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Liban - Gouvernement

Hassane Diab à peine désigné, la rue sunnite laisse éclater sa colère

De nombreuses routes ont été coupées dans la capitale ainsi que dans l’ensemble des régions du pays. Une manifestation a même été organisée devant le domicile du nouveau Premier ministre.

Des centaines de personnes se sont rassemblées hier soir non loin du Parlement, dans le centre-ville de Beyrouth. Photo Z.A.

Sitôt la désignation de Hassane Diab au poste de Premier ministre annoncée de manière officielle, des centaines de manifestants sont descendus dans la rue pour signifier leur refus de cette nomination. À Beyrouth, dans le Nord, dans la Békaa et dans le Sud, ils étaient nombreux à rejeter cette figure « parachutée » et qui « ne représente pas » la communauté sunnite, selon certains manifestants.

Dans le centre-ville de Beyrouth, des centaines de personnes ont manifesté leur colère hier soir, non loin du Parlement. « Nous ne voulons pas des partis au pouvoir, nous allons te faire tomber, Hassane Diab », « Hassane, évite le siège (de Premier ministre), tu vas être traité comme un lapin », scandaient les contestataires, mobilisés dans la rue depuis deux mois. Parmi eux, de nombreux manifestants issus de la communauté sunnite et qui disent ne pas comprendre pourquoi le choix s’est porté sur la personne de M. Diab. Ce dernier a obtenu les voix de seulement six députés sunnites sur un total de 27 et ne bénéficie donc pas pleinement de l’appui de sa propre communauté. « On ne comprend pas d’où est-ce que son nom a été sorti ? Qui a dit qu’il nous représentait ? Il a été parachuté », s’exclame Nadine Accaoui, 56 ans. « Je ne pense pas qu’il sera à même de relever le défi. Nous voulons un patriote et un homme d’État et il ne répond pas à ces critères », ajoute-t-elle. « Je suis sunnite et il ne me représente pas ni ne représente la confession sunnite. Sitôt son nom fuité, on a commencé à avoir vent de son implication dans des affaires de corruption », souligne pour sa part Mona Beyhum, 55 ans, manifestante engagée depuis le début du soulèvement populaire.

Hassan, 23 ans, est un homme d’affaires chiite. Il s’est joint à la manifestation même s’il admet ne rien savoir sur Hassane Diab. « Je ne savais même pas qui il était avant ce soir, mais je suis là parce que je veux que le pays change. Je commence malheureusement à perdre espoir », confie le jeune homme à L’Orient-Le Jour.



(Lire aussi : Hassane Diab promet qu’il n’y aura pas de retour à l’avant-17 octobre)



Les quartiers sunnites de Beyrouth remontés
Les quartiers sunnites de la capitale étaient pour leur part particulièrement remontés face à la désignation de Hassane Diab. Ainsi, des partisans de Saad Hariri se sont rassemblés hier soir devant le domicile du Premier ministre désigné à Tallet el-Khayat, avant d’être rejoints par des dizaines de motards. Ailleurs dans la capitale, la route de Kaskas a été coupée au moyen de conteneurs de déchets renversés, tandis que des contestataires ont bloqué la route de la Cité sportive, ainsi que la route reliant Verdun à Hamra au moyen de pneus brûlés. D’autres manifestants ont également brûlé des pneus au niveau de la rue menant du quartier de Aïcha Bakkar vers Sanayeh, ainsi que dans le secteur Cola. Plus tard dans la soirée, plusieurs manifestants ont planté des tentes au milieu de la route à Tarik Jdidé et la Corniche Mazraa.

Face à cette colère, Saad Hariri a lancé hier soir un appel au calme. « J’appelle tous mes partisans à refuser tout appel à recourir à la rue ou à couper les routes. Le calme et la responsabilité nationale sont notre priorité et la crise qu’affronte le Liban est dangereuse et ne peut tolérer aucune atteinte à la stabilité », a-t-il écrit sur son compte Twitter. De même pour le Hezbollah qui a demandé dans un communiqué à ses partisans « de ne pas se laisser emporter par ce qui pourrait se passer dans la rue dans les prochaines heures ou les prochains jours ».



(Lire aussi : Diab, que diable !, le billet de Gaby NASR)



Routes coupées du Nord au Sud
À Beddaoui, au Liban-Nord, des jeunes en colère ont coupé l’autoroute dans les deux sens de circulation, selon le centre de contrôle du trafic routier. Dans le Akkar, les routes de Bireh-Kobeyate et de Minié-Abdé, tout comme celle de Halba, ont été fermées à la circulation par les manifestants. Les protestataires ont également installé des barrages sur la route menant du complexe hôtelier Palma à Tripoli.

L’autoroute de Jal el-Dib a été brièvement coupée en soirée pendant quelques minutes, avant qu’elle ne soit rouverte par l’armée.

Dans la Békaa, la route de Taalabaya-Saadnayel a été bloquée, tout comme celles de Kab Élias-Dahr el-Baïdar et le carrefour de Jdita. Le carrefour se trouvant au niveau de Marj a été, lui, fermé avec des blocs de pierre, notamment en direction de Zahlé.

L’autoroute menant de Beyrouth au Liban-Sud a également été fermée dans les deux sens de la circulation au niveau de Naamé, puis au niveau de Khaldé et de Damour. À Saïda, une des plus grandes villes sunnites du pays, une centaine de manifestants se sont rassemblés place Élia et ont bloqué le passage. Ils ont également paradé dans la ville pour contester le Premier ministre désigné.



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commentaires (2)

Après tout, c'est un sunnite que le président Hariri lui-même n'a pas désavoué. Puis, pourquoi faire un jugement d'intention sur rien de palpable encore? La réaction de la rue , toute la rue, devrait être nécessairement de cause à effet s'il le faut, mais pas aveuglément comme certains partis de l'opposition nouvelle sans vouloir faire allusion au Courant du Futur.

Esber

10 h 12, le 20 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • Après tout, c'est un sunnite que le président Hariri lui-même n'a pas désavoué. Puis, pourquoi faire un jugement d'intention sur rien de palpable encore? La réaction de la rue , toute la rue, devrait être nécessairement de cause à effet s'il le faut, mais pas aveuglément comme certains partis de l'opposition nouvelle sans vouloir faire allusion au Courant du Futur.

    Esber

    10 h 12, le 20 décembre 2019

  • ET A JUSTE RAISON. LE CHEF DE L,ETAT AOUN DESIGNE PAR LES CHRETIENS CAR PRETENDUMENT IL REPRESENTE LE PLUS LES CHETIENS. BERRY DE MEME CAR IL REPRESENTE LE PLUS SA COMMUNAUTE. POURQUOI LES CHRETIENS ET LES CHIITES ONT CHOISI LE PREMIER MINISTRE QUI AURAIT DU ETRE NOMME PAR LES SUNNITES EUX-MEMES ? CA VA CAUSER DES PROBLEMES CAR POUR LES SUNNITES CE SERA UN GOUVERNEMENT ILLEGITIME ET UNE PREMIERE ET MAUVAISE EXPERIENCE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 05, le 20 décembre 2019

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