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Politique - Crise

Pourquoi le gouvernement Diab exclut toujours l’état d’urgence

Cette option ne ferait pas l’objet d’un consensus politique aujourd’hui.

Des soldats libanais patrouillant dans le camp de réfugiés palestiniens de Sabra, dans le sud de Beyrouth, le 22 mars 2020. Anwar Amro/AFP

Alors que l’épidémie de coronavirus continue de se propager dans le pays, nombre de Libanais s’attendaient le week-end dernier à ce que le gouvernement de Hassane Diab décrète l’état d’urgence pour tenter de freiner sa progression. Le Premier ministre s’est contenté d’appeler la population à un « couvre-feu autoproclamé », invitant les Libanais à rester chez eux et à se conformer aux directives officielles dans le cadre de la mobilisation générale, décrétée le 15 mars. Sauf que le concept de mobilisation générale, qui doit en principe être concrétisé par des décrets d’application émis séparément par chaque ministère, reste jusqu’à présent vague et déroutant. Il l’est d’autant plus qu’il ne prévoit pas de décisions contraignantes et ne définit pas clairement le service d’ordre chargé d’assurer son exécution sur le terrain.

Selon des sources concordantes, le flou entourant la toute dernière décision du Premier ministre signifie que le recours à l’état d’urgence bute sur un obstacle majeur : l’absence d’un accord politique élargi entre les trois pôles du pouvoir.

C’est ce qui ressort aussi des propos tenus dimanche par le président de la Chambre, Nabih Berry. Dans un entretien accordé au site web du courant du Futur, le chef du législatif a déclaré qu’il avait contacté vendredi (soit 24 heures avant le discours de M. Diab) le chef du gouvernement pour lui demander de proclamer l’état d’urgence, « dans la mesure où la situation est grave et ne tolère pas d’atermoiements ». Dimanche, M. Berry a toutefois confié « ne pas savoir » pourquoi cette décision n’avait toujours pas été prise.

Dans certains milieux proches du Sérail, on explique que décréter l’état d’urgence requiert un consensus politique élargi, loin d’être atteint sur cette question, du moins pour le moment. Cela signifierait que le pouvoir décisionnel serait entièrement confié à l’armée, ce qui exige une entente politique, explique-t-on de source politique à L’Orient-Le Jour. Toutefois, les mesures drastiques annoncées samedi par le Premier ministre sont très proches de celles prises dans le cadre d’un état d’urgence.


(Lire aussi : Caprices interdits, l’édito de Michel TOUMA)


Le pouvoir délégué à l’armée

« Par définition, l’état d’urgence est une situation que le Conseil des ministres proclame par décret, à la majorité des deux tiers des membres du gouvernement », explique à L’Orient-Le Jour l’ancien ministre de l’Intérieur, Ziyad Baroud. Si la mobilisation générale requiert, elle aussi, une décision du Conseil des ministres prise à la majorité des deux tiers, elle diffère de l’état d’urgence, rappelle-t-il. « L’état d’urgence a une dimension sécuritaire et militaire. Dans un délai de huit jours, le Parlement devrait voter une loi approuvant ce décret », précise M. Baroud. Et de poursuivre : « Le décret législatif 52/1997 stipule que l’état d’urgence devrait être décrété quand le pays fait face à un «danger imminent» et à des événements de nature «catastrophique». »

Selon l’ex-ministre de l’Intérieur, en période d’urgence, le pouvoir décisionnel se voit entièrement délégué au commandement de l’armée, qui pourrait dès lors donner ses ordres aux autres appareils sécuritaires. « À la faveur de cette mesure, l’armée pourrait prendre des décisions allant du couvre-feu jusqu’au renvoi (des transgresseurs) devant le tribunal militaire », souligne Ziyad Baroud, qui insiste sur le fait que l’état d’urgence implique certaines restrictions sur les libertés publiques et individuelles, à commencer par la liberté de circulation.

Un analyste politique contacté par L’OLJ estime que le chef de l’État Michel Aoun et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil seraient peu enclins à proclamer l’état d’urgence car la gestion du pays se verrait alors confiée à l’armée. Un point de vue nuancé par un proche de la présidence de la République, qui indique que le chef de l’État est favorable à la mobilisation générale qui, contrairement à l’état d’urgence, n’a pas un cachet militaire et sécuritaire.

L’opposition, elle, poursuit son forcing pour que l’état d’urgence soit proclamé dans les plus brefs délais. Le courant du Futur a exhorté hier le cabinet Diab à adopter cette mesure. Critiquant l’équipe ministérielle en place, le mouvement de Saad Hariri a estimé, dans un communiqué, que « rien n’empêche le gouvernement de déclarer l’état d’urgence, d’autant que cela figure dans la Constitution quand il s’agit de faire face à une catastrophe, comme c’est le cas aujourd’hui ». « Il est clair que la mobilisation générale n’a pas porté ses fruits. Déclarer l’état d’urgence est donc une option évidente pour faire face au coronavirus, loin de tout règlement de comptes politiques », ajoute le texte.



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Alors que l’épidémie de coronavirus continue de se propager dans le pays, nombre de Libanais s’attendaient le week-end dernier à ce que le gouvernement de Hassane Diab décrète l’état d’urgence pour tenter de freiner sa progression. Le Premier ministre s’est contenté d’appeler la population à un « couvre-feu autoproclamé », invitant les Libanais à rester chez eux...

commentaires (4)

LA VERITE QUELQUE SOIENT NOS DOUTES SUR CE GOUVERNEMENT ON DOIT RECONNAITRE SINCEREMNT QU'IL TRAVAILLE BEAUCOUP ET QUE LES DECISIONS PRISES APRES UN VOTE A LA MAJORITE DES MEMBRES EXCLUENT TRES SOUVENT LA POLITIQUE ON A RAREMENT VU AUTANT DE DECISIONS DIFFICILES PRISES PAR LE GOUVERNEMENT ALORS QUE LES PARTIS SONT ENCORE EN TRAIN DE SE DISPUTER TOUS LES JOURS LA VERITE JE ME DOIS D'ADMETTRE QUE CE GOUVERNEMENT AU MOINS AGIT CORRECTEMENT ET LEUR DIRE BRAVO TROIS FOIS BRAVO A CES MINISTRES MALGRE LES ERREMENT DE TEMPS EN TEMPS ( COMME A LA SANTE AVEC LES AVIONS D'IRAN ET D'ITALIE )

LA VERITE

14 h 11, le 24 mars 2020

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Commentaires (4)

  • LA VERITE QUELQUE SOIENT NOS DOUTES SUR CE GOUVERNEMENT ON DOIT RECONNAITRE SINCEREMNT QU'IL TRAVAILLE BEAUCOUP ET QUE LES DECISIONS PRISES APRES UN VOTE A LA MAJORITE DES MEMBRES EXCLUENT TRES SOUVENT LA POLITIQUE ON A RAREMENT VU AUTANT DE DECISIONS DIFFICILES PRISES PAR LE GOUVERNEMENT ALORS QUE LES PARTIS SONT ENCORE EN TRAIN DE SE DISPUTER TOUS LES JOURS LA VERITE JE ME DOIS D'ADMETTRE QUE CE GOUVERNEMENT AU MOINS AGIT CORRECTEMENT ET LEUR DIRE BRAVO TROIS FOIS BRAVO A CES MINISTRES MALGRE LES ERREMENT DE TEMPS EN TEMPS ( COMME A LA SANTE AVEC LES AVIONS D'IRAN ET D'ITALIE )

    LA VERITE

    14 h 11, le 24 mars 2020

  • L etat d urgence est décrété en cas de danger sécuritaire (Tentative de coup d état, guerre interne ou avec un pays étranger). Il donne à l armée les pleins pouvoirs exécutifs pour affronter le danger sécuritaire (Cela s accompagne de mesures très strictes en matière de libertés publiques et judiciaires comme le contrôle ou la fermetures des chaînes de télé privées et médias, le contrôle des réseaux sociaux, la competence exclusive des tribunaux militaires...). Dans le cas présent, l armée n est pas habilitée à affronter la propagation d un virus qui peut frapper au cœur de ses troupes. L Executif civil est beaucoup plus apte à gérer une telle crise et ceci en coordination avec les forces armées comme c est le cas actuellement. Cependant, l etat d urgence sera peut-être nécessaire si,et seulement si, la crise du Corona, conjuguée avec la crise économique, amène à des émeutes ou à un début de guerre civile...On en est pas là et on espère ne pas y arriver...Mais de grâce qu on cesse de tout politiser et confessionnalliser et qu on fasse confiance aux spécialistes dans le gouvernement et en dehors qui se rejoignent sur l inutilité d une telle mesure actuellement. H.N

    Henri NAJM

    10 h 50, le 24 mars 2020

  • L'etat d'urgence n'a pas ete applique dans aucun etat a ce jour. Les dispositions du gouvernement ne different pas de ceux entreprises par les etats europeens. De grace, arretons de meler la politique a tout ca, en faisant des proces d'intention.

    Nader

    09 h 02, le 24 mars 2020

  • PARCEQUE EN TOUT ON EST A LA TRAINE EN RAPPORT DE TOUS LES AUTRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 16, le 24 mars 2020

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