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À La Une - Liban

Après les violences de Hamra et devant la caserne Hélou, les contestataires incarcérés progressivement relâchés

Sit-in devant le ministère de l'Intérieur contre la violence exercée sur les journalistes.

Des journalistes rassemblés devant le ministère de l'Intérieur, le 16 janvier 2020. Photo Zeina Antonios

Une vingtaine de contestataires, sur la centaine arrêtés ces deux derniers jours après des échauffourées avec les forces de l'ordre à Hamra mardi et devant la caserne Hélou à Beyrouth, ont été relâchés ces dernières heures, tandis que plusieurs voix s’élèvent pour protester contre les arrestations abusives et la violence des forces de l'ordre.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), le procureur général près la cour de Cassation, Ghassan Oueidate, a demandé aux autorités judiciaires de relâcher toutes les personnes incarcérées après les émeutes à Hamra et devant la caserne Hélou, à l’exception de ceux qui ont commis des actes de violence ou ont des mandats d’arrêt à leur encontre.

Mercredi soir, la capitale avait vécu une nuit agitée après des violentes échauffourées entre protestataires et forces de l'ordre devant la caserne Hélou, devant laquelle des affrontements avaient éclaté entre manifestants et agents de la brigade antiémeute après une longue journée de mobilisation tendue.

Ainsi, une dizaine de contestataires, arrêtés la nuit dernière devant la caserne Hélou, ont été relâchés ce jeudi en fin de matinée. Dans la nuit, cinq autres avaient été relâchés. Une cinquantaine sont toujours incarcérés. Selon l'un de ces individus interrogé par la chaîne LBCI, d'autres groupes de manifestants doivent être relâchés dans le courant de la journée.

Des avocats proches de la contestation, rassemblés devant le palais de Justice à Beyrouth pour réclamer la libération de tous les détenus arrêtés ces deux derniers jours et protester contre les arrestations abusives effectuées par les forces de l'ordre, ont également assuré que la plupart des personnes arrêtées seront libérés dans les prochaines heures.

Sur le terrain, un calme précaire régnait dans les quartiers de Cola et de Corniche Mazraa. A Cola, où les routes avaient été coupées à l'aide de pneus enflammés, la tension était subitement montée après que des tirs à bord d'une voiture aux vitres teintées ont visé des protestataires. Des heurts entre ces derniers et la brigade antiémeute ont fait plusieurs blessés, selon la Croix-Rouge libanaise. D'autres violences ont éclaté visant encore une fois des banques de la région, dont les devantures et distributeurs automatiques de billets ont été saccagés.



(Lire aussi : Sourire malgré tout, Impression de Fifi ABOU DIB)



Soutien aux journalistes
Un rassemblement de journalistes a parallèlement été organisé devant le ministère de l'Intérieur pour protester contre les violences contre eux hier soir lors de leur couverture des heurts dans Beyrouth. "Ce qui s'est passé hier avec les journalistes est inacceptable. J'en assume la responsabilité car je suis en haut de la pyramide", a déclaré la ministre sortante de l'Intérieur, Raya el-Hassan, lors d'une déclaration au milieu des journalistes rassemblés, assurant qu'elle n'avait pas donné l'ordre aux forces de l'ordre d'agir avec violence. "Les Forces de sécurité intérieure sont fatiguées et comptent plus de 100 blessés dans leurs rangs, mais ceci n'excuse pas ce qui s'est passé", a-t-elle ajouté. Selon notre collaboratrice sur place, Zeina Antonios, les manifestants ont scandé "L’État policier a peur des voleurs".

Des dizaines de personnes ont été blessées lors de ces affrontements nocturnes devant la caserne, dont au moins un photojournaliste d'une agence de presse étrangère, selon des médias locaux et des militants cités par l'AFP, ainsi qu'un caméraman de la chaîne locale al-Jadeed, selon l'Agence nationale d'information. Deux journalistes de l'agence Reuters ont aussi été pris pour cible mercredi soir. Issam Abdallah a été blessé et s'est vu poser quatre points de suture, et la mobylette d'un photographe de Reuters a été atteinte. "Hier, pendant que je filmais les événements devant la caserne Hélou, j'ai été arrêté pendant quelques minutes avant d'être relâché après qu'on m'a demandé d'arrêter de filmer", a témoigné un autre journaliste, Hussein Beydoun. Un reporter du quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, qui couvrait également cette manifestation, a déclaré que "ce n'est pas la première fois que cela se produit".

"Toute agression contre les journalistes est inacceptable et condamnable", avait écrit la ministre sortante de l'Intérieur, Raya el-Hassan sur son compte Twitter plus tôt dans la journée, exprimant sa solidarité envers "le quatrième pouvoir, porte-voix des gens qui souffrent". "J'assure également que les agents des Forces de sécurité intérieure et les manifestants pacifiques font partie de la société. Ce qui s'est passé hier est une exception, pas la règle", a-t-elle ajouté, indiquant que le dossier "a pris la voie de la reddition des comptes".

De son côté, le ministre sortant de l'Information, Jamal Jarrah, avait souhaité un prompt rétablissement "aux journalistes et aux photographes, ainsi qu'aux agents des Forces de sécurité intérieure blessés". Il a salué les forces de l'ordre "qui travaillent nuit et jour depuis trois mois pour assurer la sécurité et protéger la révolte des fauteurs de trouble" et les a invitées à "se comporter avec responsabilité et dans la coopération" avec les journalistes.

Dans la journée, le syndicat des métiers de l'audiovisuel et l'ordre des rédacteurs ont appelé à protéger les journalistes. De son côté, le centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture a demandé l'ouverture d'une enquête.

En soirée, le directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Osman, a donné une rare conférence de presse pour répondre aux critiques adressées à son service de sécurité et ses agents. Il a notamment présenté ses excuses aux journalistes pour les violences exercées contre eux.


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Une vingtaine de contestataires, sur la centaine arrêtés ces deux derniers jours après des échauffourées avec les forces de l'ordre à Hamra mardi et devant la caserne Hélou à Beyrouth, ont été relâchés ces dernières heures, tandis que plusieurs voix s’élèvent pour protester contre les arrestations abusives et la violence des forces de l'ordre.Selon l'Agence nationale...

commentaires (3)

ET QU,EN EST-IL DES HABITUELS VOYOUS AUX BATONS, PIERRES ET COUTEAUX... QUI TERRORISENT LES MANIFESTANTS ET SEMENT LE DESORDRE ET L,INSECURITE ? OSE-T-ON EN ARRETER ?

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 10, le 16 janvier 2020

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Commentaires (3)

  • ET QU,EN EST-IL DES HABITUELS VOYOUS AUX BATONS, PIERRES ET COUTEAUX... QUI TERRORISENT LES MANIFESTANTS ET SEMENT LE DESORDRE ET L,INSECURITE ? OSE-T-ON EN ARRETER ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 10, le 16 janvier 2020

  • Dans ce pays, n'espérez aucun respect des fonctionnaires qui représentent l'autorité et surtout ceux qui sont là pour vous protéger si vous répondez aux critères du citoyen modèle. Aucune protection, aucun respect ni aucune indulgence pour le citoyen honorable. C'est réservé aux voyous qui cassent pillent et blessent ces mêmes fonctionnaires de l'état mais qui sont intouchables puisque des partis armés sont là pour assurer leurs arrières et les protéger de toutes réprimandes. On veille sur eux et on se retient d'exercer le moindre geste d'exaspération qui puisse prêter à confusion. On se défoulera plus tard sur les pacifiques. Le clientélisme est un mal qui gangrène nos institutions et les rongent de l'intérieur. Rien, aucun changement de gouvernement ni de ministre n'y fera rien. C'est la tête et les membres qu'il faut soigner. Tout le monde connaît le remède aux gangrènes.

    Sissi zayyat

    14 h 53, le 16 janvier 2020

  • Et pendant ce temps là : Les mercenaires de bandits, de voleurs et d’assassins, frappent et lâchent les chiens sur tout ce qui bouge. GREGORY DEMARQUE - Un photographe français (annecien) vivant à Beyrouth depuis 2006 qui ne faisait que son travail – Un doux artiste amoureux du Liban, a été tabassé violemment et mordu par les chiens des services de l’ordre libanais à Sakanet el Helou ! Il est à l’hôpital ! C’est une honte !

    Rana Raouda TORIEL

    14 h 14, le 16 janvier 2020

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