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Politique - Violences

Les partisans d’Amal et du Hezbollah ont-ils joué un rôle dans les incidents de Hamra ?

« Les mouvements devant la BDL ainsi que les actions ciblées contre les banques sont régulièrement organisés par des groupes de gauche depuis près de deux mois », rappelle un activiste, tandis que les deux partis chiites ont nié toute implication.

Des employés dégagent les débris d’une banque après les violences de mardi soir à Hamra. Aziz Taher/Reuters

Dès lundi soir, à la veille de la journée de mobilisation populaire ouvrant la « semaine de la colère », un phénomène nouveau était mis en avant par des journalistes qui couvraient le rassemblement devant la Banque du Liban (BDL) à Hamra : la présence de groupes de jeunes de la banlieue sud, se définissant eux-mêmes comme partisans du (secrétaire général du Hezbollah) Hassan Nasrallah et du (président du Parlement et chef d’Amal) Nabih Berry. Leur discours diffère de celui des protestataires : s’ils adoptent leurs revendications économiques et sociales, ils refusent toute atteinte à leurs leaders.

Ces partisans étaient également présents dans la soirée de mardi à Hamra, quand des échauffourées ont éclaté avec la brigade antiémeute des Forces de sécurité intérieure et que des banques ont été vandalisées. Il n’en fallait pas plus pour que des théories soient échafaudées par certains sur une stratégie du tandem chiite pour focaliser l’attention sur le gouverneur de la Banque centrale et la détourner des hauts responsables politiques. À l’inverse, d’autres assurent que la flambée de violence a impliqué des protestataires qui ont l’habitude de manifester contre les banques et qui expriment une colère estimée légitime. De leur côté, les deux partis ont nié toute implication. Le Hezbollah a publié un communiqué de démenti. Et M. Berry a lui-même « dénoncé fortement » ces incidents. Dans des propos repris par ses visiteurs, il a considéré que « des actes délibérés et ciblés avaient été commis par des personnes identifiées » et a dénoncé « la destruction de la capitale ». Selon Kassem Kassir, journaliste et analyste proche du Hezbollah, « ce parti publie rarement des démentis, or il a estimé qu’il était important de rectifier le tir à propos des incidents de mardi ». « Il n’est pas impossible que ces jeunes, qui sont issus d’un environnement bien précis, soient eux-mêmes influencés par une atmosphère qui règne depuis un certain temps dans le pays, poursuit-il. Après tout, les actions ciblées contre les institutions et les attaques contre les banques se multiplient tous les jours et partout. Et ces jeunes sont en colère comme les autres. »

Affirmant que le Hezbollah n’a « aucun intérêt » à être impliqué dans de telles actions, M. Kassir en veut pour preuve des messages qui circulaient hier sur des groupes WhatsApp, demandant « à toute personne qui connaît l’un de ces jeunes de faire pression sur lui pour qu’il sorte de la rue ».



(Lire aussi : Sourire malgré tout, Impression de Fifi ABOU DIB)



« N’importe qui peut s’introduire dans la foule »
Pour le journaliste Radwan Akil, proche d’Amal, « aucune directive n’a été lancée par les deux partis chiites pour une participation de leurs partisans aux manifestations ». « Les jeunes descendent dans la rue de leur propre chef, poursuit-il. Les manifestants devant la BDL sont majoritairement de gauche, toutes confessions confondues. Et même les jeunes qui ont affiché une affiliation politique aux partis chiites peuvent être des sympathisants, pas nécessairement des partisans ayant reçu des directives. Car, dans le second cas, ils pourraient être exposés à une reddition de comptes au sein même de leurs partis. » Il ajoute : « À mon avis, si le Hezbollah et Amal avaient des reproches à faire au gouverneur de la Banque centrale, ils emploieraient une autre manière pour faire passer le message. Or ils rejettent toute attaque contre les banques car cela affecte tous les Libanais. »

Si le Hezbollah et Amal ne sont pas impliqués dans ce mouvement, c’est probablement « parce qu’ils n’ont pas intérêt à une réforme profonde du système bancaire actuellement », estime pour sa part Jad Chaaban, professeur d’économie à l’AUB et activiste politique. « Ces mouvements devant la BDL ainsi que les actions ciblées contre les banques sont régulièrement organisés par des groupes de gauche depuis près de deux mois. Des groupes qui s’insurgent contre la politique financière officielle, souligne-t-il. Mardi soir, suivant plusieurs témoins oculaires, le mouvement était pacifique, avant que des provocations des FSI ne suscitent cette réaction des jeunes. » Concernant la présence de ces jeunes sympathisants des deux partis, M. Chaaban se dit convaincu que « dans ce genre de manifestations, n’importe qui peut se joindre à la foule pour exprimer une colère justifiée contre les banques ». « Mais je pense que ces jeunes de la banlieue formaient une minorité de manifestants ce soir-là », ajoute-t-il.



(Lire aussi : Les druzes, deux pieds dans la révolution)



Tentative de détourner l’attention de la rue
Pour le général à la retraite Khalil Hélou, membre du groupe des anciens militaires et du Comité de coordination de la révolution, « les manifestants qui organisent des rassemblements devant la BDL font partie du Groupe contre les banques, de mouvance communiste ». « Mardi soir, poursuit-il, ces manifestants voulaient installer une tente devant la BDL et en ont été empêchés par les forces de l’ordre. C’est là que, selon des témoins, des jeunes de la banlieue sont arrivés pour les soutenir, et les bousculades ont commencé puis les agressions contre les banques. » Pour le général à la retraite, « il y a une tentative de détourner l’attention de la rue et de faire assumer toute la responsabilité de la crise financière aux banques et à la BDL ». « Ces dernières assument une partie de la responsabilité, c’est certain, mais elles ne sont pas responsables de l’effondrement ! poursuit-il. C’est la classe politique qui en est responsable. »

« De tels comportements n’ont rien à voir avec l’intifada et sont rejetés par beaucoup d’activistes. Je pense que les agressions contre les lieux publics et les propriétés privées sont inadmissibles quel que soit le niveau de colère, affirme-t-il. Je crains une intensification de la violence au cours des manifestations, mais je pense qu’il faut laisser aux forces de l’ordre le soin de protéger l’intifada. »



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Dès lundi soir, à la veille de la journée de mobilisation populaire ouvrant la « semaine de la colère », un phénomène nouveau était mis en avant par des journalistes qui couvraient le rassemblement devant la Banque du Liban (BDL) à Hamra : la présence de groupes de jeunes de la banlieue sud, se définissant eux-mêmes comme partisans du (secrétaire général du...

commentaires (8)

Un million de manifestants dans les rues deopuis des semaines , peu de casse ou pas de casse sauf parfois des routes fermees Voila qu'appraient des personnes dont le visage est assez camouflet qui crie leur religion et leurs dieux sur terre Berry et Nasralalh et en leur nom casse tout ce qu'ils peuvent et la reponse de ces deux partis : CE N'EST PAS NOUS , NOUS N'AVONS PAS DONNE D'ORDRE POUR CELA Donc soit vous avez perdu le controle de vos fideles moutons soit vous etes des menteurs Parfois l'excuse est pire que la faute car on pourrait revoir un 7 Mai avec les memes excuses DANS LES DEUX CAS VOUS ETES A 100% RESPONSABLES EVIDEMENT

LA VERITE

13 h 30, le 17 janvier 2020

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Commentaires (8)

  • Un million de manifestants dans les rues deopuis des semaines , peu de casse ou pas de casse sauf parfois des routes fermees Voila qu'appraient des personnes dont le visage est assez camouflet qui crie leur religion et leurs dieux sur terre Berry et Nasralalh et en leur nom casse tout ce qu'ils peuvent et la reponse de ces deux partis : CE N'EST PAS NOUS , NOUS N'AVONS PAS DONNE D'ORDRE POUR CELA Donc soit vous avez perdu le controle de vos fideles moutons soit vous etes des menteurs Parfois l'excuse est pire que la faute car on pourrait revoir un 7 Mai avec les memes excuses DANS LES DEUX CAS VOUS ETES A 100% RESPONSABLES EVIDEMENT

    LA VERITE

    13 h 30, le 17 janvier 2020

  • Qui est derrière tout ca ? Alors allons par ordre, Bassil , il a peur d'être jugé pour le saccage du Liban , après Berry l'Ali Baba moderne et le plus important Nasrallah lui il veut l'argent pour le donner aux Ayatollahs

    Eleni Caridopoulou

    13 h 07, le 16 janvier 2020

  • Je ne comprends plus rien à cette révolution. Je suggère qu'on fasse une "révolution à la carte" . Qu'on nous demande de choisir comment on la voudrait, avec ou sans blocage de route et à quels endroits ? Quand et comment détruire et quels établissements ? Quand et qui insulter ? Vous savez une révolution est multiforme insaisissable et se doit d'être permanente . Les libanais seraient ils prêts pour ça ?

    FRIK-A-FRAK

    13 h 02, le 16 janvier 2020

  • Le Hezbollah a aussi nié les assassinats qui lui sont attribués depuis vingt ans y compris par le TSL et nié être dans la corruption du port, de l’aéroport et des drogues diverses.... et Berri a nié être le Guinness de la corruption et Bassile a promis de lutter contre la corruption......

    Saleh Issal

    11 h 21, le 16 janvier 2020

  • MA FI GHAYRON !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 16 janvier 2020

  • Comme tous nos responsables, AMAL et le Hezbollah déclarent publiquement ceci et cela, tout en agissant dans l'ombre pour leurs propres intérêts, qui ne coïncident pas la plupart du temps avec ceux du Liban. Le Hezbollah clame haut et fort vouloir libérer la Palestine en "résistant"...mais est incapable de discipliner ses partisans, tout comme AMAL. Une question: qui va dédommager les dégâts des nombreux établissements bancaires provoqués par de soi-disant "révolutionnaires"...et effacer l'image de plus en plus négative qu'ils nous donnent...sans parler de tous les dégâts dans les rues ??? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 32, le 16 janvier 2020

  • Le titre de l'article n'est pas bon. Il devrait être ainsi: "Amal et Hezbollah ont-ils joué un rôle dans les incidents de Hamra ? Et la réponse est: oui bien sûr. Le sport préféré des partisans d'Amal et du Hezbollah est de tabasser les protestataires quand ils insultent Berri ou le Sayed, ce qui n'étais pas le cas ni dans le cas de Hamra ou de la caserne Hélou. Hezbollah a le motif, qui est de contrer le gouverneur de la banque centrale. On a qu'à voir les noms des personnes séquestrées pour comprendre leur montage. J'espère que cette fois-ci le général Othman va partager avec nous le résultat des enquêtes. On commence à soupçonner qu'il y aurait une connivence quelque part.

    Zovighian Michel

    08 h 38, le 16 janvier 2020

  • Noyautage et rediriger l’attention de la masse vers un autre environnement mais qui en même temps sert les intérêts de certains en s’attaquant aux banques ils s’attaquent au futurs sanctions

    Bery tus

    06 h 17, le 16 janvier 2020

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