L'ancien ministre libanais des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, le 12 décembre 2019 à Beyrouth. Photo d'archives REUTERS/Mohamed Azakir
L'ancien ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui est arrivé mercredi à Davos pour participer au Forum économique mondial sur fond de polémique au Liban quant à sa participation, a appelé les leaders mondiaux à empêcher que son pays ne devienne "un État failli", au moment où il passe par une crise financière et économique grave.
Dans un entretien mercredi soir à l'agence Reuters, Gebran Bassil a affirmé que le Liban "est un modèle de coexistence qui pourrait être un vrai remède au terrorisme" si seulement il restait stable. "C'est un pays que nous devons préserver afin de pouvoir jouer ce rôle et le développer, pour ne pas que le Liban se retrouve dans les rangs des États faillis. Car cela n'aiderait ni les Libanais ni les pays de la région", a dit M. Bassil.
(Lire aussi : Sur les réseaux sociaux, une campagne contre la participation de Bassil au Forum de Davos)
Généralisation
M. Bassil a en outre rejeté les accusations de corruption dont il est la cible par le mouvement de contestation, les qualifiant de "généralisation" contre l'élite du pays. "Je suis personnellement le seul responsable politique au Liban à avoir rendu publics ses comptes (en banque) et personne d'autre n'a osé le faire", a-t-il affirmé.
Gebran Bassil a indiqué dans ce contexte avoir demandé à la Suisse, aux États-Unis, ainsi qu'à d'autres pays, d'aider à dévoiler de potentielles transactions illicites effectuées par des responsables politiques et des fonctionnaires libanais. "Que la commission spéciale au sein de la Banque du Liban révèle les comptes de tous les responsables politiques et autres fonctionnaires", a même plaidé le chef du CPL.
Il y a quelques semaines, une polémique avait éclaté autour d'informations non vérifiées sur des transferts présumés de milliards de dollars vers des banques suisses en décembre par neuf hommes politiques libanais. Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, avait affirmé que seulement 2,6 milliards de dollars ont été transférés à l’étranger à partir du Liban depuis fin septembre, précisant que la BDL allait envoyer des enquêteurs auprès des banques pour établir un rapport détaillé sur ces transferts, qui sera ensuite transmis à la justice.
(Pour mémoire : Pourquoi Bassil est-il la cible n° 1 des mécontents ?)
Mise au point
Par ailleurs, le bureau de presse de l'ancien ministre des AE a affirmé jeudi que celui-ci s'est rendu à Davos à ses propres frais et non aux frais de l’État. "Le journal L'Orient-Le Jour, dans son numéro d'aujourd'hui, a affirmé que l'ancien ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a effectué son déplacement à Davos aux frais du Trésor. Le bureau de presse de M. Bassil souligne que ce dernier a reçu une invitation officielle alors qu'il était ministre des Affaires étrangères, et a décidé d'y répondre favorablement. Le chef de l’État lui a demandé de le représenter à cette occasion", affirme le bureau dans son communiqué. "Malgré cela, il a effectué cette visite à ses propres frais et n'a coûté au Trésor public aucun centime. Mais le journal en question, dans le cadre de la campagne contre M. Bassil, a évoqué des informations infondées, contribuant aux rumeurs relayées par les réseaux sociaux (...)", ajoute le bureau de presse. "Il est malheureux que les rumeurs travestissent la vérité et que certains médias relaient ces rumeurs au lieu de la transmettre au public", conclut le bureau de presse de Gebran Bassil.
Mercredi, une source gouvernementale interrogée par L'Orient-Le Jour a indiqué que M. Bassil s'est rendu à Davos à bord d'un jet privé. Cette source n'affirme toutefois pas que ce déplacement s'est fait aux frais de l’État.
"Campagne sioniste"
Une pétition en ligne depuis quelques jours, dont les auteurs affirment que "Gebran Bassil ne représente plus le peuple libanais dans les forums internationaux", a recueilli des milliers de signatures. Un communiqué partagé mardi sur la page Daleel Thawra, l’un des organes médiatiques du soulèvement populaire, déclare que "Gebran Bassil est un ministre illégitime dont le peuple réclame la démission depuis presque cent jours".
Dans ce communiqué, il est rappelé que l’an dernier, "M. Bassil avait déclaré en toute confiance, lors d’un entretien accordé à CNN à Davos, qu’il pourrait apprendre aux États-Unis et au Royaume-Uni à gérer leur pays en l’absence d’un budget". Le communiqué souligne en outre que "des dizaines de milliers de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté et de nombreuses familles doivent passer l’hiver sans chauffage, alors que M. Bassil voyagera dans un jet privé payé par le ministère des Affaires étrangères pour participer au forum et que les deniers publics sont volés et gaspillés quotidiennement".
Pour sa part, le groupe Meghterbin Mejtemiin, qui rassemble des Libanais de la diaspora, a demandé, dans une lettre adressée aux organisateurs du forum, d’annuler la participation de M. Bassil à un débat sur "Le retour des soulèvements dans les pays arabes".
Selon le programme du forum, le panel doit en effet discuter aujourd'hui de la façon dont "le nouveau réveil" des populations du monde arabe peut "se traduire par un plan d’action concret permettant d’amener des changements positifs et d’éviter les obstacles".
La campagne médiatique a poussé la journaliste de CNBC Hadley Gamble, modératrice du panel, à réagir. Mme Gamble a indiqué qu’un grand nombre de personnes étaient entré en contact avec elle, sur Twitter et Instagram, pour contester la participation du chef du Courant patriotique libre. "Nous allons demander des comptes à Gebran Bassil au sujet de ce qui se passe au Liban", a-t-elle assuré sur Twitter.
La vice-présidente du CPL May Khoreiche avait affirmé mardi que M. Bassil était visé par "une campagne sioniste". Elle avait estimé que tous ceux qui appellent, depuis le Liban, à ce que le chef du CPL ne se rende pas à Davos "contribuent de façon directe ou indirecte à cette campagne". Dans un tweet, elle avait posté la photo de Hadley Gamble en compagnie de l’ancien président israélien Shimon Peres et avait écrit que la journaliste "est un instrument de la campagne sioniste contre Gebran Bassil".
Pour mémoire
Ces petites phrases de Gebran Bassil qui ont engendré des polémiques
L'ancien ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui est arrivé mercredi à Davos pour participer au Forum économique mondial sur fond de polémique au Liban quant à sa participation, a appelé les leaders mondiaux à empêcher que son pays ne devienne "un État failli", au moment où il passe par une crise financière et économique grave.Dans...
commentaires (22)
le Liban est un 'etat failli' a cause de ses dirigeants politiques comme mr Bassil et autres qui etaient et sont toujours au pouvoir depuis des decennies.
EL KHALIL ABDALLAH
16 h 41, le 23 janvier 2020