Comment faites-vous pour dormir le soir ? Comment pouvez-vous poser la tête sur l’oreiller et ne pas penser aux saloperies que vous avez commises pendant des années ? Quel genre de reflet les miroirs vous renvoient-ils ?
Honnêtement, la plupart des Libanais connaissent la réponse. Les réponses. Vous dormez à poings fermés, sourire narquois aux lèvres et lorsque vous vous levez le matin pour affronter une nouvelle journée d’exactions, de vol et de violence, vous vous souriez dans le miroir de votre salle de bains. Heureux comme Crésus. Non, vous n’avez pas honte. Pas honte d’avoir pillé vos citoyens, bousillé l’infrastructure de notre pays, emprisonné vos opposants, détruit notre environnement, joué avec les banques. Non, vous n’avez pas honte. Loin de là.
Vous n’avez pas honte face au peuple qui crève de faim. À ces hommes qui se sont suicidés faute de pouvoir donner de l’argent à leurs enfants. Face aux 3 000 sociétés qui ont fermé leurs portes; aux 160 000 personnes qui ont perdu leur emploi et aux 100 000 qui vont suivre ; aux 40 % des sociétés qui ont baissé les salaires; aux enfants qui ne fêteront pas Noël ; aux enfants qui lavent leurs habits le soir pour les reporter le lendemain. Face à ceux qui cherchent désespérément de quoi manger dans les poubelles. Vous n’avez pas honte de voir les gens se noyer dans les rues inondées, les voitures couler, la boue se répandre.
Vous n’avez jamais eu honte. Parce que vous n’êtes pas libanais. Vous êtes une espèce méprisable ayant fait un pacte avec tous les diables de la planète. Et vous vous croyez encore tout permis. Vous décidez que certains quartiers de Beyrouth et d’ailleurs vous appartiennent. Vous avez soudoyé un tas de gens pour vous protéger et continuer à régner. Sauf que vous n’aviez pas prévu la colère du peuple. Toutes classes confondues, toutes confessions confondues. Vous n’avez pas vu plus loin que le bout de votre nez, même si ça fait plus de 30 ans que ça dure. Et là, vous pensez que la rue s’essouffle. Que la thaoura s’essouffle. Que dans quelque temps, tout rentrera dans l’ordre.
Sauf que janvier arrive. Et il arrive rapidement. Il est à nos portes. Parce que si décembre donne encore un (tout petit) peu d’espoir à tous ceux qui ont besoin de renflouer leurs caisses, à tous ceux qui attendent impatiemment les expats, à tous ceux qui doivent joindre les deux bouts et qui bénéficient de la solidarité de leurs compatriotes en cette période de tristes fêtes, janvier arrive. Février et mars le suivant de très près. Et là, la révolution prendra un nouveau visage. Et c’est vous que le peuple bouffera tout cru. Parce que la faim, la peur et le désespoir n’ont pas de limites. Ni de dieu(x). Il suffit qu’une infime partie d’un peuple se soulève pour qu’un régime tombe. Trois pour cent d’un peuple. Et là, nous sommes bien plus nombreux. Et dans quelque temps, nous serons encore plus nombreux, vous attendant au tournant… ou en bas de chez vous. Mais ça, vous ne le voyez pas non plus. Vous jouez à Star Academy en proposant chaque quelque temps un nouveau Premier ministre. Vous traînez, reportez les consultations depuis près de deux mois maintenant. Et le temps joue contre vous. Contre vous, vos voyous, vos armes, vos magouilles. Le temps est du côté du peuple. Ce peuple à qui appartient ce pays et pour lequel il se bat, lui. Il se bat avec ses propres armes. Le pacifisme, la désobéissance civile, les marches, les rassemblements.
Vous allez avoir l’air fin dans pas très longtemps. Très prochainement même. Votre arrogance et votre mépris n’y pourront rien. Vous n’y pourrez plus rien. Rah tker el-massbaha. Et si vous pensez vous en sortir, en vous réfugiant comme d’autres dans des ambassades, en fuyant vers d’autres contrées, ça ne va probablement pas être le cas. Parce que partout ailleurs, ils sont tombés. Les dictateurs, les voleurs, les assassins, les monstres comme vous. Et même si vous êtes encore dans le déni le plus total, ne prenant pas en compte les revendications du peuple, essayant encore de vous partager le gâteau en mettant vos sbires au gouvernement, sachez qu’au-delà de la désolation, de la destruction, du vide et même de la mort, il y a une chose contre laquelle vous ne pourrez rien, c’est la liberté. Allah yesterkon… ou pas.
commentaires (9)
Honneur Mme Medea Azouri. Un pays aussi beau que le Liban ils sont entrain de le détruire , il pouvait dépasser les voisins sionistes au tourisme car un petit pays comme le Liban il y a de tout , tourisme culturel et pèlerinage . J'ai amène ma fille et son mari , Italien , en Juillet , heureusement , ils ont été émerveilles. Merci encore une fois madame .
Eleni Caridopoulou
18 h 58, le 17 décembre 2019