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Un danger et un double défi

La politique est l’art du possible… Nul dicton n’aura aussi bien illustré en ces circonstances le cas particulier du pays du Cèdre. C’est du moins ce qu’a voulu insinuer d’une manière à peine voilée le Premier ministre Hassane Diab sur le perron du palais présidentiel de Baabda peu après l’annonce officielle de la naissance de son gouvernement. En clair, il a reconnu, en faisant preuve de beaucoup de réalisme politique, qu’il avait été contraint de composer avec les formations qui l’ont désigné, plus précisément le Hezbollah, Amal et le courant aouniste. Nous sommes donc loin des critères de base qu’il avait lui-même définis au départ, à savoir la mise en place d’une équipe ministérielle dont les membres ne devraient pas être redevables aux grands acteurs de la scène locale.

Le secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires du Proche-Orient, David Schenker, n’a pas manqué de relever dans ce contexte à la chaîne arabophone al-Hurra que le nouveau gouvernement « a été formé et soutenu par le Hezbollah ». Il a toutefois apporté un bémol à sa remarque cinglante en affirmant que Washington suivra de près l’engagement du nouveau gouvernement « dans la lutte contre la corruption ». Une façon diplomatique de souligner que l’administration US accorde malgré tout un délai de grâce à l’exécutif pour se donner le temps de juger sur les actes, à l’instar d’ailleurs de la France et de l’Union européenne.

Si l’on souhaite entretenir une petite lueur d’espoir à l’ombre de la sinistrose généralisée ambiante, il faudrait reconnaître que le cabinet Diab comprend quand même plusieurs ministres valables et respectables, qui détiennent de surcroît des portefeuilles particulièrement sensibles dans la situation présente. Mais là n’est pas le problème. Le danger réside plutôt dans la ligne de conduite et les options de ceux qui pourraient avoir l’intention de tirer les ficelles dans l’ombre pour imposer leur tempo au nouveau pouvoir exécutif, notamment pour tout ce qui a trait aux questions d’ordre stratégique, plus particulièrement au plan régional.

Les défis à ce propos sont aujourd’hui gigantesques et revêtent plus que jamais un caractère profondément existentiel, dans toute l’acception du terme. Au niveau interne d’abord, bien évidemment, du fait que le Liban n’a jamais connu, dans toute son histoire contemporaine, une crise économique et financière aussi grave. Au niveau moyen-oriental, ensuite et surtout, à la lumière du bras de fer que se livrent sans merci les États-Unis et le pouvoir des mollahs à Téhéran. Et c’est là que les risques sont grands, et réels, de voir les forces occultes – le Hezbollah, en l’occurrence – tenter d’arrimer totalement le pays dans l’orbite iranienne et de l’impliquer dans des petites guerres au service de la raison d’État de la République islamique.

Pour parer à un tel danger, deux types d’action sont devenus impératifs. Le mouvement de révolte, en priorité, se doit de maintenir la pression dans la rue et de jouer le rôle de watchdog pour éviter que le pays ne retombe dans les dérapages, les abus, les magouilles et les marchés douteux dans la gestion des affaires publiques et le traitement des dossiers socioéconomiques et de développement. L’un des principaux enjeux que devrait se fixer le soulèvement du 17 octobre est de veiller à ce que les solutions que le gouvernement pourrait mettre en place ne se fassent pas au détriment de certains pans de la société, au seul bénéfice des catégories privilégiées.

Quant au volet régional, il nécessite de manière tout aussi impérative un sursaut salvateur de conscience de la part des grandes formations qui sont maintenant dans l’opposition. Les composantes de ce que l’on était convenu d’appeler la révolution du Cèdre au lendemain de l’intifada de 2005 (le 14 Mars, pour l’appeler plus directement par son nom) ont une responsabilité hautement historique à assumer devant le peuple libanais : dépasser leur égocentrisme, leurs divergences partisanes réductrices et, surtout, leurs susceptibilités personnelles pour présenter un front uni ayant pour mission de mettre en échec toute tentative de transformer le Liban en une simple petite pièce dans le jeu transnational auquel se livrent les mollahs au pouvoir en Iran.

Un haut responsable du Hezbollah a affirmé durant le week-end écoulé que la formation du cabinet Diab constitue un camouflet au président Trump. Il reviendra au Premier ministre et à ses proches collaborateurs au sein du gouvernement de prouver le contraire. Et il reviendra à la nouvelle opposition parlementaire de mettre tout son poids dans la balance pour contrer fermement et efficacement les velléités de placer dans la durée le Liban au ban de la communauté arabe et internationale. Ce sont la raison d’être, la vocation et le message même du pays du Cèdre qui sont en jeu. L’erreur à cet égard n’est plus, aujourd’hui, permise.

La politique est l’art du possible… Nul dicton n’aura aussi bien illustré en ces circonstances le cas particulier du pays du Cèdre. C’est du moins ce qu’a voulu insinuer d’une manière à peine voilée le Premier ministre Hassane Diab sur le perron du palais présidentiel de Baabda peu après l’annonce officielle de la naissance de son gouvernement. En clair, il a reconnu, en...

commentaires (6)

O ! LE RÉVOLUTIONNAIRE MICHEL TOUMA DEVIENT MODÉRÉ, LÀ OÙ IL FAUT DOUBLER SON EFFORT À ENCOURAGER LES MANIFESTANTS.

Gebran Eid

15 h 36, le 28 janvier 2020

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Commentaires (6)

  • O ! LE RÉVOLUTIONNAIRE MICHEL TOUMA DEVIENT MODÉRÉ, LÀ OÙ IL FAUT DOUBLER SON EFFORT À ENCOURAGER LES MANIFESTANTS.

    Gebran Eid

    15 h 36, le 28 janvier 2020

  • Deux urgences s'imposent : 1 - Neutraliser définitivement Gebran Bassil l'agent N°1 du Hezbollah, branche des Pasdaran au Liban puis pousser le beau-père à regagner ses pénates. 2 - Unifier toutes les composantes du 14-Mars et les Indépendants en une seule formation pour freiner l'expansionnisme impérialiste perso-iranien dans le but d'annexer le Liban.

    Un Libanais

    12 h 16, le 28 janvier 2020

  • Il s’est déjà couché au parlement quand on l’a obligé à dire qu’il soutenait un budget dont il n’a pas même étudie le contenu VOUS PENSIEZ VRAIMENT QUE BASSIL BERRY ET NASRALLAH NE TENAIENT PAS LA LAISSE? Ne perdez pas votre temps ce gouvernement est un gouvernement fabriqué par ceux qui sont au pouvoir depuis bien longtemps et ne pensent qu’à conserver leur puissance même sur des cadavres

    LA VERITE

    10 h 55, le 28 janvier 2020

  • TRES OBJECTIF. BRAVO.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 10, le 28 janvier 2020

  • Il est vraisemblable que Diab n'obéira qu'à ses propres convictions qui en beaucoup de points, ne satisfairont pas ceux qui l'on nommé. Au moindre accrochage avec ce camp, il ne manquera probablement pas de jeter le tablier, et éviter de porter une atteinte à la révolte qu'il respecte et soutient avec tact.

    Esber

    06 h 27, le 28 janvier 2020

  • Le plus grand danger qui menace le Liban , c'est le plan de paix que Trump annoncera mardi , et qui prévoit l'implantation définitive de tous les réfugiés palestiniens chez nous , et l'obligation pour nos gouvernants malgré la résistance du Hezbollah , de leur accorder la nationalité libanaise . Les conséquences de ce plan américano-sioniste seront désastreuses pour tous les libanais , sur plus d'un plan . Le malheur est que notre égocentrisme n'y prête jamais attention ! Quel gâchis !

    Chucri Abboud

    00 h 50, le 28 janvier 2020

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