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Société - polémique

Onze jours pour obtenir les résultats de tests : colère à Zghorta

L’entrée du bâtiment de l’Institut Saint-Antoine dans le caza de Zghorta. Photo DR

Les 45 employés et étudiants de l’Institut Saint-Antoine (ISA), dans le caza de Zghorta, qui avaient été en contact direct avec un enseignant contaminé et décédé, auront dû attendre onze jours le résultat de leurs tests de dépistage du coronavirus. Des résultats qu’ils ont finalement reçus vendredi dernier. Un retard qui a suscité une vive colère parmi les habitants du caza, notamment chez le personnel de l’institut et son entourage. Maroun Karam, l’enseignant de l’ISA détecté positif au Covid-19, est décédé le 11 mars, provoquant la panique parmi ses collègues et ses élèves. Selon les résultats finalement livrés vendredi, deux des 45 personnes testées se sont avérées être contaminées à la date du prélèvement. Étant donné que ces résultats datent du 9 mars, ces deux personnes contaminées ont été à nouveau contrôlées le week-end dernier pour savoir si elles étaient toujours porteuses du virus. Le résultat s’est avéré négatif pour la première alors que celui de la seconde personne n’a pas encore été annoncé. Les membres de leurs familles ont été également testés, et les résultats des tests de tous les proches de la première personne se sont avérés négatifs. Ceux de l’entourage de la seconde identifiée comme positive restent inconnus jusqu’à présent.

Selon Charbel Makary, responsable des relations publiques à l’ISA, les prélèvements ont été réalisés le 9 mars. « Nous étions censés recevoir les résultats 48 heures après, mais nous n’avons plus eu de nouvelles du ministère jusqu’au 20 mars. Pendant ce temps, certaines personnes étaient en isolement alors que d’autres ne l’étaient pas », déplore-t-il. Contacté par L’OLJ, l’employé qui était porteur du coronavirus et qui est désormais négatif confie qu’il limitait ses sorties aux courses et aux affaires urgentes en attendant les résultats des tests. « Quatre ou cinq jours après avoir été en contact avec Maroun Karam, j’ai ressenti les symptômes d’une simple grippe qui se sont aussitôt dissipés », a-t-il indiqué, estimant que « si ces symptômes correspondaient au coronavirus, j’aurais donc été bel et bien malade et ensuite guéri ». Mais il confie que le plus dur était le harcèlement dont les porteurs du coronavirus sont victimes de la part de certains médias ou des habitants du village. « Des messages audio circulaient sur WhatsApp, me traitant d’irresponsable et de négligent », raconte-t-il.


(Lire aussi : Caprices interdits, l’édito de Michel TOUMA)


Un retard ?

Selon M. Makary, une fonctionnaire du ministère de la Santé aurait transmis des résultats non officiels à une enseignante de l’ISA, la rassurant qu’aucune personne testée n’était porteuse du virus. Or, selon une source qui suit le dossier de près, cette fonctionnaire aurait simplement communiqué à l’enseignante quelques informations scientifiques sur le coronavirus pour calmer son angoisse dans l’attente des résultats. Selon cette même source, la direction de l’ISA n’aurait pas dû prendre ces propos pour des résultats officiels et convoquer des employés à une réunion deux jours avant l’annonce des résultats.

L’affaire a été rendue publique par le député de Zghorta, Michel Moawad, lors d’une intervention à la chaîne LBCI le soir même de l’annonce des résultats. Interrogé par L’OLJ, M. Moawad évoque une négligence de la part du ministère de la Santé à l’égard des habitants du caza.

Joint au téléphone par L’OLJ, Khoder Raslan, conseiller auprès du ministre de la Santé Hamad Hassan, assure pour sa part qu’il n’y a pas eu de retard et que l’analyse des tests et l’annonce des résultats a eu lieu dans un délai de moins de quatorze jours, durée de l’incubation, respectant ainsi le protocole adopté par le ministère.

« Les employés et étudiants de l’institut ont été appelés à respecter strictement les règles de l’isolement à domicile le temps de recevoir les résultats », explique M. Raslan. Selon lui, le ministère opère suivant un ordre de priorité. Ainsi, les cas de personnes hospitalisées sont considérés comme plus urgents que ceux des personnes asymptomatiques.

Réagissant à cette polémique, le président de la municipalité de Zghorta, Antonio Frangié, a plaidé pour une décentralisation de la gestion de cette crise sanitaire. Il a déclaré que dorénavant, les tests des personnes susceptibles d’être atteintes par la maladie seraient réalisés dans des hôpitaux au Liban-Nord et pris en charge par une caisse créée à cette fin par le bureau de la gestion de la crise au sein de la municipalité. De son côté, M. Moawad a annoncé que la Fondation René Moawad qu’il dirige prépare un plan d’urgence pour remédier à la crise dans le caza de Zghorta.



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commentaires (1)

Il y a longtemps que nous n'avons plus que des crétins ou de cyniques manipulateurs aux manettes de ce pays et de ses ministères.

Christine KHALIL

16 h 42, le 24 mars 2020

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Commentaires (1)

  • Il y a longtemps que nous n'avons plus que des crétins ou de cyniques manipulateurs aux manettes de ce pays et de ses ministères.

    Christine KHALIL

    16 h 42, le 24 mars 2020

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