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Liban - Décryptage

Une brèche dans le mur de la crise

Jusqu’au bout le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri a maintenu le suspense au sujet des consultations parlementaires contraignantes. Il a commencé par ne pas révéler sa décision au sujet de sa succession jusqu’au rendez-vous de son groupe parlementaire avec le chef de l’État dans la matinée d’hier. Ensuite, il s’est gardé de désigner un nom pour sa succession, jetant à la face des deux formations chiites et du CPL la question du respect de la Constitution et de la participation de toutes les composantes communautaires et confessionnelles aux décisions importantes. En s’abstenant de nommer un candidat pour former le nouveau gouvernement, Saad Hariri et son groupe ont donné le ton aux anciens présidents du Conseil, notamment Tammam Salam et Nagib Mikati, pour suivre cet exemple, et ils ont privé le candidat qui a été retenu d’une couverture politique sunnite confortable.

D’ailleurs, la réaction dans la rue dans plusieurs régions à majorité sunnite, notamment le Akkar, Tripoli et la Békaa, ne s’est pas fait attendre, puisque des protestataires ont coupé plusieurs routes.

Enfin, tout au long de la journée d’hier, les milieux proches du courant du Futur ont lancé des commentaires sceptiques tantôt en évoquant l’absence de couverture sunnite politique au Premier ministre désigné Hassane Diab, et tantôt en affirmant que cette désignation détruit toute la théorie sur laquelle s’est basé le chef de l’État pour justifier son élection à la présidence de la République, à savoir le concept qui veut que c’est la personnalité la plus forte dans sa communauté qui occupe le premier poste de cette même communauté au sein de l’État. Ces commentaires qui ont commencé à être relayés par les chaînes de télévision ont pris leur ampleur à travers les réseaux sociaux et suscitent un certain malaise populaire suite à la désignation du nouveau Premier ministre chargé de former le gouvernement.



(Lire aussi : Hassane Diab promet qu’il n’y aura pas de retour à l’avant-17 octobre)



Les milieux proches du CPL et des deux formations chiites répondent à ces critiques en rappelant que depuis le déclenchement de la révolte populaire, les trois parties n’ont cessé de déclarer ouvertement leur appui au gouvernement présidé par Saad Hariri. Puis lorsque ce dernier a décidé de présenter la démission du cabinet sans les consulter, le CPL, Amal et le Hezbollah n’ont cessé de l’appeler soit à accepter une nouvelle désignation, soit à proposer une personnalité de son choix. Jusqu’à la dernière minute, mercredi soir, le président de la Chambre essayait même de pousser les députés à le désigner. Mais c’est lui qui a annoncé sa volonté de se retirer de la course. Dans ces conditions, les trois parties ne peuvent pas être accusées d’avoir porté un coup au principe de la participation de toutes les composantes confessionnelles aux grandes décisions politiques, ni d’avoir bafoué le concept de l’homme fort dans sa communauté. De plus, en proposant un technocrate, les parties concernées ont voulu donner un signe positif à la rue et montrer qu’elles tiennent compte de ses revendications. Mais il est clair qu’un technocrate ne peut pas avoir la même couverture politique qu’un politicien...

Face au refus de Saad Hariri d’être dans la course et de désigner un successeur sans chercher à le griller, il a donc bien fallu se mettre à la recherche d’une personnalité compétente, qui n’est pas dans la provocation et aucunement susceptible de susciter la colère de telle ou telle autre partie, tout en essayant de calmer la rue et de rassurer les parties internationales et régionales. Une personnalité sans coloration politique, respectable, ayant une carrière professionnelle brillante. C’est ainsi que le choix s’est porté sur Hassane Diab, ancien ministre de l’Éducation et professeur à l’Université américaine.

Le Premier ministre désigné avait été ainsi pressenti il y a quelques jours et il s’est montré réceptif, prêt à relever le défi dans une période aussi délicate et difficile. Pourtant, le chemin de la formation du gouvernement reste semé d’embûches.



(Lire aussi : Diab, que diable !, le billet de Gaby NASR)



Sans compter l’obstacle sunnite qui s’annonce et qui pourrait être réglé de deux façons : d’abord par une déclaration publique du courant du Futur et de son chef, notamment dans le cadre des consultations parlementaires que Hassane Diab compte entamer à partir de samedi. Ensuite par une déclaration de Dar el-Fatwa qui avait déjà annoncé mercredi qu’elle était ouverte à toute personnalité sunnite qui obtiendrait le plus grand nombre de voix parlementaires.

Il y a aussi la réaction du mouvement de protestation que le choix de Hassane Diab était destiné à satisfaire. Le discours qu’il a prononcé juste après sa désignation, depuis le palais de Baabda, était d’ailleurs dirigé essentiellement vers les protestataires dans la rue, en voulant montrer qu’il les a entendus et qu’il tient compte de leurs demandes et qu’il souhaite avant tout arrêter l’effondrement économique et commencer à régler la crise actuelle. Mais cela suffira-t-il à convaincre le mouvement de lui accorder une chance, comme il l’a lui-même demandé, voire de dialoguer avec lui pour s’entendre sur des noms de ministres qui représenteraient le mouvement ?

La désignation de Hassane Diab et son discours insistant sur le fait qu’il n’y aura pas de retour « à la situation d’avant le 17 octobre » sont destinés à ouvrir une nouvelle page avec le mouvement. Cette initiative sera-t-elle accueillie favorablement ? Il est sans doute encore trop tôt pour se prononcer, mais il est clair que le Premier ministre désigné a déjà quelques idées sur le gouvernement qu’il compte former. Aura-t-il la possibilité de les mener à terme, et surtout d’inspirer suffisamment confiance au mouvement pour qu’il entame un dialogue sérieux avec lui ? Le temps presse et la crise s’amplifie de jour en jour. S’il y a des agendas cachés, l’aventure Hassane Diab pourrait s’arrêter rapidement et il pourrait s’excuser, mais hier une brèche a été ouverte dans le mur de la crise.



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Jusqu’au bout le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri a maintenu le suspense au sujet des consultations parlementaires contraignantes. Il a commencé par ne pas révéler sa décision au sujet de sa succession jusqu’au rendez-vous de son groupe parlementaire avec le chef de l’État dans la matinée d’hier. Ensuite, il s’est gardé de désigner un nom pour sa succession, jetant...

commentaires (11)

Pour les esprits en carence de matière grise, si les yanky sont désormais exportateurs de OIL, pourquoi continuent ils à VOLER le pétrole syrien, alors même qu'ils ont déclaré vouloir quitter le M.O ? L'ignorance n'est pas dans la limite des connaissances, elle est dans la limite d'un esprit réfractaire à l'expression la VÉRITÉ.

FRIK-A-FRAK

16 h 16, le 20 décembre 2019

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Commentaires (11)

  • Pour les esprits en carence de matière grise, si les yanky sont désormais exportateurs de OIL, pourquoi continuent ils à VOLER le pétrole syrien, alors même qu'ils ont déclaré vouloir quitter le M.O ? L'ignorance n'est pas dans la limite des connaissances, elle est dans la limite d'un esprit réfractaire à l'expression la VÉRITÉ.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 16, le 20 décembre 2019

  • les yankees, desormais exportateur de petrole au cas ou certains ignorants l'ignorent.

    Toni Pantaloni

    15 h 11, le 20 décembre 2019

  • Tant que les libanais ne sont pas solidaires et que certains encensent les TRAITRES en leur trouvant des excuses nous ne sommes pas prêt de sauver ce pays. Le pire c'est quand les médias permettent de publier des articles qui sont truffés de fausses informations au risque d'embrouiller un peu plus les lecteurs. Un article de ce genre ne devrait pas être publié avant que les fausses informations ne soient discutées avec l'auteur sinon ce ne s'appelle plus des informtions mais des désinformations. Je suis très déçue par l'OLJ pour ce comportement irresponsable par les temps qui courent

    Sissi zayyat

    15 h 11, le 20 décembre 2019

  • A l adresse de LA redaction de L orient J ai deja emis des commentaires au " Decryptage" de Mme Haddad qui apprecie Grandement Orangina. C est son droit ultime. "MME Haddad IL y a des moments cruciaux Dans LA vie des peuples que le seul Decryptage a Faire c est comment saisir Le train en Marche pour ratrapper LA Sauvegarde de notre pays. Comme tout pays en Guerre LA population Est for cement divise en deux. Les collabos et les traitres faites le Bon choix. Nizar Jose Labaki

    Nizar Labaki

    14 h 35, le 20 décembre 2019

  • "Les trois partis (Amal, Hezbollah, CPL) n’ont cessé de déclarer ouvertement leur appui au gouvernement présidé par Saad Hariri". Sauf qu'ils voulaient lui imposer la formation d'un gouvernement politique, chose que Hariri refusait absolument.

    Yves Prevost

    13 h 48, le 20 décembre 2019

  • Faut pas s'imaginer que le Liban, sans Saad ou sans tout autre politicien de quelque bord que se soit cessera de fonctionner en tant qu'état. Faut surtout pas s'imaginer que tous ces ronds de jambe des opposants à l'axe de la resistance à laquelle appartient le trio gouvernant à savoir CPL AMAL HEZB LIBANAIS DE LA RÉSISTANCE, pourront, par le désir des prédateurs d'occidentaux empêcher la marche vers un Liban ancré à son nouvel axe résistant. Le fond du problème c'est le pétrole et le gaz du bloc 9 d'où sont exclus les yankys and co. Parce que ce bloc qui appartient au Liban empêche le bloc prédateur occidental de contourner la distribution de gaz et pétrole en direction de l'Europe par la Russie. Alors Saad ou la rue sunnite du akkar à la bekaa c'est peu de chose face à cet affrontement qui nous dépasse. Bon week-end Scarlett vous restez exceptionnellement indispensable à notre intelligence.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 22, le 20 décembre 2019

  • Saad Hariri a nomme Nawaf Salam au debut .Une personalite ideale pour la situation . Ce choix a ete categoriquement rejete par Amal , le Hezbollah et le CPL. Alors on ne peut dire que Hariri n'a pas propose des noms comme le pretend Mme Haddad.

    EL KHALIL ABDALLAH

    12 h 50, le 20 décembre 2019

  • ET QUELLE BRECHE ! LA PIRE QU,ON AURAIT PU S,IMAGINER. LA COMMUNAUTE SUNNITE NE PARDONNERA PAS A CEUX QUI ONT EMPETRE SUR SES PREROGATIVES. GOUVERNEMENT... SI CONSTITUE... VOUE A L,ECHEC !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 35, le 20 décembre 2019

  • Encore une fois, vos articles poisseux de jus d'orange manquent cruellement d'objectivite, Mme Haddad!

    Maya Chehab

    10 h 55, le 20 décembre 2019

  • Comme d’habitude, un article truffé de contre vérités. Il est vrai que comme vous les nommez « le tandem chiite et le CPL » ont insisté pour un retour de Saad Hariri mais ce que vous omettez d’écrire sciemment que c’était pour qu’il forme un gouvernement selon leurs conditions ! Ce que l’ancien PM a refusé. Cette réaction n’est pas pour défendre Saad Hariri car une fois de plus, ce sont toutes les composantes politiques qui ont gouverné depuis les 30 dernières années qui sont responsables de la situation catastrophique du pays. TOUS sans exception aucune

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 24, le 20 décembre 2019

  • Chrétiens du CPL soutenir Hezbollah c’est soutenir le projet Iranien et signer la fin de nos libertés. Voulez vous inscrire dans l’histoire du Liban le reniement de vos valeurs Chrétiennes de vos valeurs démocratiques et votre rôle destructeur dans le démantèlement de nos institutions. Tout cela pour le pouvoir mais vous l’avez et que vous à t il apporté ? Une seule chose c’est raser les murs en marchant sur les ruines et la faillite d’un pays et auquel vous y avez contribué.

    PROFIL BAS

    05 h 22, le 20 décembre 2019

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