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Société - Témoignages

Mobilisation propalestinienne à la Sorbonne : des étudiantes racontent à « L’OLJ » leur arrestation

« Nous, on cherche le dialogue, mais en face, il est rompu », souligne Carmen, une étudiante franco-libanaise placée en garde à vue après la mobilisation du 7 mai à la Sorbonne.

Mobilisation propalestinienne à la Sorbonne : des étudiantes racontent à « L’OLJ » leur arrestation

Des personnes brandissant des drapeaux palestiniens lors d’une action d'étudiants de plusieurs universités en soutien au peuple palestinien, à Paris, le 2 mai 2024. Stéphane de Sakutin/AFP

Dans la soirée du mardi 7 mai, près de 24 heures après la mise en garde du Premier ministre français Gabriel Attal contre tout blocage dans les universités françaises, en référence aux dernières semaines de mobilisations étudiantes en soutien à la Palestine dans la guerre à Gaza menée par Israël et le Hamas depuis le 7 octobre, une centaine d’étudiants de la Sorbonne à Paris se sont rassemblés dans un amphithéâtre de l’université.

Carmen*, franco-libanaise, et Leila*, franco-marocaine, étudiantes en deuxième année de master en sciences politiques, ont participé à ce rassemblement, avant d’être évacuées puis arrêtées par les forces de l’ordre. « Ils se sont jetés sur nous sans aucune sommation », lâche tout de-go Carmen, dont une partie de la famille réside encore au Liban. La jeune femme se dit profondément impliquée dans ce conflit et martèle que ce n’est pas seulement la Palestine qui est concernée, mais également son pays d’origine « bombardé quotidiennement ».

Contactées par L’OLJ, les deux jeunes femmes racontent leur arrestation par des agents de la CRS (Compagnie républicaine de sécurité).

Une garde à vue de 15h

Les agents de la CRS ont d’abord fait irruption devant l’amphithéâtre. C’était « un face-à-face absurde. Ils nous fixaient, prenaient des photos et se moquaient de nous », raconte Carmen. Après de longues minutes, ils ont finalement forcé l’entrée principale et ont évacué les étudiants manu militari. « Ils se sont jetés sur nous sans aucune sommation », poursuit l’étudiante.

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Après fouilles et contrôles, Carmen et Leila ont été conduites au commissariat avec dix autres étudiantes. Selon leurs dires, elles ne s’attendaient pas à être placées en garde à vue, interprétant les remarques infantilisantes des policiers comme une tentative d’intimidation. Leila fustige « le mépris, l’intimidation et l’humiliation que met en place le corps policier » dès leur arrestation jusqu’à leur arrivée au commissariat. Elles ont dû remettre leurs effets personnels avant d’être interrogées par la police judiciaire et se voir suggérer de contacter un avocat une fois dans la salle d’interrogatoire. 

Placées dans une cellule décrite comme « insalubre et jonchée de détritus », les jeunes filles disent avoir manqué de couvertures, d’eau et de sanitaires. Elles y resteront jusqu’à 13 heures le lendemain, avant d’être relâchées avec une convocation devant la police pour une audience ultérieure. Libérées après 15 heures de garde à vue, Carmen et Leila sont « sous le choc », se sentant traitées « comme des criminelles », mais encore plus déterminées à poursuivre leur lutte. Leur désarroi s’est amplifié en découvrant que 86 personnes avaient été interpellées.

« La Palestine semble être un sujet d’exception »

Jugeant la répression subie « anormale et sans précédent », et craignant des réponses encore « plus rapides et automatiques » des forces de l’ordre face aux mobilisations, Carmen s’est dite surprise par le manque de couverture médiatique de l’incident. Pour les deux militantes, cette lutte nous concerne tous, et la cause « dépasse les identités arab, musulmane, palestinienne ou libanaise », car elle relève de la justice et de la dénonciation collective « d’une guerre coloniale ».

Les jeunes militantes se disent affligées par les représailles infligées aux étudiants qui manifestent contre « le soutien de leurs institutions à la guerre ». Elles dénoncent un climat de censure croissant en France concernant la situation à Gaza. « Depuis le 7 octobre, le sujet est tabou. Aucune initiative de l’université pour informer, pas de conférences, pas de tables rondes. Nous, on cherche le dialogue, mais en face, il est rompu », s’insurge Carmen.

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« La Palestine semble être un sujet d’exception où la mobilisation est sapée. Ce n’est pas normal. Il est temps d’arrêter l’autocensure » ajoute-t-elle. Selon Leila, « l’école crée un climat de peur en restreignant le débat à une seule idée : toute mobilisation pour la Palestine et contre le sionisme est assimilée à de l’antisémitisme ». Face à ce vide, elles ont créé un collectif étudiant pour organiser des événements de sensibilisation, offrant une plateforme de discussion libre.

Leila déplore que l’université française ne soit plus un « lieu indépendant d’expression libre ». « L’obstacle, c’est la police », conclut Carmen, soulignant que les événements dédiés à la Palestine ont été pacifiques et inclusifs. « Quand on porte un uniforme qui est censé représenter la République, on doit véhiculer les valeurs de la République », ajoute Leila. Néanmoins, les deux étudiantes espèrent que la répression violente de l’État ne dissuadera pas la mobilisation populaire.

*Les prénoms ont été changés.

Dans la soirée du mardi 7 mai, près de 24 heures après la mise en garde du Premier ministre français Gabriel Attal contre tout blocage dans les universités françaises, en référence aux dernières semaines de mobilisations étudiantes en soutien à la Palestine dans la guerre à Gaza menée par Israël et le Hamas depuis le 7 octobre, une centaine d’étudiants de la Sorbonne à Paris se...
commentaires (6)

Sissi zayyat vous avez entièrement raison

Dorfler lazare

00 h 28, le 16 mai 2024

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Commentaires (6)

  • Sissi zayyat vous avez entièrement raison

    Dorfler lazare

    00 h 28, le 16 mai 2024

  • Toute mobilisation pour la Palestine est assimilée à de l'antisémitisme. Tous ces rassemblements d'envergure dans chaque pays du monde, ne reprochent pas ce qu'ils sont (juifs), uniquement ce qu'ils font (voleur de terre et extermination éthnique)

    peacepeiche@gmail.com

    15 h 34, le 15 mai 2024

  • Aussitôt qu’un déluré agite un chiffon, la jeunesse se mobilise pour le suivre. Lorsqu’on les interroge individuellement ils sont incapables de nous expliquer la raison de leur révolte et de leur colère. Ils confondent tout et veulent marquer l’histoire en se trompant de tenants et d’aboutissants. On ne sauve pas la population de GAZA en encourageant ce parti islamiste, son tortionnaire de tout temps, à gagner la bataille pour mieux les achever ensuite. Est ce que ces jeunes connaissent seulement le Hamas et ces actes horribles sur les gazaouis avant le 7 octobre?

    Sissi zayyat

    12 h 26, le 15 mai 2024

  • Alors ces étudiants en Sciences politiques manifestent et se croient dans leurs droits de défendre une organisation terroriste qui est à l’origine de ce massacre. On croyait qu’ils allaient dénoncer leurs actes barbares et leur politique de la terre brûlée aux dépens des citoyens gazaouis qui eux, s’ils daignent écouter leurs doléances, puisqu’ils sont les mieux placés pour savoir ce qui est bon ou mauvais pour le peuple palestinien, veulent la paix et dénoncent les actions du Hamas qui les a sacrifié pour fanfaronner sur leurs cadavres. Non mais dans quel monde vit on?

    Sissi zayyat

    12 h 17, le 15 mai 2024

  • Le problème, em France, c’est le manichéisme. Si vous prenez la défense de la POPULATION palestinienne (et non de ses dirigeants), sous êtes automatiquement taxés d’antisémitisme. Si vous condamnez la monstrueuse attaque du Hamas du 7 octobre et dénoncez sa prise en otage de la population gazaouie, vous devenez raciste anti-arabe. D’ailleurs, Macron lui-même n’a-t-il pas déclaré un jour qu'anti-sionisme et antisémitisme, c’était la même chose!

    Yves Prevost

    07 h 13, le 15 mai 2024

  • En Amérique après les élections si Trump gagne, certains auront des soucis à se faire.

    Dorfler lazare

    01 h 06, le 15 mai 2024

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