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Lifestyle - Carnet de bord

XXV- Le Liban au temps du coronavirus

Photo C.K.

« Il paraît que ça tombe comme des mouches chez vous », me dit à sa manière un ami du Canada, alerté par les nouvelles écumées sur YouTube, Facebook et autres sources d’information. L’hystérie s’installe au Liban, et les informations terrifiantes d’une pandémie hors de contrôle fusent de partout et finissent par inquiéter nos proches à l’autre bout du monde. Certains allant même jusqu’à annuler leur voyage au pays par crainte de ce virus. Pour avoir travaillé plusieurs années dans le domaine de la recherche médicale, et lu les constats d’anciens collègues et spécialistes, l’avis général est que oui, ce coronavirus présente un certain danger. En revanche, le mal n’est pas celui qu’on pourrait croire : plutôt que d’être une menace à la survie de l’espèce humaine, le risque est plutôt de créer une hystérie généralisée en s’attaquant au bon sens des gens. Et la réaction collective surprend… Le véritable danger se situe ici, lorsque la réaction est plus violente que le mal que l’on combat. Entre autres mesures qui me semblent disproportionnées, ce congé scolaire obligatoire décrété depuis déjà deux longues semaines avec, pour résultat, des enfants qui flottent comme sur un nuage d’oisiveté, et des parents qui s’arrachent les cheveux. Entre le confinement pour cause d’infection au coronavirus et l’obligation de divertir des enfants pendant un temps indéterminé à la maison, pour minimiser le risque de contamination dans les espaces publics, le choix peut paraître difficile et l’exercice ardu ! En fouillant dans mes courriels cette semaine, j’ai retrouvé des messages d’encouragement reçus de la part d’amis et d’inconnus à la suite de la publication du tout premier article de ce carnet de bord. Quelques personnes me faisaient part de leurs intentions de nous suivre dans cette aventure et de tenter un retour. Bien malin celui ou celle qui, à l’époque, aurait pu prédire la suite des événements ! Les derniers mois furent chargés émotionnellement, bien plus que nous aurions pu l’imaginer, c’est le moins que l’on puisse dire. Je me demande aujourd’hui s’il reste encore des personnes, ou des lecteurs, pour tenir pareils propos, et être encore tentés par cette épopée du retour. Et pourtant il le faut. Pour tourner la page définitivement sur le Liban d’hier, celui du clientélisme à outrance, du confessionnalisme aveugle, de la domination du petit dictateur, et pour tuer définitivement ce Liban du XXe siècle, il nous faudra la contribution de tous et de toutes, d’ici et d’ailleurs. Et surtout des nouvelles pratiques. Pouvoir nous inspirer de ce qui se fait de mieux partout au monde, souvent de la part de Libanais eux-mêmes partis à la conquête d’une certaine gloire sous des cieux plus cléments.

Dans le magnifique roman L’amour au temps du choléra de Gabriel Garcia Marquez, un homme attend toute sa vie la femme qu’il aime passionnément mais qui a préféré épouser un homme plus fortuné que lui. Ce Liban qu’on aime tant est un peu à l’image de cette femme. Cette mère patrie qui a préféré le règne de l’ostentatoire et de l’éphémère à l’amour profond que lui ont voué tant de ses enfants. Dans le roman, l’homme a dû attendre plus de 50 ans la mort de ce mari. Et pourtant, son amour est resté intact, tout comme le nôtre pour le Liban. Espérons cependant que notre attente ne durera pas 50 ans de plus...

*Ce carnet de bord est le récit, partagé une fois par semaine, du retour de Christian Kamel, son épouse et leur fils au Liban. Alors qu’ils sont si nombreux à vouloir quitter le pays du Cèdre, un émigré fait le chemin inverse. Parce que ce pays, qu’il a quitté enfant, est aussi le sien.




Les épisodes précédents

Dead money, deuil et espoir : le jour où notre argent est mort

En attendant des jours meilleurs

Pourquoi rester (?)

Beyrouth, la ville aux ailes brisées

Mon père, ce héros (libanais)

Fumée grise, fumée blanche

Parenthèse de chaleur dans l’hiver canadien

Beyrouth – Montréal

Vu de l’extérieur

Oui, nous reviendrons

Ces émotions qui nous unissent

« Il paraît que ça tombe comme des mouches chez vous », me dit à sa manière un ami du Canada, alerté par les nouvelles écumées sur YouTube, Facebook et autres sources d’information. L’hystérie s’installe au Liban, et les informations terrifiantes d’une pandémie hors de contrôle fusent de partout et finissent par inquiéter nos proches à l’autre bout du monde....

commentaires (2)

Je suis un lecteur etranger de l'OLJ et quand je lis votre carnet, je peux confirmer au moins que je me reconnais dans « Il paraît que ça tombe comme des mouches chez vous ». Quand j'ai visite le Liban en tourisme, d'abord la reaction de la plupart des gens etait qu'il ne fallait pas le faire, c'est dangereux et «ça tombe comme des mouches la-bas». Cette reputation est parfois meme cultive par des Libanais, je pense. En tous cas, j'ai du me convaincre "allez David vas-y". Mais en pratique j'ai visite la plupart des endroits au pays et j'ai eu partout des bons experiences et il faut relativer les 'histoires d'horreur' car je suppose que il y a des points negatives au Liban, mais d'autre cote il y a aussi beaucoup de positive. C'est aussi un peu comme ca que je lis ou interprete ce carnet.

Stes David

17 h 08, le 18 mars 2020

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Commentaires (2)

  • Je suis un lecteur etranger de l'OLJ et quand je lis votre carnet, je peux confirmer au moins que je me reconnais dans « Il paraît que ça tombe comme des mouches chez vous ». Quand j'ai visite le Liban en tourisme, d'abord la reaction de la plupart des gens etait qu'il ne fallait pas le faire, c'est dangereux et «ça tombe comme des mouches la-bas». Cette reputation est parfois meme cultive par des Libanais, je pense. En tous cas, j'ai du me convaincre "allez David vas-y". Mais en pratique j'ai visite la plupart des endroits au pays et j'ai eu partout des bons experiences et il faut relativer les 'histoires d'horreur' car je suppose que il y a des points negatives au Liban, mais d'autre cote il y a aussi beaucoup de positive. C'est aussi un peu comme ca que je lis ou interprete ce carnet.

    Stes David

    17 h 08, le 18 mars 2020

  • Fabuleux: réaliste, optimiste, factuel.

    Marionet

    10 h 10, le 13 mars 2020

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