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Politique - Éclairage

La politique étrangère du Liban, en partie responsable de la crise économique

La communauté internationale qui a accueilli avec tiédeur le gouvernement de Hassane Diab, compte tenu des circonstances politiques dans lesquelles il a été formé, est aujourd’hui dans l’attente de sa déclaration ministérielle pour prendre connaissance de ses orientations politiques. On a beau dire que la nouvelle équipe ministérielle est appelée à prendre un large éventail de mesures économiques et financières, pour la plupart impopulaires, afin que le pays puisse remonter la pente, il reste que ces mesures à elles seules resteront sans effet en l’absence d’un appui occidental et arabe. Or, cet appui est intrinsèquement lié aux orientations politiques du nouveau cabinet, et plus particulièrement à sa position en ce qui concerne la distanciation du Liban par rapport aux crises régionales. Le gouvernement Diab va-t-il adopter une position sans équivoque sur ce point, comme le souhaite la communauté internationale, ou tentera-t-il encore une fois de noyer le poisson ?

Dans les milieux économiques concernés, on est très attentif à ce point en raison de ses incidences directes sur le processus de règlement de la crise sans précédent qui frappe le pays. Le discours officiel impute à trente ans de dysfonctionnement et de corruption la responsabilité de la faillite du pays aujourd’hui, omettant cependant l’impact du parti pris politique libanais en faveur de l’axe syro-iranien sur l’exacerbation de la crise. Premièrement parce que la dérive vers l’axe de la « moumana’aa » (Hezbollah-Iran-Syrie) a alimenté les querelles internes entre un camp qui défendait à tout prix le Hezbollah qui avait réussi à entraîner le Liban dans le bourbier régional, et un autre qui essayait de maintenir en vie la déclaration de Baabda et la politique de distanciation à laquelle le gouvernement de Saad Hariri s’était officiellement engagé en décembre 2017. Pour rappel, c’était à la suite de l’adoption de ce texte, resté lettre morte, que Saad Hariri était revenu sur la démission qu’il avait présentée à partir de Riyad, dans les circonstances qu’on connaît. Deuxièmement, parce que cette dérive a achevé de faire le vide autour du Liban auquel la communauté internationale a fini par tourner le dos à partir du moment où Beyrouth a foulé aux pieds ses engagements internationaux.

De mêmes sources, on indique que c’est essentiellement la politique de l’État, et non pas les pratiques de certaines places financières, qui sont à l’origine de la dégradation économique et financière fulgurante. Les politiques de la Banque du Liban et du ministère des Finances sont les mêmes depuis des années, explique-t-on dans ces milieux. Elles ont réussi à préserver la stabilité du pays en dépit d’une corruption galopante qu’il n’était pas possible d’éradiquer en l’absence d’une décision politique en ce sens. Ce qui a changé en revanche, ce sont les options politiques du nouveau mandat dont l’attachement à la politique de distanciation est resté théorique, comme le montrent notamment les positions adoptées par la diplomatie libanaise, dirigée par le camp du président, dans les instances arabes. Ces positions ont fait perdre au Liban l’appui arabe et international sur lequel il comptait pourtant pour régler une crise économique dont les signes se multipliaient depuis quelques années déjà. Faut-il rappeler dans ce contexte le retrait de l’aide de 4 milliards de dollars que l’Arabie saoudite avait promis de fournir à l’armée à cause des attaques verbales répétées du Hezbollah contre Riyad ? Ou l’interdiction faite aux ressortissants arabes, notamment du Golfe, de venir au Liban ? Tout cela a accentué la crise économique et fait perdre au Liban ses touristes arabes ainsi que ses investisseurs, au moment où le pouvoir collait de plus en plus à la politique du Hezbollah, gardant un mutisme absolu face aux activités extrafrontalières de la formation chiite. Il est aujourd’hui impératif que l’État trace une politique claire qu’il suivra scrupuleusement afin que l’économie puisse se développer, souligne-t-on dans ces mêmes milieux où l’on rappelle qu’à la fin du mandat de Michel Sleiman, la croissance était de 9 % – grâce, il est vrai, à une conjoncture économique internationale dont le secteur bancaire avait pu profiter –, alors qu’elle est aujourd’hui en dessous de zéro.



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commentaires (4)

Ca veut dire quoi ça au jute ? Qu'un chantage vaut mieux qu'un autre ????????? Alors ceux qui approuvent cette façon d'agir , qu'ils subissent le chantage actuel , lequel ? je ne sais plus .

FRIK-A-FRAK

13 h 31, le 30 janvier 2020

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Commentaires (4)

  • Ca veut dire quoi ça au jute ? Qu'un chantage vaut mieux qu'un autre ????????? Alors ceux qui approuvent cette façon d'agir , qu'ils subissent le chantage actuel , lequel ? je ne sais plus .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 31, le 30 janvier 2020

  • Le Liban est a la croisee des chemins...ou demeurer une colonie iranienne sombrant dans la misere,ou se tourner vers l occident democratique et prospere.

    HABIBI FRANCAIS

    11 h 45, le 30 janvier 2020

  • LA PRESENCE ET LES AGISSEMENTS DES DEUX MILICES IRANIENNES ANTI-ARABES RESPONSABLE DE TOUTES LES CRISES DU PAYS ET SURTOUT DE LA CRISE ECONOMIQUE ET FINANCIERE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 11, le 30 janvier 2020

  • Il est évident que Si Bassil n'avait pas été Mr Gendre, personne n'aurait jamais eu l'idée abracadabrante de lui confier le ministère de AE, et encore moins de le reconduire à ce poste.

    Yves Prevost

    07 h 33, le 30 janvier 2020

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