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Environnement - Déchets ménagers

Retards de paiement et collecte au ralenti au Mont-Liban

Les deux sociétés de ramassage et de balayage dénoncent des mois d’impayés. Et si le travail n’a pas vraiment cessé, les ordures s’amoncellent déjà dans certaines zones.

Le ramassage suit un rythme moins soutenu que par le passé, étant donné les difficultés économiques rencontrées par les sociétés en raison des impayés, selon elles. Photo d’archives Michel Sayegh

Dans certains secteurs du Mont-Liban, notamment ceux qui sont très densément peuplés, les poubelles débordent déjà. La situation ne confine pas encore à une réelle crise des déchets, ou du moins de collecte, mais l’indicateur est suffisamment inquiétant. Surtout à un moment où la capacité de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé, qui dessert une partie de Beyrouth et du Mont-Liban, arrive à saturation, fait qui devait être discuté hier en commission ministérielle mais qui a été ajourné, probablement en raison de l’actualité très chargée.

Ce ralentissement du rythme de la collecte est dû à des retards de paiement aux deux sociétés privées ayant signé un contrat avec le gouvernement via le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) pour desservir ces régions : Ramco pour le Metn et le Kesrouan, et City Blu pour Baabda, Aley et le Chouf. Le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a bien signé un décret pour le paiement d’une partie de ces factures aux deux sociétés mercredi dernier, mais cela ne résout pas encore les difficultés dans lesquelles elles se trouvent, selon elles.

« L’État nous doit déjà quasiment dix millions de dollars, explique Walid Bou Saad, directeur de Ramco, à L’OLJ. Nous subissons dix mois de retards de paiement et avons déjà réduit notre équipe de 60 %. » Ramco, tout comme City Blu, n’a pas interrompu ses services, mais réduit les va-et-vient de ses camions : en d’autres termes, dans certains quartiers où les camions se rendaient plus d’une fois par jour pour vider toutes les poubelles, ils ne le font plus qu’une fois, d’où les débordements constatés actuellement. « Le décret signé récemment par le ministre représente pour nous 1,7 million de dollars, ce qui, si cette somme nous parvient avec la rapidité nécessaire, nous permettra de tenir un mois de plus, poursuit-il. Sans cela, nous devrions interrompre notre activité d’ici à la fin du mois. »

Milad Moawad, directeur général de City Blu, confirme à L’OLJ que son entreprise aussi tourne au ralenti, faute de pouvoir payer le fuel pour le même nombre de tournées qu’auparavant. « La dernière facture payée remonte à septembre 2019, l’État nous doit actuellement près de 13 millions de dollars », raconte-t-il, rappelant que City Blu a des contrats de ramassage et de balayage. Pour cette société, le décret signé par le ministre représentera 2,2 millions de dollars.

« De plus, poursuit-il, la procédure de paiement est extrêmement complexe : chaque facture doit faire d’objet d’un décret présidentiel. Après avoir été dressées par le CDR, les factures font le tour de plusieurs ministères par le biais de projets de décrets qui doivent finalement donner des décrets. Le document signé récemment par le ministre Wazni est un décret, mais nous aurions aimé qu’il mette en route les projets de décrets pour les autres paiements afin de nous permettre de tenir le coup. »


(Pour mémoire : Des écologistes mettent en garde le gouvernement contre « de nouvelles politiques d’urgence »)

« Coronavirus et déchets ne font pas bon ménage »

Les deux sociétés font valoir que la signature du décret ne signifie pas que l’argent leur sera versé immédiatement, la procédure étant longue. Les deux responsables interrogés pointent du doigt une autre difficulté qu’ils prévoient, celle d’être payés en livres libanaises suivant le taux officiel de 1 500 livres. « Si c’est le cas, cela signifiera que la somme de 1,7 million de dollars équivaudra à peine à 800 000 dollars, précise Walid Bou Saad. Or, une grande partie de nos ouvriers sont étrangers et doivent être payés en dollars car ils envoient leurs salaires à leurs familles. D’autant plus que nos équipements et toutes les pièces de rechange doivent être payés en dollars également. »

Selon les deux responsables, il ne s’agit pas du premier épisode de retards de paiement aux entrepreneurs par l’État. Mais celui-ci intervient à un moment on ne peut plus inopportun. « Dans le passé, de tels retards ont bien eu lieu, explique Milad Moawad. Toutefois, les banques nous épaulaient en nous ouvrant une ligne de crédit. Aujourd’hui, les banques nous demandent plutôt de régler nos dettes. Ce qui ajoute à notre déficit. »

Nous n’avons pu obtenir aucune réponse du ministère des Finances à toutes ces questions hier.

Toutefois, l’affaire est assez sérieuse pour avoir été soulevée par Ibrahim Kanaan, député CPL du Metn et président de la commission parlementaire des Finances. « Les déchets s’amoncellent aujourd’hui dans le Metn et le reste des cazas du Mont-Liban en raison des impayés dus aux entrepreneurs – à en juger par leurs propos – depuis des mois, écrit-il sur Twitter. Et ce bien que nous ayons relancé le Premier ministre et que celui-ci ait donné ses directives en vue de régler cette affaire sans tarder. Lutte contre le coronavirus et déchets ne font pas bon ménage. »


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commentaires (2)

Ben oui...nos "responsables" de ce secteur: le ramassage des déchets ménagers sont tellement pollués eux-mêmes par la corruption et le j'menfoutisme, qu'ils trouvent normale toute cette saleté autour d'eux ! Et comme "l'actualité très chargée" ne concerne visiblement pas la pollution des déchets...on ajourne les décisions en attendant la prochaine catastrophe environnementale qui, elle, sera urgente et certainement bien nauséabonde !!! Irène Saïd

Irene Said

09 h 00, le 25 avril 2020

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Commentaires (2)

  • Ben oui...nos "responsables" de ce secteur: le ramassage des déchets ménagers sont tellement pollués eux-mêmes par la corruption et le j'menfoutisme, qu'ils trouvent normale toute cette saleté autour d'eux ! Et comme "l'actualité très chargée" ne concerne visiblement pas la pollution des déchets...on ajourne les décisions en attendant la prochaine catastrophe environnementale qui, elle, sera urgente et certainement bien nauséabonde !!! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 00, le 25 avril 2020

  • Ben oui...nos "responsables" de ce secteur: le ramassage des déchets ménagers sont tellement pollués eux-mêmes par la corruption et le j'menfoutisme, qu'ils trouvent normale toute cette saleté autour d'eux ! Et comme "l'actualité très chargée" ne concerne visiblement pas la pollution des déchets...on ajourne les décisions en attendant la prochaine catastrophe environnementale qui, elle, sera urgente et certainement bien nauséabonde !!! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 53, le 25 avril 2020

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