Une semaine après la formation de son gouvernement, le Premier ministre Hassane Diab a reçu un télégramme de la part de l’émir du Koweït, Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, le félicitant de la mise sur pied du nouveau cabinet, et se félicitant « des bons rapports bilatéraux ».
Le télégramme de l’émir du Koweït constitue la toute première réaction arabe à la genèse de la nouvelle équipe ministérielle, accusée d’être « celle du Hezbollah ». Mais c’est surtout sous l’angle de son timing que l’initiative de l’émir koweïtien est à analyser. Elle intervient à l’heure où les partenaires arabes du Liban, mais aussi la communauté internationale, s’attendent à ce que l’équipe Diab respecte la politique de distanciation par rapport aux conflits des axes régionaux et procède sérieusement à la mise en place des réformes à même de redresser une économie moribonde. Une condition que la communauté internationale impose au Liban pour débloquer les aides promises depuis avril 2018, date de la tenue de la conférence de Paris.
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C’est dans ce cadre que s’inscrivent les propos musclés du coordinateur de l’ONU au Liban, Jan Kubis, à l’issue de son premier entretien avec le nouveau chef de la diplomatie, Nassif Hitti. Le diplomate onusien s’est d’abord félicité du fait que « les sujets discutés ont été abordés d’une manière » professionnelle « au vu du background de M. Hitti en matière de relations internationales, dans ce qui sonne comme une critique implicite adressée à Gebran Bassil, ancien ministre des Affaires étrangères. « J’ai attiré l’attention du ministre sur le message du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, dans sa déclaration à l’issue de la formation du gouvernement, notamment pour ce qui est de l’importance d’écouter la voix du peuple et d’œuvrer pour répondre à ses besoins pressants », a ajouté M. Kubis avant de poursuivre : « Il est également important de respecter les obligations fondamentales du Liban relatives aux résolutions respectives du Conseil de sécurité, y compris en ce qui concerne la politique de dissociation et les questions connexes. » Et le diplomate de poursuivre : « Nous avons discuté de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité et autres, ainsi que de leur mise en œuvre. » Il a par ailleurs noté que le secrétaire général des Nations unies devrait présenter au Conseil de sécurité en mars prochain un rapport concernant l’application de la résolution 1701.
Ces déclarations de Jan Kubis interviennent au lendemain de propos tout aussi musclés du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au sujet des réformes économiques. Lundi, ce dernier avait déclaré devant un groupe restreint de correspondants libanais à Paris que « le gouvernement libanais doit adopter les mesures nécessaires pour assurer la survie du pays tant la situation est grave ». « Nous avions fixé (lors de la réunion du Groupe international de soutien au Liban, le 11 décembre dernier à Paris) les demandes les plus importantes pour qu’un soutien international soit accordé au pays », avait encore dit M. Le Drian dans ce qui sonne comme un appel au cabinet Diab à adopter un panier de mesures à même de redresser le pays.
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La déclaration ministérielle
Si la communauté internationale préfère attendre la genèse de la déclaration ministérielle avant de se prononcer au sujet de l’équipe Diab et de sa composition, comme l’a souligné en substance Jean-Yves Le Drian lundi, il n’en demeure pas moins que le gouvernement est face à un défi politique : parrainé par les protagonistes gravitant dans l’orbite du 8 Mars, il semble dans l’obligation d’adopter la politique de distanciation et la 1701. Un obstacle que le cabinet devra surmonter à l’heure où l’épineuse question de la fameuse formule « armée-peuple-résistance » n’a pas encore été abordée par le comité chargé de rédiger la déclaration ministérielle.
Des sources ministérielles confient dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que « le comité, qui s’est réuni hier sous la présidence de Hassane Diab, planche toujours sur les priorités d’ordre économique ». Dans les mêmes milieux, on fait également savoir que le comité n’a pas encore évoqué la politique étrangère du pays, dans la mesure où M. Diab semble accorder la priorité à la conjoncture économique. Il tiendra à cet effet plusieurs rencontres aujourd’hui au Sérail, ajoute-t-on, estimant que la déclaration ministérielle pourrait voir le jour la semaine prochaine.
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Vivons au jour le jour dans le pays des surprises en attendant un nouveau soleil qui brillera de nouveau sur notre pays .
Antoine Sabbagha
19 h 12, le 29 janvier 2020