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Société - Drame

Une employée de maison migrante met fin à ses jours, dans des circonstances floues

Du sixième étage d’un immeuble beyrouthin cossu situé dans le quartier Salim Salam, connu sous le nom d’Abraj Beyrouth, pend le corps inerte d’une jeune femme, une corde enroulée autour du cou, reliée au balcon vitré. L’image insoutenable circule sur les réseaux sociaux. Avec pour seule information qu’une employée de maison éthiopienne s’est suicidée hier matin dans la capitale. Qui est cette jeune femme ayant mis fin à ses jours ? Quel drame l’a poussée à se donner la mort ? A-t-elle été maltraitée par ses employeurs, abusée, enfermée, non payée ? À ces questions parmi tant d’autres, nul n’apporte la moindre réponse, ni la direction des Forces de sécurité intérieure, contactée par L’Orient-Le Jour, ni les ONG qui militent activement pour les droits des travailleuses domestiques migrantes, ni même la Défense civile qui a scié la corde et transporté le corps de la malheureuse à la morgue.

Tout ce qui nous est finalement révélé par une source proche du dossier est que « la jeune femme, de nationalité éthiopienne, aurait pris ses fonctions la veille en tant qu’employée de maison auprès d’une dame de 55 ans vivant seule ». Et que « cette travailleuse migrante s’était présentée sans papiers auprès de son employeuse, vu qu’elle se trouvait déjà au Liban. La malheureuse qui travaillait au noir n’a donc toujours pas été identifiée ». L’enquête serait en cours dans cet objectif, mais aussi pour déterminer les responsabilités.


(Lire aussi : Manifestation de travailleuses domestiques à Beyrouth contre le système de la kafala)


Le ministère du Travail dénonce

La réaction du ministère du Travail n’a pas tardé. Dans un communiqué, il a affirmé avoir ouvert une enquête sur instruction du ministre sortant, Camille Abousleiman, « pour connaître les dessous du drame et prendre les mesures nécessaires en cas de responsabilité avérée directe ou indirecte de l’employeur ». « S’il est reconnu coupable, un employeur et ses proches pourraient être placés sur une liste noire et interdits d’embaucher une travailleuse domestique », précise le communiqué.

Selon les estimations, une employée de maison migrante se suicide chaque semaine au Liban. Car aucune loi ne protège les travailleuses domestiques, dont les conditions de travail et de vie dépendent du bon vouloir de leur employeur. Nombre d’entre elles voient leurs passeports confisqués, subissent des coupes de salaires, sont enfermées, interdites de sortie ou de parler à leurs proches… jusqu’au travail forcé. Certaines décident alors de fuir des employeurs abusifs, sans pouvoir récupérer leurs pièces d’identité. Mais leur calvaire n’est pas terminé pour autant. Aux yeux des autorités libanaises, elles ont désormais le statut d’étrangères en situation irrégulière et ne pourront pratiquement jamais faire valoir leurs droits. Elles risquent la prison et la déportation, et sont souvent sujettes à différentes formes de chantage, ce qui les rend particulièrement vulnérables.

Le dossier de la main-d’œuvre migrante n’a jamais été prioritaire pour les autorités. Et si nombre de ministres du Travail ont fait part de leur intention de se pencher sur le dossier, ce travail n’a jamais abouti. Le dernier ministre en date, Camille Abousleiman, a même été à l’initiative d’un travail intensif lié à la réforme du contrat de travail des employées de maison, mené par l’Organisation du travail, avec la participation d’acteurs de la société civile et de L’Orient-Le Jour. Mais le gouvernement a démissionné avant la finalisation de ce travail. Depuis qu’a éclaté le soulèvement populaire, le 17 octobre dernier, le dossier des travailleuses domestiques est gravement délaissé. Il n’en reste pas moins que dans la rue, les contestataires réclament à cor et à cris le respect des droits de l’homme, la fin des inégalités, du racisme, des discriminations, et de ce travail forcé qui ne ressemble que trop à de l’esclavage, moderne ou pas…


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