Les responsables politiques libanais doivent "se secouer" et mettre fin à la crise qui paralyse le pays en formant un gouvernement d'ici "Noël", a déclaré dimanche le chef de la diplomatie française.
"Il faut que les autorités politiques se secouent parce que le pays est dans une situation dramatique", a lancé Jean-Yves Le Drian dans l'émission "Questions politiques" sur la radio France Inter. "Le président (Michel) Aoun a annoncé qu'à partir de demain il allait reprendre des consultations (pour la formation d'un gouvernement). Je souhaite que ça puisse aboutir pour Noël", a insisté le ministre français des Affaires étrangères. "Dans quelque temps, le pays aura du mal à s'approvisionner en matières essentielles. Des entreprises commencent à ne plus payer les salaires. Il est très urgent d'agir", a souligné Jean-Yves Le Drian. "Les manifestations dépassent les clivages antérieurs qui existaient au Liban entre les religions, les géographies, les ethnies, les clans", a-t-il poursuivi. "On a une nouvelle donne dans la population. Ils veulent de la transparence (...). Ils veulent en finir avec un dispositif qui fait que la gouvernance était assurée par des rapports de force entre les différents clans."
La révolte populaire sans précédent a réussi à obtenir la démission du gouvernement de Saad Hariri, le 29 octobre. Depuis, le président de la République, Michel Aoun, n'a toujours pas désigné un nouveau Premier ministre, en raison des différends entre les formations politiques autour de la nature du prochain cabinet. Le chef du gouvernement sortant Saad Hariri est actuellement donné favori et pourrait être à nouveau nommé demain à l'issue des consultations parlementaires contraignantes qu'organise la présidence de la République au palais de Baabda.
La première réunion internationale consacrée au Liban depuis le déclenchement du soulèvement s'est tenue le 11 novembre à Paris. Elle a adressé depuis la capitale française un message clair : le Liban n’est pas abandonné, mais il doit former dans les plus courts délais un gouvernement "efficace et crédible" capable de mener à bien les réformes nécessaires pour continuer de jouir de l’appui de la communauté internationale.
Réuni au Quai d’Orsay, le Groupe international de soutien au Liban avait estimé qu’il était "urgent de mettre en place un nouveau gouvernement aussi vite que possible". La réunion était coprésidée par la France et les Nations unies, et rassemblait des représentants de la Chine, d’Égypte, d’Allemagne, d’Italie, de France, du Koweït, des Émirats arabes unis, de Russie, du Royaume-Uni et des États-Unis, de même que de plusieurs institutions internationales, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Les États-Unis étaient représentés par leur secrétaire d’État adjoint pour le Moyen-Orient, David Schenker. L’Arabie saoudite, donnée initialement présente, n’était finalement pas autour de la table.
A cette occasion, Jean-Yves Le Drian avait déjà appelé les responsables politiques à "mettre de côté leurs intérêts propres et avoir à l’esprit l’intérêt général de tous les Libanais". "Les Libanais sont mobilisés depuis plusieurs semaines pour demander des réformes. Ils doivent être entendus. La situation économique du pays l’exige", avait-il martelé. "Le seul critère doit être celui de l’efficacité de ce gouvernement au service des réformes attendues par la population" avait estimé M. Le Drian, lors de la séance de clôture de la réunion.
Samedi soir, à Beyrouth, des dizaines de personnes ont été blessées dans des heurts, alors que les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser des manifestants antipouvoir. Les manifestations de masse qui secouent le Liban depuis le 17 octobre pour dénoncer une classe politique accusée de corruption et d'incompétence se tiennent généralement dans le calme. Mais ces dernières semaines, les accrochages se sont multipliés. A plusieurs reprises, des partisans du Hezbollah et d'Amal s'en sont pris à des rassemblements de la contestation, à Beyrouth, mais aussi à Tyr et Baalbeck, deux grands bastions des partis chiites. Cette semaine, l'armée et la police ont aussi eu recours à la force pour disperser les contestataires.
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Monsieur Le Drian sait pertinemment qui est derrière le blocage du processus de sauvetage. Malheureusement si les libanais n'ont pas le courage de les nommer personne ne pourra rien pour le Liban. Ce n'est pas aux états amis de le faire. Au lieu de prendre des tournures pour expliquer que HB, Amal et leurs supporters il faut que les partis opposant les dénoncent et les clouent au pilori face à leurs actes. Il faut demander de l'aide aux autres pays ouvertement en précisant que nous sommes coincés et ne pouvons plus avancer à cause de Hassan Nassrallah qui prend le pays et ses citoyens en otage pour exécuter les plans d'Iran. Mais il faut que ca soit fait publiquement et officiellement sans retenue. Le seul moyen d'y arriver est de faire un choix patriotique quitte à fâcher HN pour le pousser à se démasquer. Voilà tout. Soit il sera un vrai patriote et se plie à la volonté du peuple ou bien il montre ses crocs et ce sera aux libanais de jouer. Il est en train de créer un terrain favorable à une sédition et utilise avec Berry le plan de diviser le peuple et ses protecteurs avec la bénédiction du CPL alors vite agissez avant qu'ils ne réussissent leur coup. Les échauffourées de samedi en sont la meilleure preuve.
23 h 32, le 15 décembre 2019