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Économie - Finances

S&P sanctionne à son tour le « défaut sélectif » libanais sur ses eurobonds

L'agence a néanmoins maintenu à « CC/C » la note des titres de dette en livres libanaises, tout en maintenant la perspective « négative » pour ceux à long terme.

Photo d'illustration Reuters.

Et de trois. Après Fitch et Moody’s cette semaine, Standard & Poor’s (S&P) a sanctionné à son tour la décision du gouvernement libanais de ne pas régler l’échéance de 1,2 milliard de dollars d’eurobonds (titres de dette en devises) arrivés à échéance lundi dernier pour ensuite restructurer sa dette publique, devenue insoutenable, dans un contexte de crise économique et financière aggravée.

L’agence de notation américaine a ainsi décidé de faire basculer de « CC/C » à « SD/SD », soit « défaut sélectif » la notation des obligations libanaises en devises, à court et long terme (respectivement inférieure ou supérieure à un an). Elle a en outre rappelé que le portefeuille d’eurobonds du pays a atteint environ 31 milliards de dollars (hors intérêts) et que deux autres émissions arrivent à échéance d’ici l’été (700 millions de dollars en avril et 600 millions en juin).



(Lire aussi : Les négociations entre État et détenteurs d’eurobonds : comment ça marche)



Négociations « compliquées » en perspective
S&P a néanmoins maintenu à « CC/C » la note des titres de dette en livres libanaises, tout en maintenant la perspective « négative » pour ceux à long terme. Elle a souligné qu’elle dégraderait cette notation secondaire à « SD » dans le cas où le gouvernement décide de restructurer sa dette en devises. Le week-end dernier, une source gouvernementale avait confié à L'Orient-Le Jour que le cabinet du Premier ministre Hassane Diab prévoyait également aussi d'annoncer un défaut sur les bons du Trésor en livres.

L’agence a enfin maintenu à « CC » l’évaluation du Liban sur le critère « Transfert and Convertibility », c’est-à-dire le risque que le pays transfère des fonds des déposants des banques du pays aux créanciers non-résidents pour régler sa dette, et/ou impose aux clients de banques du pays de convertir leur dépôts en devises en monnaie nationale.

Si le Parlement n’a toujours pas légiféré dans ce domaine, les clients des banques libanaises subissent depuis fin août dernier – période à laquelle les conséquences de la crise ont commencé à apparaître au grand jour – d’importantes restrictions sur les opérations bancaires qu’ils pouvaient habituellement réaliser, notamment sur les retraits d’espèces en dollars et les transferts à l’étranger. Le secteur bancaire réclame une légalisation de ces mesures, afin de notamment se protéger contre les actions en justice lancée par leurs clients qui contestent les refus d’exécuter certaines transactions.

Prenant acte du fait que le gouvernement libanais a fait appel à deux cabinets internationaux - Lazard pour le volet financier et Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP pour le volet légal – pour l’épauler dans ses négociations avec ses créanciers, S&P indique qu’elle envisagera de modifier la note du pays en fonction des modalités de l’accord conclu entre les parties, une fois qu’il sera effectif.



(Lire aussi : Dette : tour d’horizon du club des mauvais payeurs que le Liban vient de rejoindre)



L’agence estime néanmoins que les négociations seront « compliquées » pour trois raisons : d’abord le fait que le pays n’a pas encore demandé le soutien financier du Fonds monétaire international, ce qui laisse supposer qu’il n’en bénéficiera pas, du moins dans l’immédiat ; le fait qu’un fonds d’investissement, le britannique Ashmore, détient plus de 25 % des eurobonds arrivant à maturité en 2020, ce qui lui permettra de bloquer toute solution qui ne lui conviendrait pas ; enfin le fait que les banques libanaises détiennent elles aussi beaucoup d’eurobonds et qu’une coupe sur leurs remboursements pourra, en fonction de leur ampleur, se répercuter sur les déposants et l’économie en général.

S&P se partage l’essentiel du marché mondial avec Moody’s et Fitch. Les trois agences ont toutes dégradé à plusieurs reprises la note du Liban depuis le début de 2019.

Fitch a été la plus prompte à réagir à la décision du gouvernement libanais, annoncée pendant le week end, de faire défaut sur le paiement des eurobonds dus ce mois-ci. L’agence a en effet dégradé de « CC » à « C » la notation des eurobonds libanais à long terme dès lundi et promis d’abaisser une nouvelle fois son évaluation si le gouvernement ne changeait pas son fusil d’épaule à l’issue de la période de grâce de 7 jours prévue par les modalités en vigueur pour ce type d’obligations. Le lendemain, Moody’s jugeait dans un communiqué que le défaut libanais « aurait un impact négatif sur la situation financière des banques » qui sont fortement exposées à la dette publique, « sur l’économie » ainsi que sur « la stabilité de l’ancrage de la livre sur le dollar », sans modifier pour le moment la notation du pays, qu’elle avait dégradé en février de « Caa2 » à « Ca ».



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