À la suite de l’annonce de la déclaration ministérielle du nouveau gouvernement, où l’environnement tient une place minimale, l’Alliance civile pour l’environnement (CEA), un vaste regroupement d’écologistes, d’ONG et d’experts, a dénoncé hier dans une conférence de presse tenue place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, « l’approche superficielle et primaire » des dossiers environnementaux par les gouvernements successifs.
Cette conférence de presse fait suite à une lettre adressée au nouveau ministre de l’Environnement, Damien Kattar, dans laquelle l’alliance lui demande « de se conformer, avec précision, à l’application du code de l’environnement (loi 444/2002), à la protection de l’environnement avec rigueur et au respect de l’opinion des citoyens qui payent de leur santé et de leur sécurité la lourde facture des dégâts environnementaux, résultant de la négligence des responsables ».
Dans sa conférence de presse, la CEA proclame son « refus de nouvelles mesures d’urgence temporaires », rappelant les ravages des plans d’urgence passés dans des domaines tels que celui de la gestion des déchets. À l’opposé, le groupe exige des mesures plus approfondies telles que l’ouverture d’enquêtes pour la détermination des responsabilités dans les ratages précédents. Ou encore, à un niveau économique, la CEA préconise « d’éviter de contracter de nouvelles dettes et de privilégier la rationalisation » des dépenses et de l’utilisation des ressources, recommandant « de profiter de la crise économique et financière pour renforcer les principes de durabilité et d’économie circulaire ».
À ce propos, le groupe annonce « son refus total des plans des ministères précédents, appelant à les remettre en cause, en passant par la CEDRE (conférence économique internationale pour le Liban, tenue à Paris en avril 2018, dans le cadre de laquelle de grands projets d’infrastructures sont prévus, entre autres des barrages et des incinérateurs, NDLR) et par toutes les stratégies et lois élaborées jusque-là ».
Sur un plan plus détaillé, la CEA rappelle « son refus total de tous les types d’incinération (des déchets) et des technologies qui s’y apparentent », soulignant que « les incinérateurs et les différents types de carburants alternatifs (créés à partir de détritus non recyclables, NDLR) sont des causes de pollution de l’air et de production de cendres toxiques ». Le groupe préconise une vision stratégique dans les domaines tels que la lutte contre la pollution résultant des carrières et des cimenteries (notamment par l’adoption de plans directeurs et l’ouverture à l’importation de matières premières), la prise en compte des répercussions environnementales et sanitaires dans le secteur de l’énergie ou encore la gestion rationnelle de l’eau, à la place de la politique des grands barrages qui causent la destruction de milieux naturels sans régler la crise d’approvisionnement en eau potable, d’après le groupe.
Enfin, la CEA promet « d’effectuer un suivi encore plus rigoureux que par le passé des différents dossiers, tout en demandant des comptes aux responsables ».
Dans la déclaration ministérielle, le cabinet s’engage notamment à « poursuivre la politique de gestion intégrée du secteur des carrières, à adopter un plan directeur qui soit contraignant pour le Haut Conseil des carrières et pour toutes les autres administrations » et à « protéger les espaces verts au Liban par une meilleure gestion des incendies catastrophiques ». Il reprend à son compte le plan contesté de gestion des déchets.