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Économie - Crise

Le gouvernement va mandater trois sociétés pour auditer la BDL

Le Premier ministre a fait éclater dans son discours d’hier l’ampleur des tensions qui opposent son cabinet à la Banque centrale.

Le Premier ministre Hassane Diab. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre Hassane Diab a tenu à l’issue du Conseil des ministres hier un discours particulièrement véhément dans lequel il a lié la dégringolade de la valeur de la livre libanaise par rapport au dollar chez les changeurs aux choix de politique monétaire du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.

Une critique qui intervient deux jours après une première sortie dirigée contre la Banque centrale, dont il a dénoncé le manque de coopération, au milieu d’une semaine où la monnaie nationale s’est brusquement dépréciée par rapport au dollar sur le marché secondaire. Hassane Diab a également confirmé le lancement prochain de l’audit des comptes de la BDL, conformément à l’engagement pris par les dirigeants libanais vis-à-vis des créanciers du pays en mars puis du Groupe international de soutien au Liban au début du mois. Une opération pour laquelle le ministre des Finances a proposé de mandater, non pas une, mais trois sociétés internationales, ce que le gouvernement a approuvé. Selon le compte rendu de la réunion, les trois acteurs sélectionnés sont le réseau de cabinets d’audit KPMG, basé aux Pays-Bas, le cabinet de conseil américain en stratégie Oliver Wyman, et Kroll, un autre cabinet américain spécialiste de la forensic accounting ou juricomptabilité.


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Enquêtes financières

La présence de KPMG dans cette liste, qui devrait piloter l’aspect purement comptable de l’audit, n’est pas vraiment surprenante. Le ministère des Finances avait en effet confirmé cette semaine à L’Orient-Le Jour, via son service de presse, qu’il envisageait pour l’audit de la BDL de mandater un des quatre plus grands groupes mondiaux dans ce domaine, dont le cabinet néerlandais fait justement partie, avec Deloitte Touche Tohmatsu LLC, EY (Ernst & Young) et PwC (PricewaterhouseCoopers). Selon les informations disponibles sur internet, Oliver Wyman est pour sa part un consultant spécialisé dans les dossiers liés au secteur bancaire ainsi qu’aux banques centrales, ce qui explique également qu’il ait été approché par le ministère.

Kroll reste celui des trois cabinets dont la sélection soulève le plus de questions sur les attentes du gouvernement. Mélange de comptabilité et droit, la juricomptabilité englobe en effet les enquêtes financières ou encore l’évaluation et la quantification des dommages – par exemple lors d’un conflit entre actionnaires.

S’il n’a pas évoqué l’identité des trois sociétés ni commenté le choix, le Premier ministre a laissé transparaître dans son discours l’ampleur des tensions qui opposent son cabinet à la BDL, que ce soit sur le plan purement institutionnel ou au niveau politique. « Il y a une ambiguïté suspecte dans l’action du gouverneur de la BDL, et cela a accéléré la dévaluation de la livre sur le marché noir », a-t-il notamment déclaré. Une référence directe aux récentes décisions prises par la BDL, dont certaines (les circulaires n° 148, n° 149 et n° 150) qui semblent poser les bases d’un nouveau régime de change. Des textes dont la publication a été suivie par un décrochage brutal de la valeur de la livre sur le marché secondaire, où elle avait commencé à plonger depuis l’été dernier au moment où les premiers effets de la grave crise économique et financière que traverse le pays ont commencé à se ressentir sur l’économie. À environ 3 800 livres hier sur le marché noir, voire plus selon certaines sources, la monnaie nationale est ainsi à un niveau 2,5 fois supérieur à la parité officielle de 1 507,5 livres, toujours en vigueur pour une palette de services bancaires de plus en plus réduite.

Si plusieurs experts ont ouvertement fait le lien entre la publication des circulaires et la dépréciation, d’autres voix ont invoqué une manipulation du marché orchestrée par les changeurs – agréés ou non. Il reste que l’affaire n’a pas cessé de faire du bruit jusqu’à hier. Jeudi soir, des rumeurs indiquant que l’exécutif allait mettre le gouverneur sur le banc de touche avaient été relayées. Deux sources proches du dossier ont néanmoins indiqué à L’Orient-Le Jour que cette perspective avait été envisagée puis écartée.


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« Coulisses »

« Nous ne pouvons plus accepter les politiques monétaires qui se décident en coulisses. (...) Que Riad Salamé vienne sincèrement expliquer aux Libanais ce qui se passe », a encore déclaré le Premier ministre. De façon plus énigmatique, il a également pointé du doigt « ceux qui préparent un coup d’État en volant une seconde fois l’argent des Libanais et en augmentant le prix du dollar, et qui pensent que nous les regarderons faire », une déclaration à connotation fortement politique et qui cible manifestement l’opposition.

Le Premier ministre a également communiqué certains chiffres, indiquant que les pertes de la BDL avaient totalisé « 7 milliards de dollars depuis le début de l’année » et que les dépôts bancaires avaient reculé de près de 6 milliards de dollars entre janvier et février, selon les seules données qui avaient pour le moment été transmises par les banques. Le Premier ministre a aussi évoqué un projet de loi en discussion qui prévoit de contraindre plusieurs catégories de personnes – dont des dirigeants et actionnaires de banques, et responsables publics – à rapatrier les fonds supérieurs à 50 000 dollars qu’ils auraient transférés hors du Liban à partir du 17 octobre dernier, date à laquelle le pays est devenu le théâtre de manifestations contre la classe politique. Il a enfin souligné que la mise en œuvre du plan de redressement que le gouvernement devrait finaliser la semaine prochaine était d’une « nécessité absolue » pour le pays, en situation de défaut (voir encadré).

Sur un autre plan, le gouvernement a décidé de prolonger jusqu’à la fin du mois de juin le doublement de la vitesse de la connexion internet et l’octroi de 100 gigabytes (GB) de téléchargement de plus par mois pour les clients de l’opérateur public Ogero, et ce sur demande du ministère des Télécoms. Une mesure prise dans le cadre de l’état d’urgence décrété le 15 mars pour contenir l’épidémie de Covid-19, état d’urgence qui a une nouvelle fois été prolongé hier jusqu’au 10 mai.


Pour mémoire

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commentaires (9)

Mr Diab vous pouvez pas limoger un fonctionnaire , comment vous allez vous prendre pour reformer un état en faillite sans aide étranger ne rever pas les bailleurs de fond ne donneront pas un centime sans refomes

youssef barada

21 h 01, le 27 avril 2020

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Mr Diab vous pouvez pas limoger un fonctionnaire , comment vous allez vous prendre pour reformer un état en faillite sans aide étranger ne rever pas les bailleurs de fond ne donneront pas un centime sans refomes

    youssef barada

    21 h 01, le 27 avril 2020

  • Bonne idée Mr Diab, tant que vous y êtes et puisque vous dites que vous êtes indépendant pourquoi ne pas auditer le ministère de l’énergie. Surtout que c’est de sa réforme que dépend le plus le programme Cèdre et les discussions avec le FMI et ça vous le savez mieux que quiconque.

    Liban Libre

    23 h 28, le 26 avril 2020

  • C’est ça Monsieur Diab il faut casser le fusil mais pas le tireur ! A qui allez vous faire passer cette énième mascarade cela ne marche plus . Riad Salamé est la seule valeur sûre encore de ce pays car comme Rafic Hariri au moins il a travaillé pour le Liban et un jour il sera obligé de parler et vous verrez ce que vous verrez car il ne faut pas être un devin pour comprendre que Hezbollah et CPL veulent surtout sauver leur peau .

    PROFIL BAS

    19 h 20, le 25 avril 2020

  • ET LES ABRUTIS CORROMPUS ET VOLEURS EN PLUS D,INCOMPETENTS QUI VA LES POURSUIVRE ENFIN POUR RECUPERER LES MONTANTS VOLES AU LIEU HASSAN DIAB DE PARLER DE HAIRCUT DES 2PCT DES DEPOSANTS. PUNIR 2PCT DES DEPOSANTS POUR LES VOLS DES CORROMPUS EST UN ACTE CRIMINEL...

    LA LIBRE EXPRESSION-LA PATRIE EN DANGER

    17 h 44, le 25 avril 2020

  • LE PLUS BEAU RESULTAT DE CET ACCES DE FUREUR CONTRE SALAME EST QU'IL DEVOILE ENFIN LES NOMS ET LES MONTANTS QUE TOUS LES POLITICIENS , HOMME SD'AFFAIRES VEREUX, ET FONCTIONNAIRES HAUT PLACE ONT AU LIBAN OU A L'EXTERIEUR ET DONNE ENFIN DE VRAI CHIFFRE DE LA CORRUPTION LE PROBLEME EST QUE SON NOM APPARAITRA PROBABLEMENT AUSSI DANS CETTE LISTE MAIS LE LIBAN ENTIER LUI PARDONNERA SI ENFIN EST DEVOILE L'AMPLEUR DE LA CORRUPTION ET ENFIN DES VRAIS NOMS ET DE VRAIS CHIFFRES CAR TOUS CAD TOUS VEUT AUSSI DIRE "PERSONNE" MR SALAME AYEZ LE COURAGE DE DEVOILA TOUT CELA CAR VOUS ETES PROBABLEMENT UN DES RARES A CONNAITRE VRAIMENT LA TOTALITE DES NOMS CE QUI VOUS DONNAIT UN PARAPLUI CONTRE TOUTE ATTAQUE CONTRE VOUS LA VERITE UN JUGE DEVRAIT ORDONNER A SALAME DE DONNER TOUS CES NOMS ET MONTANT CONTRE UN ALLEGEMENT DE SA PEINE ( eventuelle) POUR COOPERATION AVEC LA JUSTICE

    LA VERITE

    16 h 19, le 25 avril 2020

  • Cette décision nous renvoie à d’autres déjà vécues telles que la nomination de ministres technocrates ou celle des audits cher payés pour étudier le remboursement des dettes. Résultat, on se retrouve avec polichinelles aux ordres et des marionnettes ficelées pour accomplir leurs tâches de camouflage et mieux s’en sortir. Ils commencent toujours par choisir des noms honorables pour nous imposer en fin de compte des vendus à leur service et le tour est joué. N’applaudissons pas trop tôt car derrière chaque décision de ces individus se cache une entourloupe bien calculée pour mieux nous berner.

    Sissi zayyat

    13 h 54, le 25 avril 2020

  • J'applaudis des deux mains en espérant du fond du coeur que ce projet ne devienne pas un comité Gustave.

    Annie

    12 h 19, le 25 avril 2020

  • Des gens heureux ce soir ??? !!! Une déclaration explosive de la part de S E Monsieur le Premier Ministre libanais a l encontre du Gouverneur de la Banque Centrale du Liban qui lui fait porter le chapeau des maux de toute une Nation et fait suite aux allégations de nombreuses et nombreux speakers malveillants de mauvaise augure qui par leurs voices messages tels les Khalil , Salame et autres énergumènes , nous ont inondé et tenté presque au quotidien sans fatigue et relâche de démolir le système bancaire , la politique de la Banque Du Liban et ses dirigeants par leurs attaques répétées sur les réseaux sociaux .... Suivis bien entendu de tout un parterre de soi-disant observateurs politico economique payés par certains de nos politiques , recherchant le Bouc Émissaire pour dévier les attentions et les laver de tout soupçon à l exemple de la fameuse fable historique « Les animaux malades de la peste « de Jean Delafontaine Ce soir il semblerait que les zizanies semées tout au longs de ces dernières années par ces derniers , ont porté leurs fruits ... Attendons nous à la prochaine fable peut être entamée ce soir de « La cigale et la Fourmi « proche de l hiver prochain .... Mesdames et Messieurs « Vous avez chanté ... Eh bien DANSEZ maintenant « Jean Delafontaine Dès lors Nous danserons hélas egorger par la douleur tel un coq une une poule auxquels l on vient de couper la tête par le cou ...

    Menassa Antoine

    10 h 04, le 25 avril 2020

  • The governor of the Lebanese Central Bank has been operating without any oversight and his reckless policies along with the corrupt political class, and many Lebanese banks have bankrupted the country. It is time to bring these actions to light, perform a full and transparent audit and replace Mr. Salame. He has failed the country and should be fired. Politicians who have been providing cover for Mr. Salame's actions over many years are scared as they have been robbing the country and hoarding billions of dollars in off-shore bank accounts.

    Mireille Kang

    03 h 36, le 25 avril 2020

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