le chef du gouvernement dans une allocution aux Libanais à l'issue du Conseil des ministres, pointant du doigt "une faille au sein de la Banque centrale et dans ses stratégies" et indiquant qu'un cabinet d'audit international allait vérifier les comptes de la BDL et des banques.


(Lire aussi : Plan de réformes : l'argent de 98 % des déposants sera préservé, assure Diab)


Ces critiques ont fait réagir l'ancien Premier ministre Saad Hariri, qui a pris la défense de Riad Salamé. "Il faut avoir une mentalité putschiste pour faire assumer la responsabilité de l'effondrement économique à la gouvernance de la BDL", a lancé le leader du Courant du Futur, s'en prenant sans les nommer au Hezbollah et au Courant patriotique libre fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun.


"Structure profonde"

Samedi matin, le Premier ministre a effectué une tournée auprès des Forces de sécurité intérieure (FSI), profitant de cette occasion pour dire que l'Etat "a perdu la confiance des Libanais". "L'image de l'Etat est désormais ternie aux yeux des Libanais, en raison de pratiques qui ont fait du tort à cet Etat. L'Etat a perdu la confiance des Libanais car il s'est déconnecté d'eux. En vérité, nous n'avons pas d'Etat profond (structure paraétatique), mais plutôt un système profond (pouvoir parallèle), même si les visages de ses acteurs changent. Il faut dissocier l'Etat des intérêts de la classe régnante", a plaidé le Premier ministre, lui-même soutenu par les partis politiques qui représentent la majorité au pouvoir, à savoir le Hezbollah et son allié, le Courant patriotique libre, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun.


Lire aussi

Thérapie en monol'édito de Issa GORAIEB

Pousser le gouvernement à la démission ? Plus facile à dire qu’à faire, le décryptage de Scarlett Haddad

Plusieurs personnalités sunnites opposées aux partis politiques au pouvoir qui soutiennent le gouvernement de Hassane Diab s'en sont pris samedi au Premier ministre qui a sévèrement critiqué la veille le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, pour son manque de transparence et l’effondrement monétaire en cours, au moment où la livre libanaise poursuit son effondrement dans un...

commentaires (14)

Si jamais ils arrivent a limoger R.Salamé j’espere que celui-ci ouvrira tous les dossiers et les entrainera kellonn dans sa chute .

Marie-Hélène

10 h 43, le 27 avril 2020

Tous les commentaires

Commentaires (14)

  • Si jamais ils arrivent a limoger R.Salamé j’espere que celui-ci ouvrira tous les dossiers et les entrainera kellonn dans sa chute .

    Marie-Hélène

    10 h 43, le 27 avril 2020

  • Envoyez nous Kim Jong-un pour quelques heures et je vous garantis que tous ces chacals qui nous empestent la vie depuis 30 ans cracheront le morceau....Y en a marre de ces sornettes hypocrites et de ces leçons de morale à la noix de coco. Kellon yaane kellon .....

    Tabet Karim

    10 h 03, le 26 avril 2020

  • Bien que Salameh ne devrait pas être désigné comme le plus corrompu et / ou le plus incapable parmi les politiciens et hauts fonctionnaires, il devrait être tenu responsable des initiatives et des pratiques très louches qui ont provoqué une nouvelle érosion et une détérioration des finances du pays. Salameh doit expliquer ces pratiques et manquements et être sanctionné si nécessaire. Les autres coupables doivent également être tenus responsables de la corruption et de la mauvaise gestion des affaires.

    Tony BASSILA

    21 h 38, le 25 avril 2020

  • Messieurs Siniora et Machnouk ont franchement du toupet de s’exprimer ainsi. Ils ont été aux commandes durant des années. Certains de nos concitoyens les accusent de faire partie des grands corrompus, je n’ai aucune preuve pour confirmer ou infirmer. Par contre, les résultats de leur gouvernance sont là pour prouver que ce sont deux personnes totalement incompétentes dans l’exercice du pouvoir et qu’ils devraient avoir la décence de se taire au lieu de dire des sottises de ce genre et donner des leçons aux autres. Allez du BALAI tous les deux

    Lecteur excédé par la censure

    18 h 32, le 25 avril 2020

  • ne faudrait-il pas une radiographie de la fortune des "grands" aussi bien celle de Nabih Berry que celle de Riad Salamé?

    Beauchard Jacques

    17 h 40, le 25 avril 2020

  • RIAD SALAME NOUS CHANTAIT SURTOUT LES TROIS DERNIERES ANNEES ET QUELQUES MOIS AVANT L,ECLATEMENT DE LA CRISE QUE LA BDL AVAIT DES RESERVES DE 53 MILLIARDS DE DLRS, OR INCLUS, ET QUE MEME SI L,ETAT FAISAIT FAILLITE LA BDL ET LES BANQUES N,AVAIENT PAS DE PROBLEME POUR AU MOINS TROIS ANNEES ET APPELAIT LA DIASPORA A CONTINUER D,AVOIR CONFIANCE EN LES BANQUES LIBANAISES ET QUE LEURS DEPOTS SONT GARANTIES. OR UNE SEMAINE APRES LA CRISE LA BDL ET LES BANQUES SONT A GENOUX. IL AVAIT DRESSE UN PIEGE AUX DEPOSANTS AVEC L,APPUI DES GOUVERNEMENTS SUCCESSIFS. BAS LES MAINS, HASSAN DIAB, DES ECONOMIES D,UNE VIE DES DEPOSANTS DE TOUS LES DEPOSANTS SANS EXCEPTION ET CONCENTREZ-VOUS A RECUPERER LES MONTANTS FUITES ET LES MONTANTS VOLES PAR TOUS LES ABRUTIS CORROMPUS ET VOLEURS EN COMMENCANT PAR LES BARGES TURQUES, L,AEROPORT, LES PORTS, LES PASSAGES FRONTALIERS ET L,EDL. N,OUBLIEZ PAS L,ACCAPAREMENT DU LITTORAL ETC... ETC... ETC... BAS LES MAINS DES DEPOTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 35, le 25 avril 2020

  • Et si Salameh tombe, sa boîte de Pandore, une fois ouverte, fera tomber TOUS les politiciens corrompus, du plus grand au plus petit, sans exception.

    Remy Martin

    16 h 33, le 25 avril 2020

  • Mais qu'est-ce qu'ils sont dégoûtants à vouloir faire les malins et jouer aux redresseurs de torts... Qu'ils aient la décence de se faire petits et de se taire!

    NAUFAL SORAYA

    16 h 18, le 25 avril 2020

  • En somme la semaine qui se meurt se résume tout simplement par: "KELLOUN YAANÉ ABSOLUMENT KELLOUN" Trêve de plaisanteries et cessons de perdre du temps, ces 74 jours et ceux qui les ont précédé pour former ce gouvernement nous ont volé un temps trop précieux... au lieu de sauver le pays on ne fait que discuter des feuilletons tv de catégorie M pour minables et misérables...

    Wlek Sanferlou

    15 h 53, le 25 avril 2020

  • Il ne manquait plus que ces trois mousquetaires ouvrent leur grotte pour nous raconter des sottises pareilles. Mr Diab a eu la franchise et le courage de dire tout haut ce que tout le monde sait tout bas.

    Zorkot Mohamed

    15 h 47, le 25 avril 2020

  • Pourquoi tous les élus du CPL, parti fondé par Michel Aoun et dirigé par son gendre Gebran Bassil*, ont-ils refusé la levée de l'immunité sur les ministres corrompus ou suspects de l'être ? * ex-ministre de l'Energie et des Affaires étrangères.

    Un Libanais

    15 h 41, le 25 avril 2020

  • "...il faut apporter de vraies solutions car la situation sociale est pressante et il faut appeler les citoyens à la rescousse pour lancer les vraies réformes que je prône depuis des années..." a affirmé M. Siniora. Quel incroyable culot...et heureusement que le ridicule ne tue pas ! Puisque vous connaissiez les "vraies réformes" pourquoi ne les avez-vous pas appliquées quand vous étiez premier ministre ? Idem pour M. Nohad Machnouk et ses copains qui brusquement retrouvent la parole et de bonnes idées pour sauver ce pays qu'ils ont eux-mêmes amené depuis des années à la catastrophe actuelle ! Qui disait que la meilleure défense...c'est l'attaque...? Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 31, le 25 avril 2020

  • ces gens la qui prennent la défense d un fonctionnaire incompétant ( salamé) ils ne trouvent rien à dire qu il est sunnite . Mr vous n avez pas honte, de revenir 45 ans en arrière vous devez trouver d autres arguments pour prendre sa défense c est parce que vous avez quelque chose à cacher.

    youssef barada

    15 h 15, le 25 avril 2020

  • Cher Monsieur Diab. Vous même avez dit que l’Etst n’est plus en mesure de protéger les citoyens.. Celà est parfaitement vrai, car l’Etat a été bâillonné! Il n’existe pas de bonne et saine gouvernance quand l’Etat , la force publique est entre des mains privées!!

    LeRougeEtLeNoir

    15 h 10, le 25 avril 2020

Retour en haut