Coronavirus au Liban : onze nouveaux cas, un premier décès et des fermetures en série

Onze nouveaux cas de coronavirus ont été détectés au Liban, a déclaré mardi le directeur l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, le Dr Firas Abiad, peu après l'annonce du premier décès dans le pays d'une personne souffrant de cette maladie. Ces onze nouveaux cas ont été découverts sur base de plus de 200 tests effectués dans la journée, a précisé le responsable lors d'une conférence de presse. Le dernier bilan s'élève donc à 52 cas recensés, dont trois sont dans un état critique. 

Concernant la personne décédée plus tôt dans la journée, l'hôpital Rafic Hariri a indiqué que ce patient était arrivé le 5 mars au sein de l'établissement, après avoir été transféré, dans un état critique, de l'hôpital Notre-Dame des Secours à Jbeil. Un médecin de l'hôpital gouvernemental a précisé que malgré les soins fournis, la tension du patient avait continué de baisser et sa température d'augmenter, ce qui a fini par provoquer un arrêt cardiaque. Il s'agit de Jean Khoury, un Libanais de 56 ans, originaire de la région de Jbeil, qui était revenu d'Egypte le 20 février et qui avait été pris en charge par l’hôpital Notre-Dame des Secours où il avait été admis aux soins intensifs alors qu'il souffrait d'une forte fièvre, avant d'être transféré à l'hôpital Hariri. Le ministère de la Santé avait copieusement critiqué la gestion par l'hôpital Notre-Dame des Secours de ce patient, l'accusant notamment d'avoir "accumulé les fautes". L'hôpital avait alors répondu au ministère, assurant avoir respecté les recommandations du ministère concernant l'accueil de patients suspectés d'être atteints du coronavirus, les tests à effectuer ainsi que le transport du patient.

Les médecins présents à la conférence de presse ont en outre rapporté que la femme identifiée comme étant le premier cas de la maladie détecté au Liban se trouve toujours à l'hôpital. "Elle ne souffre plus d'aucun symptôme, mais nous attendons les résultats d'un test de dépistage avant de lui permettre de quitter l'établissement", a ajouté un des médecins.

Par ailleurs, la cause de la contamination d'un patient, le seul au Liban dont la source de la maladie n'était pas connue, a pu être découverte. Selon des informations du directeur général du ministère de la Santé, Walid Ammar, cet homme, hospitalisé à l'hôpital du Moyen-Orient, à Bsalim, a été en contact avec un groupe ayant côtoyé des gens récemment rentrés de voyage dans un pays endémique.

Les laboratoires pour les tests de dépistage
Dans sa conférence de presse, le Dr Abiad a précisé qu'à l'hôpital Rafic Hariri, les malades du coronavirus sont traités dans une aile de l'établissement entièrement séparée du reste du bâtiment, qui peut accueillir 120 malades, répartis dans 64 chambres différentes. Il a annoncé qu'un certain nombre d'hôpitaux au Liban étaient désormais équipés pour traiter de nouveaux cas, sans préciser lesquels.

Plus tôt dans la journée, le ministère de la Santé avait annoncé que plusieurs laboratoires universitaires allaient désormais prendre en charge les tests de dépistage du virus, pour soutenir l'hôpital Rafic Hariri. Ce dernier arrive en effet aux limites de ses capacités face au nombre croissant de personnes se faisant tester quotidiennement. Ces laboratoires où les personnes suspectées d'être atteintes du coronavirus peuvent désormais se faire tester, qui sont tous situés dans la capitale, sont : le laboratoire de l'hôpital de l'Université américaine de Beyrouth, celui de l'hôpital Saint-Georges, le laboratoire de l'hôpital Rizk (dépendant de l'Université libano-américaine LAU) et le laboratoire Rodolphe-Mérieux, à l'hôpital Hôtel-Dieu de France. Le tarif de ces tests ne peut pas dépasser les 150 000 livres libanaises, selon le ministère de la Santé.

(Lire aussi : L’Hôtel-Dieu de France prendra en charge les patients atteints de Covid-19)

Fermetures en série
Pour enrayer la propagation du virus, les autorités publiques ont progressivement renforcé ces derniers jours les mesures de protection, ordonnant la fermeture des crèches, écoles, universités, pubs, boîtes de nuit et centres sportifs du pays jusqu'au 15 mars. Le Casino du Liban va également fermer ses portes, a annoncé son directeur, Roland Khoury, à la chaîne de télévision locale LBC. Il a affirmé avoir pris cette décision après avoir été contacté par le chef de l’État, Michel Aoun.

Mardi, la municipalité de Beyrouth a de son côté annoncé la fermeture provisoire des jardins publics de la capitale, dont le Bois des Pins et le jardin public René Moawad.  Les cinémas libanais ont décidé à leur tour de fermer leurs portes, conformément aux recommandations du gouvernement. Et le ministre de la Culture et de l’Agriculture, Abbas Mortada, a annoncé sur son compte Twitter la fermeture "jusqu'à nouvel ordre" du Musée national et des sites archéologiques relevant de son ministère. De son côté, le président du Conseil supérieur chiite a annoncé la suspension temporaire de la prière du vendredi dans toutes les mosquées du pays.

Pour sa part, la Ligue des fonctionnaires a annoncé un arrêt de travail de trois jours dans toutes les administrations publiques, réclamant des autorités qu'elles assurent la désinfection de tous les locaux. Le syndicat des employés de la Caisse nationale de sécurité sociale a également annoncé un arrêt de travail jusque vendredi.

Dans la matinée, des opérations de stérilisation étaient effectuées dans les locaux du Parlement libanais, qui a annoncé hier qu'il fermait ses portes pendant une semaine.

^{Photo AFP / ANWAR AMRO}

Les autorités ont aussi interdit d'entrée sur le territoire les voyageurs venant de Chine, d'Italie, d'Iran et de la Corée du Sud. Cette mesure exclut cependant les ressortissants libanais et des étrangers résidant au Liban. Parallèlement, le Liban et quatre pays du Golfe ont annoncé des mesures de suspension temporaire des liaisons aériennes entre eux pour éviter une propagation du nouveau coronavirus. Mardi, la Jordanie a elle aussi annoncé la suspension de ses liaisons aériennes avec le Liban et la Syrie.

Le gouvernement a consacré mardi une "grande partie" du Conseil ministres à cette crise sanitaire. "Des mesures renforcées sont prises" dans ce cadre, a annoncé la ministre de l'Information Manal Abdel Samad. Répondant aux questions des journalistes, elle a indiqué que la question de la suspension des vols en provenance des régions endémiques était étudiée par la commission en charge du suivi de la lutte contre le virus. Une source ministérielle a pour sa part annoncé que le gouvernement avait approuvé un renforcement des mesures de prévention aux frontières du Liban. Cette source, citée par notre correspondante Hoda Chedid, ajoute que 3 millions de dollars, provenant d'un prêt octroyé par la Banque mondiale, seraient consacrés à l'achat de matériel médical. La source rapporte aussi que le ministre de la Santé "est inquiet de l'augmentation du nombre de cas" et envisage de coopérer avec les hôpitaux privés, afin qu'ils puissent eux aussi accueillir des patients touchés par le coronavirus.

"Par la sensibilisation, nous luttons contre le corona"
Par ailleurs, Bank of Beirut a démenti mardi les informations selon lesquelles une centaine d'employés ont été renvoyés chez eux en raison d'une suspicion d'infection au coronavirus. Dans un communiqué, la banque a indiqué que seulement sept employés avaient été renvoyés à leur domicile "dans une démarche préventive" car ils se sont retrouvés à proximité de l'une des personnes infectées par le virus lors d'un événement public. Assurant qu'aucun de ses salariés n'est infecté, la banque ajoute que depuis l'apparition des premiers cas de coronavirus au Liban, le 20 février, 20 de ses employés ont été placés à l'isolement chez eux.

D'autres rumeurs sur les réseaux sociaux faisaient état de la mise à l'isolement de 12 camionneurs iraniens ayant pénétré sur le territoire libanais à bord d'un bateau venant de Turquie qui a accosté le port de Tripoli. Plusieurs sources ont assuré à la chaîne locale LBCI que ces camionneurs et leurs véhicules ont été autorisés dans la journée à quitter le Liban, soulignant que le port prenait les précautions nécessaires conformément aux recommandations du ministère de la Santé.

Dans ce contexte, le ministère de la Santé a décidé de lancer le hashtag en arabe "Par la sensibilisation, nous luttons contre le corona" dans le cadre d'une campagne sur les réseaux sociaux pour "informer les citoyens sur les recommandations à suivre" et "corriger les fausses informations qui circulent à ce sujet", indique un communiqué publié par le ministère dans la journée.

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