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Politique - Contestation

Grèves et blocages de routes alors que la révolte entre dans son quatrième mois

Le retard dans la formation d’un gouvernement – dont la formule fuitée dans les médias ne répond pas aux aspirations de la rue – attise la colère des manifestants dans plusieurs régions.

Le Ring est resté pratiquement fermé toute la journée hier. Photo Chiri Choukeir

La révolte contre la classe dirigeante est entrée dans son quatrième mois hier, avec une nette tendance à la radicalisation, dont ont témoigné les violences désormais quotidiennes devant le siège de la Banque du Liban à Hamra en soirée. Les manifestants ont lancé des cocktails Molotov et des pierres en direction du bâtiment de la BDL, ce qui a nécessité une intervention de la brigade antiémeute des Forces de sécurité intérieure. Un journaliste de la chaîne al-Jadeed, Adam Chamseddine, a été blessé à la tête par une pierre alors qu’il effectuait un direct. Ailleurs, les rassemblements sont restés pacifiques, notamment devant le Parlement où les protestataires se sont massés malgré la pluie afin d’appeler à la formation d’un cabinet de technocrates indépendants. Abrités sous leurs parapluies, les contestataires ont scandé des slogans conspuant notamment le Premier ministre désigné, Hassane Diab, et la politique du « partage des quotes-parts » entre les différentes formations politiques, et rejeté les noms de ministrables ayant fuité ces derniers jours, estimant que le cabinet que tente de former M. Diab « sera uniquement composé des conseillers des ministres sortants ».

Plus tôt dans la journée, les élèves et les étudiants étaient descendus à nouveau dans les rues à Beyrouth où le Ring a notamment été coupé, dans dans le cadre de la « semaine de la colère » contre la crise économique et politique. Des manifestations ont eu lieu également dans différentes régions. Une grande marche a ainsi été organisée à Tyr, une ville où les protestataires défient le Hezbollah et le mouvement à Amal. Dans la Békaa, la route principale de Taalabaya a été fermée par des manifestants solidaires avec un officier de la famille Hamdane, qui avait été au centre d’une altercation avec des jeunes à l’entrée de Zahlé, selon notre correspondante Sarah Abdallah. Les deux étudiants, Georges Saïkaly et Charbel Abou Afech, ont été détenus durant près de deux heures avant d’être relâchés. En soirée, la route de Taalabaya a été rouverte.

À Tripoli, des étudiants ont organisé en fin de journée une marche de protestation dans les rues de la ville, rejoints par plusieurs dizaines de médecins, d’ingénieurs et de professeurs d’université, selon l’ANI. La procession est partie de la place el-Nour, dans le centre-ville, pour se rendre jusqu’à Mina, rythmée par des slogans contre le Premier ministre désigné et la ministre sortante de l’Intérieur Raya el-Hassan.

Pour aujourd’hui samedi, des appels à manifester ont été lancés par les groupes de révolutionnaires, notamment pour une marche à Beyrouth qui doit s’ébranler de la place Sassine à 14 heures.


(Lire aussi : Bassil-Frangié : derrière la querelle gouvernementale, des calculs présidentiels ?)

Une marche d’étudiants à Jdeidé

À Jdeidé dans le Metn, plusieurs centaines de jeunes se sont rassemblés, à l’instar des deux jours précédents, sur la place principale de la localité, dite de l’Horloge, pour une marche pacifique sur l’autoroute côtière qui les a menés jusqu’à Antélias, quelques kilomètres plus au nord, en présence de militaires et des forces de l’ordre qui tentaient de libérer au moins une voie de circulation. Les protestataires se sont arrêtés à Jal el-Dib, où ils ont été rejoints par d’autres manifestants.

À Jounieh, élèves et étudiants étaient à nouveau mobilisés, notamment devant le siège local de la compagnie de téléphonie mobile Alfa, qu’ils ont contraint à fermer, empêchant les employés d’y entrer et criant les slogans traditionnels de la révolte. Plus tôt dans la matinée, ils avaient également empêché les fonctionnaires de la compagnie publique de téléphonie filaire Ogero d’entrer dans leurs bureaux et avaient manifesté devant plusieurs bureaux de change.

À Saïda, au Liban-Sud, la contestation a annoncé qu’elle allait poursuivre sa mobilisation contre les établissements bancaires de la ville. À Hasbaya, des contestataires, réclamant que les « corrompus rendent des comptes » et le recouvrement des fonds volés, ont procédé à la fermeture de plusieurs administrations publiques, notamment la branche locale d’Électricité du Liban, celle de l’Office des eaux et Ogero. Des rassemblements ont également eu lieu devant plusieurs établissements bancaires de la localité. La journée marquant l’entrée dans le quatrième mois de révolte a également été marquée par une série de tentatives de blocage de routes au moyen de pneus enflammés dans plusieurs régions du pays, principalement dans les régions du Kesrouan et du Metn, dans la région de Tripoli, dans la Békaa et bien sûr au niveau du Ring à Beyrouth.


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