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Liban - Crise financière

À travers le Liban, la colère monte contre Riad Salamé et les restrictions bancaires

Un sit-in devant la Banque du Liban a été organisé hier ainsi que plusieurs autres dans différentes régions du pays.

« Nous sommes en colère », peut-on lire sur cette pancarte brandie par un manifestant devant le siège de la BDL à Hamra. Photo tirée de la page Facebook « Akhbar al-Seha »

La Banque du Liban et les établissements bancaires continuent d’être dans le collimateur des protestataires. Hier dans l’après-midi, plusieurs centaines de manifestants ont observé un sit-in devant le siège de la BDL, à Hamra, où ils ont coupé la route. Leurs revendications ? « Davantage de justice concernant les restrictions bancaires en vigueur », la restitution des « fonds publics pillés » par les dirigeants et une enquête transparente sur les transferts présumés de milliards de dollars récemment en Suisse, comme l’a signalé l’appel à la manifestation, lancé sur les réseaux sociaux. Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, avait promis une enquête sur ces supposés transferts à l’étranger qui, s’ils étaient avérés, constitueraient des violations aux restrictions bancaires.

S’adressant aux forces de l’ordre déployées en grand nombre devant la BDL, les manifestants leur criaient que « les salaires des militaires sont dans les poches des voleurs ». Ils ont également lancé des slogans appelant à la démission de M. Salamé, qu’ils ont traité de « voleur », et à la chute des banques « qui volent l’argent » du peuple.Depuis plusieurs mois maintenant, le Liban souffre d’un grave problème de liquidités et des restrictions bancaires très sévères sont imposées, qui empêchent les clients des banques d’avoir un accès libre à leurs fonds. Les protestataires se sont par la suite dirigés vers le siège de l’Association des banques. Accompagnés d’un homme qui tapait sur des percussions et reprenant le fameux Hela Hela Ho, sur l’air de Gingle Bells, ils ont scandé que « la révolte se poursuivra jusqu’à la chute de tous », en référence aux responsables. Au micro, un homme haranguait la foule qui répétait derrière lui des slogans accusant la classe politique d’être responsable des « catastrophes » que connaît le Liban et Riad Salamé d’être à l’origine de la « banqueroute » du pays. Ils ont aussi réitéré leur attachement à la désobéissance fiscale et appelé les banques à leur restituer leur argent. Prenant la relève, une femme a lancé des slogans essentiellement à l’encontre de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora. Ce dernier, régulièrement conspué par le mouvement de contestation, avait été accusé, en 2013, par le député Ibrahim Kanaan, membre du Courant patriotique libre fondé par le président de la République Michel Aoun, d’avoir manipulé les comptes et détourné des fonds publics. Ce dernier lui a répondu dans un ouvrage, l’accusant de calomnie.

Hier, les contestataires ont par ailleurs appelé le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, le président du Parlement Nabih Berry et le leader des Forces libanaises Samir Geagea à « dégager », selon des vidéos reprises sur les réseaux sociaux, traitant aussi Randa Berry de « voleuse ». Ils ont réaffirmé la volonté du peuple de « faire tomber le système politique et le règne des banques », et critiqué Solidere.



(Lire aussi : Pharaon : Le problème n’est pas dans le respect du pacte, mais dans un système politique verrouillé)



« Nous voulons notre argent »
Plus tôt en matinée, plusieurs sit-in avaient été organisés devant les sièges ou les branches de plusieurs banques. À Beyrouth, une trentaine de contestataires avaient fait irruption dans une agence de Bank Audi à Achrafieh, afin de faire pression pour que des déposants puissent effectuer des retraits en devises étrangères. Selon plusieurs témoignages, les forces de sécurité sont intervenues pour déloger les protestataires qui s’étaient installés sur les guichets, criant « Nous voulons notre argent » et « Bank Audi voleur », notamment en fermant les portes de l’agence pendant une heure.

Le mouvement de contestation a récemment mis en ligne un guide à l’intention des déposants qui sont dans l’incapacité d’effectuer des retraits ou de décaisser de l’argent. Sur la page Facebook HelaHelaHoPage, un appel a, en outre, été lancé à tous ceux qui ont des difficultés à retirer de l’argent, leur demandant de remplir un formulaire court comprenant le nom de la banque et l’agence où le compte est enregistré, la région et un numéro de téléphone. La personne inscrite sera ainsi ajoutée à un groupe WhatsApp pour coordonner avec elle. Elle pourra également être accompagnée par d’autres personnes qui se trouvent dans la même situation, dans le but de faire pression sur la banque.

« Nous sommes venus dès huit heures, car nous connaissons certaines personnes qui ont de l’argent au sein de cette banque et qui veulent retirer des dollars, a expliqué une contestataire à L’Orient-Le Jour. En conséquence de ces pressions, une de ces personnes a réussi à obtenir 800 dollars, et une autre 200 euros. Maintenant, nous attendons que deux de nos amis puissent récupérer leur argent. » Par ailleurs, une branche de la BLOM Bank dans le secteur de Raouché a brièvement fermé ses portes dans la matinée, selon un message circulant sur les réseaux sociaux. La banque en question a indiqué à L’OLJ que cette agence n’avait fermé que pendant une demi-heure, le temps d’être réapprovisionnée en livres libanaises.



(Lire aussi : « Nous ne paierons pas nos prêts bancaires », annonce la contestation populaire)



« Les grandes fortunes doivent tomber »
À Tripoli, au Liban-Nord, l’une des places fortes de la contestation, des manifestants se sont rassemblés devant la branche régionale de la Banque du Liban pour protester contre la politique de la BDL. Les manifestants se sont ensuite regroupés devant le siège de la société de production de courant Qadicha, pour dénoncer la corruption dans le secteur de l’électricité.

À Saïda, au Liban-Sud, quelques dizaines de contestataires se sont rassemblés devant le siège local de la BDL, vêtus d’imperméables blancs sur lesquels ils ont notamment écrit le slogan « Nous ne paierons pas », initié par la campagne de désobéissance fiscale lancée récemment par la société civile, selon notre correspondant sur place Mountasser Abdallah.

Dans cette ville aussi, les protestataires ont fait irruption dans plusieurs établissements bancaires situés dans la rue des Banques, criant des slogans contre le système bancaire et Riad Salamé. Les protestataires, qui ont notamment scandé « Ce pays est aux travailleurs, les grandes fortunes doivent tomber », ont exhorté les responsables de ces agences à permettre aux clients de pouvoir disposer de leur argent. « Nous ne voulons pas paralyser les banques. Nous voulons juste que les déposants puissent avoir accès à leur argent », a déclaré Hassan, un contestataire.

À Zahlé, dans la Békaa, un sit-in a également été improvisé devant la branche locale de la Banque centrale par des protestataires rassemblés sous le slogan « Nous voulons notre argent », pour réclamer « la chute du pouvoir bancaire qui retient le produit du travail des gens ». À Baalbeck, dans la même région, une poignée de manifestants se sont rassemblés devant l’entrée de la branche locale de la direction générale des Finances.

À Qabr Chmoun, dans le caza de Aley, des protestataires, regroupés sous le slogan « Nous ne paierons pas », se sont également rassemblés devant les établissements bancaires de la localité pour protester contre les mesures prises par les banques qui affectent les petits déposants.



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commentaires (5)

Pardon,veuillez lire Guets-apens

Shou fi

18 h 25, le 02 janvier 2020

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Commentaires (5)

  • Pardon,veuillez lire Guets-apens

    Shou fi

    18 h 25, le 02 janvier 2020

  • Les économistes de la BDL et sa direction toute entière ne pouvaient pas ignorer que les banques prêtaient à l'Etat l'argent des clients. Les dirigeants politiques savaient aussi. Seul le bon peuple libanais qui compte sur le Seigneur tous les matins et tous les soirs pour le sauver ne savait qu'à moitié. En cas de sortie de crise, que je souhaite proche, il serait impératif de greffer des consciences aux dirigeants des banques qui attiraient dans le guetta-pans les expatriés et les étrangers pour jeter leur argent dans le brûlot de la cheminée. Les salariés des banques ne sont pas à blâmer, ils suivaient les ordres de leurs employeurs pour ne pas perdre leurs emplois.

    Shou fi

    22 h 01, le 01 janvier 2020

  • OU SONT LES 53 MILLIARDS DE DOLLARS DE RESERVES, OR INCLUS, QUI ETAIENT SUPPOSES SAUVER LE PAYS AU MOINS DURANT TROIS ANS EN CAS DE CRISE FINANCIERE ? CE N,EST PAS MOI QUI L,AFFIRMAIT AUX LIBANAIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 35, le 31 décembre 2019

  • C'est alarmant qu'après tant de jours de contestation on ne mette aucun de ces voleurs en taule.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 50, le 31 décembre 2019

  • Riad Salamé doit avoir beaucoup d’amertume, adulé un temps, le voici conspué à mort. Nous lui devons le sauvetage de notre monnaie nationale, la stabilité financière que nous avons connue quand à partir de 2005, le Liban entrait dans l’oeil du cyclone. Pour cette période délicate, je lui dis merci, son renom a, il faut le souligner, été le gage de confiance sur le plan international. Il fut à plusieurs reprises coopté par ses pairs au titre de meilleur gouverneur de banque Centrale au monde. L’ingénierie financière qu’il a montée pour renflouer UNE seule Banque a sans doute sauvé le pays de la,Banqueroute assurée, mais a été dommageable pour la suite. Si j’étais responsable je l’aurais décoré, puis jeté directement en prison. Quoique Francophone, ancien de Jamhour, M. Salamé n’a sans doute jamais écouté la belle chansons de Charles Aznavour, il faut savoir. Merci Quand même Riad Salamé! Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    07 h 39, le 31 décembre 2019

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