La litanie est devenue alarmante : une employée de maison est à nouveau décédée lundi au Liban. Cette fois, c’est une chute du sixième étage d’un immeuble de Mousseïtbé à Beyrouth, qui a coûté la vie à une jeune Éthiopienne. D’après sa cousine contactée par L’Orient-Le Jour, elle se prénommait Mulu Bateri Defar et avait 18 ans. Soit quatre ans de moins que l’âge indiqué sur son passeport. « Elle était probablement mineure quand elle est entrée sur le territoire », soupire Sarah de This is Lebanon, une ONG qui œuvre depuis le Canada pour le droit des travailleuses étrangères au Liban, sollicitée par L’OLJ.
L’association a relayé lundi sur Facebook une vidéo tournée peu après le drame. Le corps de la jeune femme est étendu au sol, inanimé. Ses membres sont visiblement disloqués sous son sweat-shirt rayé. Les pleurs de quelques témoins retentissent dans la rue silencieuse. L’ONG a ensuite indiqué que la jeune femme était décédée à l’hôpital Zahra. Contacté par L’OLJ, l’établissement a refusé de s’exprimer sur le sujet.
L’enquête en cours devra lever le voile sur les circonstances de ce décès. Selon une source policière informée, la jeune Éthiopienne se serait délibérément jetée de l’appartement des parents de son garant. Elle se trouvait alors en visite à leur domicile, où travaille sa cousine. Interrogée par L’Orient-Le Jour, cette dernière a indiqué que la jeune fille était particulièrement contrariée la veille du drame. « Ma famille me manque », lui a-t-elle confié. La femme de ménage avait par ailleurs remarqué que Mulu Bateri Defar ne pouvait se déplacer que sous le contrôle de ses garants. Une telle interdiction empêche les employées migrantes de dénoncer leurs conditions de vie, comme le rappelle une étude d’Amnesty International rendue publique hier et dénonçant « l’exploitation des travailleuses domestiques au Liban ».
Cette nouvelle disparition s’ajoute à la longue liste des travailleurs étrangers morts sur leur lieu de travail. Les derniers chiffres sur ce fléau remontent à 2008, lorsque l’organisation Human Rights Watch avait établi qu’au moins une employée domestique décédait chaque semaine au pays du Cèdre. This is Lebanon a pour sa part recensé sept mort violentes d’employées de maison éthiopiennes, dont deux par pendaison, en 2019. Hier encore, l’Agence nationale d’information (ANI, officielle) rapportait qu’une Éthiopienne était décédée à Biakout, dans le Metn, au domicile de ses employeurs. La police n’a pas été en mesure de donner des précisions sur ce nouveau drame à l’heure où s’écrivent ces lignes.
(Lire aussi : Employés de maison : Amnesty International exhorte le Liban à mettre fin aux abus)
Moyens détournés et illégaux
Les enquêtes permettant d’expliquer ces décès sont rares. Le 8 avril, Zulifa Hassima Tadissou, originaire d’Éthiopie, était décédée à Tripoli en chutant de l’appartement de ses garants, situé au 8e étage. Deux semaines après sa disparition, l’enquête reste toujours ouverte. « Le médecin légiste n’a pas trouvé de traces de maltraitance sur le corps de Zulifa Hassima Tadissou », a assuré mardi une source policière.
Les ressortissants éthiopiens représentent le contingent le plus important des 250 000 travailleuses et travailleurs domestiques étrangers que compte le pays. Dans le cadre du système de la kafala (parrainage), chaque femme de ménage dépend de son seul garant, qui les héberge dans la majorité des cas. Ce statut est régulièrement décrié par les défenseurs des droits de l’homme en raison de la faible protection juridique et sociale qu’il assure aux employés.
Face à la recrudescence d’abus et aux nombreux cas de maltraitances, l’Éthiopie interdit à ses citoyens de se rendre au Liban sous ce régime. Mais les agences de recrutement font fi de cette décision et n’hésitent pas à user de moyens détournés et illégaux pour faire venir les travailleurs, y compris mineurs. Sollicité par L’Orient-Le Jour, le consul d’Éthiopie Mohammad Berihu Nuru n’a pas été en mesure d’indiquer le contexte dans lequel Mulu Bateri Defar travaillait au Liban.
Pour mémoire
Employeurs et employées de maison invités à signer un document réglementant leurs relations
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Employée de maison « à vendre » sur Facebook : la patronne interrogée au ministère du Travail
Mais combien d’employeurs sont protégés par la loi et par ses corrupteurs qui nous pompent sans arrêts ?? Jusqu’à quand ces employeurs vont continuer à se sentir invincibles au point de tenir tête à la loi et de maltraiter leurs employés de maison?? Bien sûr qu’il y a des employeurs qui traitent très bien leurs employés de maison, mais malheureusement il y a encore TROP de malotrus qui les traitent comme des esclaves et abusent d’eux sans aucune peur de la loi!!! IL FAUT QUE ÇA CESSE !! Comme tout le reste d’ailleurs ... à la Saint Glin Glin ...
07 h 53, le 28 avril 2019