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Dernières Infos - Nouvelle-Calédonie

Situation "très tendue" malgré l'état d'urgence, Paris envoie des renforts

Des passants traversent près d'un véhicule renversé lors des émeutes à Nouméa, le 16 mai 2024. DELPHINE MAYEUR/AFP

Un millier de policiers et gendarmes supplémentaires vont être déployés en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique sud où la situation reste « très tendue » jeudi après trois nuits de violentes émeutes, malgré le déploiement de l'armée et l'instauration de l'état d'urgence.

La grave crise qui secoue l'archipel depuis lundi a fait une cinquième victime jeudi, avec la mort d'un gendarme tué accidentellement par un collègue lors d'une mission de sécurisation.

Après deux nuits d'embrasement sur fond de révolte contre une réforme électorale, la nuit de mercredi à jeudi a été moins violente mais la situation reste « très tendue », a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal depuis Paris, annonçant de nouveaux renforts dans cet archipel colonisé par la France au XIXe siècle.

Le gouvernement va « déployer un millier d'effectifs de sécurité intérieure supplémentaires, en plus des 1.700 effectifs qui sont déjà sur place », a-t-il détaillé, déplorant la persistance « des pillages, des émeutes, des incendies, des agressions » pour lesquels le gouvernement veut les sanctions « les plus lourdes ».

En vertu de l'état d'urgence, qui est en vigueur depuis jeudi à 5H00 heure locale et autorise les autorités à restreindre certaines libertés, l'armée s'est déployée dans l'archipel avec notamment pour mission de « sécuriser » les ports et l'aéroport de Nouméa, fermé depuis lundi. Le réseau social TikTok, prisé par les émeutiers, a de son côté été interdit sur l'archipel.

Réunion avec Macron annulée

Les émeutes ont éclaté lundi soir après une mobilisation indépendantiste contre une réforme constitutionnelle du collège électoral, rejetée par les représentants du peuple autochtone kanak. Elles ont fait quatre morts, dont un gendarme de 22 ans touché mercredi à la tête par un tir. Deux hommes de 20 et 36 ans ainsi qu'une adolescente de 17 ans figurent également parmi les victimes, selon les autorités.

Un deuxième gendarme est par ailleurs décédé jeudi après avoir été atteint par d'un « tir accidentel » d'un collègue, selon les autorités. Au total, 64 gendarmes et policiers ont été blessés depuis lundi, selon un bilan jeudi et plus de 206 personnes ont été interpellées.

La « reprise du dialogue politique » sur l'île que le président Emmanuel Macron appelle de ses voeux a, elle, connu un accroc avec l'annulation d'une visio-conférence que le chef de l'Etat devait tenir avec les élus locaux jeudi. Cette réunion a été annulée notamment parce que les « différents acteurs ne souhait(ent) pas dialoguer les uns avec les autres pour le moment », a affirmé l'Elysée.

Le retour à l'ordre est un « préalable à la poursuite du dialogue », a toutefois prévenu jeudi Gabriel Attal, alors que le gouvernement a ciblé certains indépendantistes.

Dix « leaders » de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), frange la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS), ont ainsi été assignés à résidence, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui évoque une organisation « mafieuse » et « violente ». Dans un communiqué publié mercredi, les chefs du CCAT avaient argué que « les exactions commises (...) n'étaient pas nécessaires », mais étaient « l'expression des invisibles de la société qui subissent les inégalités de plein fouet ».

Pillages et incendies 

Si la nuit de mercredi à jeudi a été moins violente, l'agglomération de Nouméa a de nouveau été la proie des pillages et des incendies. C'est là que des riverains ont commencé à organiser la protection de leurs quartiers et érigé des barricades de fortune. Faute d'approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires provoquent de très longues files d'attente devant les magasins. La violence, « on est obligé de passer par là, de tout péter parce qu'on n'est pas entendu », a estimé un jeune habitant, qui refuse de donner son nom.

Les émeutiers « vivent avec le sentiment d'être exclus, la colère, l'échec et ils n'attendent qu'une occasion » pour tomber dans la violence, a estimé sur Radio France Internationale (RFI) Daniel Goa, le président du parti indépendantiste Union calédonienne (UC), les jugeant « sans conscience politique ».

Point de crispation des indépendantistes, le projet de réforme constitutionnelle élaboré par le gouvernement vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales à tous les natifs calédoniens et aux résidents depuis au moins dix ans. Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak ».

Sans faire de lien direct avec les violences, le ministre de l'Intérieur a par ailleurs accusé l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie, Bakou répliquant en dénonçant des accusations « infondées ». L'Azerbaïdjan, en froid avec Paris, avait convié à Bakou en juillet 2023 les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie et d'autres territoires français d'Outre-mer. 

Un millier de policiers et gendarmes supplémentaires vont être déployés en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique sud où la situation reste « très tendue » jeudi après trois nuits de violentes émeutes, malgré le déploiement de l'armée et l'instauration de l'état d'urgence. La grave crise qui secoue l'archipel depuis lundi a fait une cinquième...