C’est encore une fois sur les anciens partis du 14 Mars et les députés indépendants que les parrains du gouvernement Diab devront parier pour garantir la tenue des séances parlementaires consacrées au vote de confiance prévues aujourd’hui et demain. En effet, pour obtenir le quorum de 65 députés requis pour la tenue de la séance parlementaire, ce ne sont pas uniquement les protagonistes gravitant dans l’orbite du Hezbollah et représentés au sein du gouvernement qui devront faire acte de présence, mais également les députés du camp adverse. Sachant par ailleurs qu’à cette condition, et comme le stipule l’article 34 de la Constitution, la majorité simple des présents sera suffisante pour que le gouvernement obtienne la confiance.
Cela dit, à quoi s’attendre aujourd’hui ? En dépit du mouvement de contestation qui s’apprête à une véritable journée de colère pour manifester son opposition au nouveau cabinet, les parrains de la nouvelle équipe ministérielle feront naturellement acte de présence à l’hémicycle. Il s’agit bien entendu du groupe parlementaire du Liban fort parrainé par le Courant patriotique libre, du tandem Amal-Hezbollah et des Marada de Sleiman Frangié.
Sur Twitter, ce dernier avait annoncé samedi que son parti accorderait la confiance à l’équipe de Hassane Diab « au vu de ce qu’elle représente sur le plan politique, et non en raison du plan de production électrique proposé » dans la déclaration ministérielle. M. Frangié critiquait ainsi le fait que le nouveau gouvernement s’est contenté de « recycler » le plan élaboré par Nada Boustani, ancienne ministre de l’Énergie (CPL).À ces présences s’ajoute celle de cinq des six députés de la Rencontre consultative sunnite (8 Mars), qui accorderont leur confiance à l’équipe Diab dans le cadre de laquelle ils sont représentés par le ministre des Télécoms, Talal Hawat. Toutefois, le député Abdel Rahim Mrad, membre de la Rencontre, confie à L’Orient-Le Jour que son collègue Jihad Samad pourrait s’abstenir d’accorder la confiance à la nouvelle équipe.
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L’opposition
En ce qui concerne l’opposition, et pour la seconde fois en l’espace de quinze jours, le bloc parlementaire du Futur participera à la réunion, assurant ainsi le quorum, mais n’accordera naturellement pas sa confiance au cabinet auquel il s’oppose radicalement. S’exprimant à ce sujet à l’issue d’une réunion de son groupe parlementaire, le leader du Futur, Saad Hariri, a indiqué ne pas avoir décidé s’il assisterait ou pas, lui-même, à la séance ; mais il a tenu à rappeler qu’il s’est toujours opposé aux tentatives de paralyser les institutions. « Je n’adopterai pas cette politique aujourd’hui », a-t-il dit.
Par ailleurs, il a tiré à boulets rouges sur le CPL. « Donnez-moi un seul exemple de quelque chose que le CPL a accompli pour le pays et son économie », a-t-il déclaré, s’attirant une verte riposte du parti.De leur côté, les députés du PSP et du Rassemblement démocratique (9 députés) prendront part à la réunion « à condition qu’ils puissent accéder à la Chambre », confie une source proche du PSP à L’OLJ, soulignant, en revanche, que les joumblattistes n’accorderont pas la confiance au cabinet. « Le quorum ne dépend pas de nous, mais du Futur », note au passage la source joumblattiste.
Même son de cloche du côté de Meerab. En dépit de leur farouche opposition au nouveau cabinet, les Forces libanaises (15 députés) entendent participer à la séance, mais sans accorder la confiance « dans la mesure où le changement ne peut s’opérer qu’à travers les institutions », comme l’a affirmé un communiqué du parti. Mais Fadi Saad, député FL de Batroun, explique à L’OLJ que sa formation n’assurera pas le quorum requis pour la tenue de la séance. « Mais si nous constatons que le quorum est assuré, nous prendrons part à la réunion. »
À leur tour, Michel Moawad (Zghorta), Oussama Saad (Saïda) et Fouad Makhzoumi (Beyrouth) ne voteront pas la confiance, même s’ils entendent participer à la séance. Pour sa part, Chamel Roukoz, député indépendant du Kesrouan, n’est pas encore décidé au sujet de sa présence dans l’hémicycle. « Je poursuis mes contacts avec les protestataires. Mais une chose est sûre : le cabinet ne bénéficiera pas de ma confiance », déclare M. Roukoz à L’OLJ.
En attendant, plusieurs députés indépendants et groupes parlementaires ont annoncé leur volonté de boycotter la séance parlementaire. Outre les Kataëb (trois députés) et Paula Yacoubian (société civile), rangés dans le camp de l’opposition, le bloc de l’ancien Premier ministre Nagib Mikati (quatre députés) ne fera pas acte de présence à la Chambre. Il en est de même pour le Parti syrien national social et pour Neemat Frem, député du Kesrouan. Dans un communiqué publié hier, il a estimé que la déclaration ministérielle « n’est pas à la hauteur des défis de la phase actuelle ».
Quant à Nouhad Machnouk, il a expliqué qu’il ne se rendrait pas au Parlement, pour « ne pas accorder la confiance au gouvernement usurpateur, du ministre du courant électrique coupé Gebran Bassil », a-t-il écrit, ajoutant : « Il est temps que les protestataires comprennent que la réponse (à leurs revendications) est à Baabda et nulle part ailleurs. »
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commentaires (4)
TRES MAIGRE SERA L,ACHEVEMENT POUR UN GOUVERNEMENT QUI SE PRETEND SAUVEUR DU PAYS.
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 15, le 11 février 2020