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À La Une - Liban

A travers le Liban, les contestataires appellent à la démission de Salamé

De nombreuses actions sont menées depuis la matinée contre les établissements bancaires.

"Nous sommes en colère", peut-on lire sur cette pancarte brandie par un manifestant devant le siège de la BDL à Beyrouth, le 30 décembre 2019. Photo AFP / ANWAR AMRO

La Banque du Liban et les établissements bancaires étaient à nouveau lundi dans le collimateur des protestataires qui appelaient notamment à la démission du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, au 75e jour du mouvement inédit de contestation contre l'ensemble de la classe dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, dans un contexte de crise financière et monétaire aiguë.

Beyrouth, plusieurs centaines de manifestants, principalement des étudiants, ont manifesté dans l'après-midi devant le siège de la BDL, dans le quartier de Hamra, afin de réclamer notamment la démission de son gouverneur, Riad Salamé. "Pas de dollar, pas de prêt immobilier, dégage Salamé", ont notamment scandé les jeunes contestataires, tandis que l'un d'entre eux tapait sur des percussions, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Coupant la circulation devant l'institution, ils appelaient à la chute du régime bancaire et chantaient "être là pour les pauvres". S'adressant aux forces de l'ordre déployées en grand nombre devant le bâtiment, les manifestants indiquaient que "les salaires des militaires sont dans les poches des voleurs". 

De la BDL, les manifestants se sont mis en route, quelques heures plus tard, vers le siège de l'Association des banques du Liban, situé dans le centre-ville de Beyrouth, où ils ont scandé de nouveaux slogans contre les banques "qui volent l'argent des Libanais".

L'appel à manifester lancé sur les réseaux sociaux soulignaient que les revendications de ce sit-in estudiantin étaient, notamment, "davantage de justice concernant les restrictions bancaires en vigueur", la restitution des "fonds publics pillés" par les dirigeants et une enquête transparente sur les transferts de milliards de dollars envoyés dernièrement en Suisse. A ce sujet, Riad Salamé avait promis jeudi une enquête sur ces transferts présumés à l'étranger qui, s'ils étaient avérés, constitueraient des violations aux restrictions bancaires. M. Salamé est régulièrement conspué par la rue, qui l'accuse de couvrir les opérations frauduleuses d'une classe politique taxée de corruption.


(Lire aussi : « Nous ne paierons pas nos prêts bancaires », annonce la contestation populaire)



"Nous voulons notre argent"
Plus tôt dans la journée, une trentaine de contestataires avaient fait irruption dans une branche de la Bank Audi, dans le quartier de Sofil, pour aider les déposants à effectuer des retraits en devises étrangères. Selon plusieurs témoignages, les forces de sécurité sont intervenues pour déloger les protestataires qui s'étaient installés sur les guichets, criant "Nous voulons notre argent" et "Bank Audi voleur", notamment en fermant les portes de l'agence pendant une heure.

Photo Luca Mouzannar


Ces derniers jours, le mouvement de contestation a mis en ligne un guide à l'intention des déposants qui sont dans l'incapacité d'effectuer des retraits ou de décaisser de l'argent pour les aider à le faire.
"Nous sommes venus dès huit heures du matin car nous connaissons certaines personnes qui ont de l'argent au sein de cette banque et qui veulent retirer des dollars. Après avoir exercé une pression, une de ces connaissances a réussi à décaisser 800 dollars, et une autre 200 euros. Maintenant, nous attendons que deux de nos amis puissent récupérer leur argent", a expliqué une contestataire à L'OLJ.

Par ailleurs, une branche de BLOM Bank dans le secteur de Raouché a brièvement fermé ses portes dans la matinée, selon un message circulant sur les réseaux sociaux. La banque en question a indiqué à L'OLJ que cet agence n'avait fermé que pendant une demi-heure, le temps d'être réapprovisionnée en livres libanaises.



(Rétrospective 2019 : Liban : L’année des effondrements, mais aussi une année fondatrice)



"Les grandes fortunes doivent tomber"
Tripoli au Liban-Nord, l'une des places fortes de la contestation, des manifestants se sont rassemblés devant la branche de la Banque du Liban pour protester contre la politique de la BDL. Les protestataires se sont ensuite regroupés devant le siège de la société de production de courant Kadicha, pour dénoncer la corruption dans le secteur de l'électricité.

Capture d'écran d'une vidéo postée sur Facebook


Saïda, au Liban-Sud, quelques dizaines de contestataires se sont rassemblés devant le siège local de la BDL, vêtus d'imperméables blancs sur lesquels ils ont notamment écrit le slogan "Nous ne paierons pas", initié par la campagne de désobéissance fiscale lancée récemment par la société civile, selon notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. Dans cette ville aussi, les protestataires avaient fait irruption dans plusieurs établissements bancaires, situées dans la rue des Banques de la localité, criant des slogans contre le système bancaire et Riad Salamé. Les protestataires, qui ont notamment crié "Ce pays est aux travailleurs, les grandes fortunes doivent tomber", ont exhorté les responsables de ces agences à permettre aux clients de pouvoir disposer de leur argent. "Nous ne voulons pas paralyser des banques. Nous voulons juste que les déposants puissent avoir accès à leur argent", a déclaré Hassan, un contestataire.


Des protestataires dans une branche du Crédit libanais, à Saïda. Photo Mountasser Abdallah

Zahlé, dans la Békaa, un sit-in a également été improvisé devant la branche locale de la Banque centrale par des protestataires réunis sous le slogan "Nous voulons notre argent", pour réclamer "la chute du pouvoir bancaire qui retient le produit du travail des gens". A Baalbeck, dans la même région, une poignée de manifestants se sont rassemblés devant l'entrée de la branche locale de la Direction générale des Finances.


Photo Ani


Qabr Chmoun, dans le caza de Aley, des protestataires, réunis sous le slogan "Nous ne paierons pas", se sont rassemblés devant les établissements bancaires de la localité pour protester contre les mesures prises par les banques qui affectent les petits déposants.

La contestation estime que les citoyens paient le prix d'une crise de liquidités aggravée par les politiciens, hauts fonctionnaires et banquiers, qui ont usé de leur influence pour faire sortir leurs importantes économies du pays. De nombreux dirigeants possèdent ou ont de larges parts dans plusieurs banques, rappelle-t-on.

Les clients des banques sont soumis à d’importantes restrictions, des plafonnements de leurs retraits en livres libanaises et de grandes difficultés pour obtenir des dollars américains. Face à cette crise, le taux de change de la livre libanaise a grimpé en flèche auprès des changeurs, dépassant les 2.000 livres ces derniers jours pour un dollar, tandis que le taux officiel observé par les banques reste stable, entre 1.515 et 1.520 livres le dollar.



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La Banque du Liban et les établissements bancaires étaient à nouveau lundi dans le collimateur des protestataires qui appelaient notamment à la démission du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, au 75e jour du mouvement inédit de contestation contre l'ensemble de la classe dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, dans un contexte de crise financière et monétaire...

commentaires (6)

OU SONT LES 53 MILLIARDS DE DOLLARS, OR COMPRIS, DONT VOUS NOUS CHANTIEZ QUE QUOI QU,IL ADVIENNE AU MOINS POUR LES TROIS PREMIERES ANNEES LE LIBAN NE SERA PAS AFFECTE POUR TROMPER LE PEUPLE. DEPUIS LA PREMIERE SEMAINE DE LA CONTESTATION TOUT S,EFFONDRE. UN AUTRE VAURIEN !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 11, le 30 décembre 2019

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Commentaires (6)

  • OU SONT LES 53 MILLIARDS DE DOLLARS, OR COMPRIS, DONT VOUS NOUS CHANTIEZ QUE QUOI QU,IL ADVIENNE AU MOINS POUR LES TROIS PREMIERES ANNEES LE LIBAN NE SERA PAS AFFECTE POUR TROMPER LE PEUPLE. DEPUIS LA PREMIERE SEMAINE DE LA CONTESTATION TOUT S,EFFONDRE. UN AUTRE VAURIEN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 11, le 30 décembre 2019

  • Démission, mise en examen et arrestation de celui qui a fait la ruine du pays. Un vulgaire complice des pires voleurs du pays.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 35, le 30 décembre 2019

  • "la hayata liman tounadi" dit le dicton... s'imposerait il à notre situation???

    Wlek Sanferlou

    17 h 20, le 30 décembre 2019

  • Attention Attention, les libanais ont avalé toutes sortes de couleuvres jusqu’à présent. Mais les dépouiller de leur argent de façon aussi flagrante et éhontée risque de couter cher même très cher aux dirigeants de cette république bananière qu’ils ont créé et transformé la livre libanaise en monnaie de singe. Ils seront bientôt dans une cage derrière les barreaux pour payer leurs crimes perpétrés contre la population libanaise

    Lecteur excédé par la censure

    15 h 32, le 30 décembre 2019

  • Riad Salamé est le premier responsable de la crise économique de notre pays. À chaque fois il tente de rassurer les citoyens en leur racontant des mensonges sur la bonne santé économique et ce depuis des mois, pour les dépouiller de leurs économies et les priver de l'utilisation de leur argent en arguant des subterfuges pour faciliter la vie aux plus riches, disposant de leur argent volé et en empêchant les citoyens à faibles resources d'avoir accès à leurs économies. Il ne tarissait pas d'éloges de la santé financière du pays alors que ce dernier était au bord de la faillite et maintenant il continue de les berner sans aucun cas de conscience. Il est clair qu'il a failli à ses devoirs et est mêlé jusqu'au cou dans les magouilles de tout genre. Qu'attend la justice pour l'interpeller pour démêler le vrai du faux? De quel droit empêche-ton des citoyens de bénéficier du libre accès à leurs comptes? Lorsqu'on lui pose des questions embarrassantes sur les transferts il répond ne pas être au courant. Il se paie la tête de tous les libanais honnêtes pour sauver encore et toujours les mêmes voleurs. On peut penser qu'il en fait partie et en conséquence sa place n'est plus à la tête de la BCL mais devant un juge pour rendre compte de ses actes pour le moins louches

    Sissi zayyat

    14 h 12, le 30 décembre 2019

  • Qu'est-ce qu'on attend pour interroger Riad Salamé , car c'est le principal suspect responsable de la crise monétaire. Tout essai de camouflage ne fera qu'exacerber la tension. Sa politique catastrophique de couverture de la dette publique, sans réserves, a asséché une large part de l'argent des déposants, qui semble-t-il, n'est plus que chiffres sur papier. En plus, il persiste à s'entêter pour un taux de change fictif,qui oblige les gens à exiger des devises aux guichets des banques au lieu de faire un change en livres au taux réel. Surtout, il tend l'oreille aux politiques sans se soucier de l'intérêt des déposants dont il est responsable. Il est temps qu'il rende des comptes,si la justice s'en charge.

    Esber

    12 h 20, le 30 décembre 2019

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