« Diab, menteur ! » Ils étaient des centaines rassemblés hier en fin d’après-midi devant le domicile du Premier ministre désigné, dans une rue généralement tranquille de Tallet el-Khayat, pour tenter de faire entendre leur voix. Tenus à distance de l’immeuble où réside Hassane Diab par un cordon de policiers, les manifestants ont crié à tue-tête « Révolution ! » ou « Le peuple veut la chute du régime », certains tapant sur des casseroles, d’autres agitant des drapeaux. « Diab dégage, le peuple libanais n’est pas stupide, la mascarade du partage des parts ne passera pas », répétaient-ils, accusant le Premier ministre désigné de ne pas être un indépendant comme il le proclame. Sur des airs populaires, les protestataires entonnent des chansons affirmant que « Hassouné » (surnom donné à M. Diab) ne pourra pas former de gouvernement avec le « parti de l’orange », dans une référence au Courant patriotique libre.
« Pourquoi je viens manifester ? Quelle question ! Nous sommes dégoûtés, nous n’en pouvons plus ! Les dirigeants ont usé le peuple jusqu’à la corde », lance une manifestante, à l’élégante cinquantaine. « Le chemin sera long mais nous finirons par arriver aux résultats escomptés », ajoute-t-elle.
« Nous refusons que Hassane Diab devienne notre Premier ministre », affirme pour sa part Hoda, qui accuse les responsables politiques « de jouer, s’amuser et vouloir gagner du temps, alors que le pays va vers l’effondrement ». « Ils nous ont volés, pillés et nous ont menés à la ruine et ils osent encore marchander leurs quotes-parts parce que tout ce qui les intéresse, ce sont leurs postes », s’offusque-t-elle. Et d’assurer que les protestataires resteront mobilisés « jusqu’à leur dernier souffle ». « Nous allons faire trembler leurs trônes à tous, l’un après l’autre », lance-t-elle. Alors que Hassane Diab a été désigné le 19 décembre, le processus de formation du gouvernement semblait hier totalement dans l’impasse.
Pour Ali, étudiant, « nous sommes là pour dire à Diab que nous sommes tous contre lui ». « Il a prouvé qu’il n’était pas à la hauteur et ne pouvait pas former un gouvernement tel que le veut le peuple », ajoute le jeune homme. Et d’insister : « Nous voulons un cabinet qui corresponde à nos exigences et pas à celles des autorités, et il faut que ce gouvernement soit formé avant que l’État ne fasse faillite. »
La foule acclame les étudiants, venus nombreux, certains de Aley ou de Baïssour dans la Montagne. « Ni 14 ni 8 Mars, ni Iran ni Arabie saoudite ! Les dirigeants ont trompé le peuple ! » scandent les protestataires. Des « mères de la révolution » font circuler des sandwiches au fromage confectionnés par leurs soins.
« Hassane, si tu es vraiment proche du peuple comme tu le dis, descends nous parler ! » lance un jeune homme au micro. Après une vaine attente, il énonce les revendications des manifestants : « Nous vous donnons un délai de 48 heures. Si un gouvernement composé à 100 % d’indépendants n’est pas formé d’ici à jeudi 17h, Hassane Diab devra se récuser et nous entrerons dans une nouvelle phase de la révolution à partir du week-end. »
Les manifestants étaient arrivés, au rythme des tambours, depuis le centre-ville, traversant d’abord la voie du Ring, puis les rues Hamra et Verdun, en répétant « Beyrouth, soulève-toi ! ». Cette « marche du dernier avertissement », organisée au 90e jour du mouvement de révolte, s’est déroulée dans une atmosphère bon enfant, rappelant les premiers jours du soulèvement.
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JA N,AIME PAS LE QUALIFICATIF DU TITRE. L,HOMME FAIT TOUT EN SON POUVOIR POUR FORMER UNE EQUIPE DE TECHNOS INDEPENDANTS... HEZBO, AMAL ET CPL LUI METTENT LES BATONS DANS LES RUES. ET PUISQUE C,EST AINSI IL N,A QU,A JETER L,EPONGE !
14 h 33, le 15 janvier 2020