La commission spéciale d'investigation (CSI) du bureau de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme de la Banque du Liban (BDL) a demandé à toutes les banques exerçant dans le pays de réexaminer les comptes ouverts par des "personnalités politiquement exposées" afin de déceler les transferts de fonds vers l'étranger effectués à partir de ces comptes depuis le déclenchement du mouvement de contestation contre la classe dirigeante. La CSI est présidée par le gouverneur de la BDL, Riad Salamé.
Il y a quelques semaines, une polémique avait éclaté autour d'informations non vérifiées sur des transferts présumés de milliards de dollars vers des banques suisses en décembre par neuf hommes politiques libanais. S'exprimant jeudi dernier sur cette affaire, M. Salamé avait affirmé que seulement 2,6 milliards de dollars ont été transférés à l’étranger à partir du Liban depuis fin septembre, précisant que la BDL allait envoyer des enquêteurs auprès des banques pour établir un rapport détaillé sur ces transferts, qui sera ensuite transmis au procureur général, Ghassan Oueidate "lequel prendra les décisions qui s’imposent".
Ces transferts présumés seraient intervenus alors que le pays traverse une importante crise économique financière et de liquidités, dont les effets ont été amplifiés par les restrictions mises en place par les banques, notamment sur les transferts de fonds vers l’étranger.
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Fin décembre, le juge Oueidate s'était adressé à la CSI et à la commission de contrôle des banques (CCB), organe indépendant de la Banque centrale, dans le cadre de cette affaire. Et mardi, la CCB avait demandé à toutes les banques libanaises de lui fournir, dans un délai d’une semaine, des informations concernant tout transfert effectué vers des banques suisses depuis le 17 octobre, y compris les branches suisses de banques libanaises.
Au début du mois, le ministre sortant de la Justice, Albert Serhane, avait en outre transmis aux autorités suisses une demande "d’aide judiciaire" concernant ces transferts suspects. L’enquête de la BDL devrait permettre d’identifier les hommes politiques et les banques impliquées en cas de confirmation de l’affaire, mais il n’est pas clair si le rapatriement éventuel de ces fonds serait légalement possible tant que le pays n’a pas officialisé le contrôle sur les capitaux actuellement en vigueur, par le biais d’une décision de la BDL ou d’une loi.
Face à un creusement continu de la balance des paiements (flux de biens, de services et de capitaux entre le pays et le reste du monde), que la BDL a dû couvrir en puisant dans ses réserves en devises, les banques ont vu leurs quotas journaliers de devises fournis par la BDL réduits. Elles ont donc fini par limiter dès septembre les retraits de dollars à travers les distributeurs automatiques et les guichets, avant d’être contraintes d’imposer ensuite des mesures restrictives sur les retraits, les transferts à l’étranger et les opérations de change, et ce en l’absence d’un contrôle formel des capitaux. Ces mesures restrictives ont fini par être harmonisées par l’Association des banques, mais n’ont aucune valeur légale, car un contrôle des capitaux doit émaner de la BDL ou du Parlement.Lire aussi
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commentaires (6)
Très difficile de recevoir de l’argent en Suisse pour les PEPs, même pour leurs vitrines...tout est scruter à la loupe par les fameux compliances des Banque en Europe et en Suisse en particulier….le risque réputationel est plus important que les centaines de million de USD. (Les banques bloqueront les comptes illico et ont l’obligation d’informer les organes de surveillances locales au risque de perdre leurs licences bancaires, les PEPs et leurs entourages le savent très bien) De nos jours, aucune banque ne risquerait de perdre sa licence et sa réputation, meme pour des millions d’USD venu du tiers monde… EN PLUS, tout ce qui touche le Liban est sous surveillance depuis 12 mois, (Bonds, nouveaux comptes, transferts in/out etc…)
Jack Gardner
11 h 53, le 17 janvier 2020