Le soulèvement populaire enclenché jeudi contre la politique fiscale du gouvernement et la classe politique en général est toujours ponctué de violentes critiques, associées à des insultes lancées sur le terrain et les réseaux sociaux à l’encontre des dirigeants, tous courants politiques confondus. Mais force est de constater que Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre et ministre de Affaires étrangères, est la cible n° 1 des mécontents. Conspué dans les différentes régions du pays, même (ou surtout) dans les régions chrétiennes, notamment dans les fiefs de son parti, il fait également l’objet d’insultes et de traits d’humour grossiers sur de nombreuses vidéos.
Pourquoi M. Bassil se trouve-t-il propulsé en tête de la liste des responsables dont on demande la démission à coups d’injures ? Nombre de manifestants interrogés accusent le chef du CPL de « tremper dans la corruption », même s’ils n’ont aucune preuve pour étayer leurs propos. À Zouk Mosbeh, un jeune va plus loin, jugeant sous couvert d’anonymat que « Gebran Bassil représente le symbole ultime de la corruption et de l’arrivisme ». Un autre protestataire note qu’il « a déçu les gens qui avaient eu l’espoir et même la conviction que le mandat du président Aoun allait mettre fin aux malversations et à la vénalité ».
Rencontrée à Riad el-Solh, Michèle reproche à M. Bassil de « dépenser sans compter les deniers publics, comme par exemple lorsqu’il effectue des voyages dans le cadre de ses fonctions », en allusion à l’affaire de l’ouverture du salon d’honneur de l’aéroport de Heathrow, qui avait coûté à l’État 15 000 dollars. Raya, une autre manifestante, affirme que « depuis qu’il a accédé au pouvoir, rien de positif n’a été accompli ». Pour Christophe, ce qui est répréhensible est surtout le fait qu’il s’exprime « à la place du chef de l’État, alors que les Libanais attendent que leur président s’adresse à eux ».
(Lire aussi : L’aveu, l'éditorial de Issa GORAIEB)
Communautarisme
Une autre raison du ciblage intensif de M. Bassil semble être « le communautarisme », selon le terme utilisé par un autre contestataire.
Moustapha Chaar, président de la campagne Jinsiyati Karamati, lui reproche d’être « raciste ». Selon lui, « c’est lui qui contribue à entraver le droit de la femme libanaise à transmettre sa nationalité à ses enfants », alors même que le chef du CPL avait présenté en mars 2018 une proposition de loi permettant aux épouses libanaises de ressortissants étrangers de donner leur nationalité à leurs enfants. Sauf que celle-ci pose comme condition que les pères ne soient pas originaires de Syrie ou de Palestine. En outre, M. Chaar juge que le chef du CPL « sème la discorde et propage un confessionnalisme malsain et discriminatoire », rappelant qu’il est « à l’origine du gel du recrutement de gardes forestiers en majorité de confession musulmane, lesquels auraient pu concourir à réduire l’ampleur des derniers incendies ». Ces derniers mois, M. Bassil a été souvent accusé de jouer la carte du communautarisme, en tenant des propos susceptibles de diviser les Libanais, et ce, notamment, lors des incidents sanglants de Qabr Chmoun, le 30 juin dernier. Un autre contestataire, qui se dit neutre, s’indigne toutefois des insultes proférées à l’encontre de M. Bassil, faisant observer que « lorsqu’il y a plus de 40 ans, des gouvernants s’étaient mis à piller les ressources publiques, Gebran Bassil n’avait que 5 ans ». Il estime à cet égard que « les attaques ne doivent pas viser une seule personne utilisée comme un bouc émissaire, mais également des membres des gouvernements précédents ainsi que des ministres actuels ».
« À supposer, à Dieu ne plaise, que Gebran Bassil soit corrompu, pourquoi se focalise-t-on sur lui, qui a récemment accédé au pouvoir, alors que de nombreux autres dirigeants sévissent dans ce domaine depuis une quarantaine d’années ? » s’interroge Eddy Maalouf, député du courant aouniste, dans le même ordre d’idées. Le chef du CPL « se bat contre toute une mafia avec laquelle il a refusé de coopérer », martèle-t-il, en allusion à d’autres responsables politiques. M. Maalouf reconnaît en revanche que Gebran Bassil « a peut-être un caractère spécial qui semble ne pas être apprécié par tout le monde ». Un député proche du même camp affirme dans ce sillage que « le discours politique, l’image médiatique et la façon de traiter avec les gens peuvent parfois susciter une réaction négative ». « Lorsqu’on est celui qui est le plus en vue dans un régime politique, il est naturel que ces facteurs aient un effet accru », souligne-t-il.
Incompatible avec l’air du temps
Un ancien ministre non partisan, qui a également requis l’anonymat, estime « normal » que M. Bassil récolte tant d’attaques, puisqu’il est « l’homme fort du régime », note-t-il. « S’il jouait un rôle secondaire, nul ne l’aurait visé. »
Farès Souhaid, ancien député et chef du Rassemblement de Saydet el-Jabal, fait constater lui aussi que Gebran Bassil « est le symbole du mandat de Michel Aoun », mais qu’il « symbolise surtout l’arrogance politique », une attitude qui « n’est plus compatible avec l’air du temps », juge-t-il. « De nos jours, l’arrogance politique n’est plus acceptée par la génération des jeunes qui se trouvent être des citoyens instruits, connaisseurs et analystes », affirme M. Souhaid. « Vu l’accès facile à l’information, les jeunes ne tolèrent plus qu’un “zaïm” leur parle de façon hautaine, comme s’il considérait que lui seul connaît les secrets politiques. » Sur un autre plan, l’ancien député estime que « vouloir imiter le style d’anciens leaders chrétiens n’est désormais plus de mise », soulignant enfin que « tenter de donner l’image du défenseur d’une minorité ne réussit plus ».
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As an expatriate observing events in Lebanon from afar by reading newspapers without watching Lebanese TV stations, I agree with a lot of the content of this article. I would like to disclose that I used to support General Aoun and the FPM. Mr. Bassil is arrogant, entitled, stubborn, not very bright, divisive, racist, toxic. He has tried to use a divide and conquer strategy thinking that it will help him succeed at becoming the next president. He's tried to equate maintaining his power and influence, and those of President Aoun, with giving more influence and power to Christians by proxy. Sadly, other leaders e.g. Berry, Joumblatt, to name a few, have done much of the same, although, they're savvier politicians and do not use divisive rhetoric. To be fair, I'm in favor of Mr. Bassil's efforts at helping bring back Syrian refugees to Syria, although his efforts were not supported by other members of the government. Some events that stand out are: his disgruntlement at the reconciliation between FL and Marada; his refusal to grant the children of Lebanese women citizenship if they're married to Syrians or Palestinians; his divisive rhetoric which contributed to the killing of two supporters of Mr. Arslane in Mount-Lebanon; his bragging about being a racist, literally; his lack of support for freedom of expression when his supporters attacked Mashrou' Leila forcing the cancellation of their concert in Byblos; his stubborn pursuit of the failing and costly dam projects.
01 h 10, le 24 octobre 2019