L’information concernant la découverte d’un potentiel traitement aux infections au coronavirus fait couler beaucoup d’encre depuis quelques jours, surtout après que le président américain, Donald Trump, a annoncé que son administration allait rendre « disponible quasiment immédiatement » le médicament en question, l’hydroxychloroquine, un antipaludéen, pour le traitement des patients du Covid-19. Ce médicament, qui n’est toujours pas approuvé par la Food and Drug Administration (FDA), pour le traitement de cette infection n’a fait ses preuves que sur une étude restreinte menée par le professeur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses et directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille.
Le protocole suivi par l’infectiologue, association de l’hydroxychloroquine à l’azithromicyne, un antibiotique, doit encore être validé dans le cadre d’un essai de plus grande envergure, Discovery, mené par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en France, destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux pour lutter contre le coronavirus. Cet essai portera sur plusieurs centaines de patients en Europe, notamment en France, en Italie et en Espagne.
Quoi qu’il en soit, il en a fallu peu pour que les réseaux sociaux s’enflamment et que certains commencent à crier victoire. Au Liban, comme dans plusieurs autres pays, le médicament n’est pratiquement plus disponible dans plusieurs pharmacies, de nombreuses personnes s’étant ruées dans les officines pour s’en approvisionner, causant par la même occasion du tort aux patients qui sont sous ce médicament depuis des années et qui désormais peinent à en trouver. Au Nigeria, des cas d’empoisonnement à la chloroquine ont même été signalés.
Cette ruée a poussé le ministère de la Santé à demander dimanche aux pharmacies de ne vendre les médicaments à base de chloroquine et d’hydroxychloroquine que sur ordonnance médicale. Dans un communiqué, il a expliqué que « l’utilisation non contrôlée » de ces antipaludéens n’est pas sans « effets secondaires ». Le ministère a également appelé les distributeurs de ces médicaments à ne les livrer qu’après avoir obtenu son approbation.
« Une utilisation de ces molécules qui n’est pas médicalement justifiée va entraîner une mutation du coronavirus qui pourrait ne pas être à l’avantage de l’être humain », met en garde Jacques Mokhbat, spécialiste des maladies infectieuses et membre de la commission nationale chargée de la lutte contre le coronavirus.
« L’essai mené par le Dr Raoult n’est pas suffisant pour sauter aux conclusions, d’autant que l’échantillon inclus dans cette étude n’est pas grand, poursuit le Dr Mokhbat. Il faudrait mener des études plus importantes et dans plusieurs centres médicaux pour pouvoir juger de l’efficacité du traitement. Celui-ci ne doit être administré qu’en milieu hospitalier et doit être réservé aux personnes dont la situation est grave, d’autant qu’il est potentiellement toxique. »
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Traitement toujours en phase d’évaluation
Le Dr Mokhbat rappelle que ce sont des études chinoises, coréennes et japonaises qui avaient montré pour la première fois que la chloroquine ou son dérivé moins toxique, l’hydroxychloroquine, pourraient être efficaces pour traiter la maladie induite par le coronavirus. « Ces médicaments sont utilisés contre le paludisme, mais aussi dans certaines maladies inflammatoires rhumatismales, poursuit-il. Donc des études ont montré qu’il était possible qu’ils soient actifs contre l’état inflammatoire induit par le coronavirus. Lors de l’épidémie de SRAS en 2003-2004, des travaux ont montré l’efficacité de ce traitement au laboratoire (in vitro) contre le coronavirus SARS-CoV-1. Vu que ce nouveau coronavirus (SARS-CoV-2) appartient à la même sous-famille des coronavirus que le SRAS, il était logique d’essayer l’hydroxychloroquine. » Et le Dr Mokhbat d’ajouter : « Selon d’autres études, une association de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine semble démontrer une plus grande efficacité. Des travaux ont été menés dans ce sens en Chine, mais ils n’ont pas été codifiés. »
L’infectiologue critique la ruée sur les pharmacies pour s’acheter le médicament « que les gens vont s’autoadministrer au moindre symptôme grippal ». Il réitère ses mises en garde contre un abus « qui pourrait induire une toxicité, mais aussi une résistance du virus ». « Nous risquons d’avoir plus de décès liés au mauvais usage de la chloroquine qu’à l’épidémie, insiste-t-il. Ce médicament est toujours en phase d’évaluation et doit être exclusivement administré à l’hôpital aux personnes qui présentent des symptômes graves de la maladie, et sous surveillance médicale stricte. On risquerait, en cas de mauvaise utilisation, d’avoir des mortalités dues au traitement. »
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Quid du favilavir ? « C’est un antiviral qui est au départ dirigé contre le virus de la grippe et qui a démontré son efficacité chez l’animal, répond le Dr Mokhbat. Il est en train d’être essayé chez l’être humain. Si les résultats sont concluants, il peut être mis immédiatement sur le marché. Malheureusement, la matière première est excessivement chère, ce qui va poser un problème pour pouvoir traiter la population du monde contaminée par le coronavirus. »
Une autre molécule, le remdesivir, également un antiviral qui avait été développé contre le virus Ebola, démontre, dans des études américaines, son efficacité contre le SARS-CoV-2. «Des études comparatives entre ces trois molécules doivent ultérieurement être menées avant de décider du traitement à suivre, constate le Dr Mokhbat. J’espère que l’hydroxychloroquine et l’azithromycine montreront le plus d’efficacité, parce qu’il s’agit des molécules les moins chères. »
Et de conclure : « À l’heure actuelle, le seul moyen dont nous disposons pour ralentir la progression de l’épidémie est de respecter la mobilisation générale et de rester confiné chez soi. Il faut également respecter les règles d’hygiène, à savoir se laver les mains soigneusement pendant au moins vingt secondes, éternuer ou tousser dans un mouchoir jetable ou dans son coude et respecter la distanciation sociale. Les traitements ne doivent être administrés qu’à l’hôpital, sous avis et contrôle médicaux, et pour les cas graves uniquement. Heureusement qu’au Liban, nous avons peu de cas graves. Sur les 256 cas signalés jusqu’à hier, nous avons quatre patients dans un état critique et malheureusement quatre décès. Les autres ont peu ou pas de symptômes. Certains sont même traités à domicile. »
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Ce medicate est en effet actif sur le virus mais attention au dosage !, le dosage prophylactic pour la malaria n'affecte pas le virus il faut un dosage bien plus important, et malheureusement ce dosage est assez proche du seuil de toxicité! il faut doser savamment ce produit sous risque de grave empoisonnement pouvant entraîner la mort ou une invalidité permanente ! ce medicament en tant que traitement pour le C19 doit etre administrer uniquement en milieu hospitalier avec suivie afin de rester sur la limite, avant la toxicité!
10 h 18, le 25 mars 2020