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Liban - Crise

Nasrallah pave la voie aux consultations, mais maintient le flou sur la forme du prochain gouvernement

Le chef du parti chiite appelle toutes les parties à assumer leurs responsabilités pour sortir le pays de l’impasse.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 26 juillet 2019. Capture d’écran al-Manar

C’est un discours pondéré qu’a prononcé hier le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui s’est dit en faveur d’un gouvernement de partenariat national dans lequel toutes les parties politiques sans exception devraient, selon lui, assumer leurs responsabilités pour trouver une issue à la crise. Lors de ce discours retransmis à la télévision trois jours avant les consultations parlementaires contraignantes pour la nomination d’un futur Premier ministre, le chef du parti chiite s’est toutefois abstenu de se prononcer sur la forme que devrait prendre le prochain cabinet ou en faveur de quel candidat le bloc parlementaire issu de son parti se prononcera, même s’il a exprimé son soutien à la candidature du Premier ministre sortant Saad Hariri. S’il s’est abstenu de commenter la décision annoncée la veille par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, de ne pas intégrer le prochain gouvernement, quelle que soit sa mouture, Hassan Nasrallah a quand même insisté sur la nécessité que le courant aouniste puisse être représenté au sein du prochain cabinet, quelle que soit la forme de cette représentation. « Nous appelons à un gouvernement qui puisse être le plus représentatif possible, qui ne contrevienne pas à l’esprit du pacte national », a affirmé Hassan Nasrallah, soulignant par ailleurs qu’aucune composante du pays ne doit être exclue.

Le chef du Hezbollah a justifié ce choix par le fait notamment que les parties politiques dans leur ensemble doivent assumer la responsabilité de la gestion de la crise. « Cette situation requiert la solidarité et la coopération entre toutes les parties, y compris le CPL », a-t-il insisté.

Un gouvernement d’union nationale reste, pour Hassan Nasrallah, le seul susceptible de protéger les intérêts du pays, ce qui n’est pas le cas pour un cabinet monochrome à un moment aussi sensible où le pays a besoin de « stabilité interne », a-t-il laissé entendre.

En mettant en garde contre le risque de tension qu’un tel scénario pourrait générer, notamment dans le cas de figure d’un gouvernement uniquement composé du camp du 8 Mars (avec principalement le CPL, les Marada, le Hezbollah et le mouvement Amal), le chef du parti de Dieu faisait allusion au risque d’un affrontement sunnito-chiite que son parti cherche à éviter à tout prix, notamment depuis que la rue sunnite s’est mobilisée à plusieurs reprises en faveur de M. Hariri.


(Lire aussi : Fumant !, l'éditorial de Issa GORAIEB)



« Un gouvernement du Hezbollah »
Un cabinet monochrome serait par ailleurs considéré par la communauté internationale comme « un gouvernement du Hezbollah, ce qui n’est pas dans l’intérêt du peuple libanais », a encore précisé Hassan Nasrallah. C’est le même principe qui s’applique pour un gouvernement uniquement composé des forces du 14 Mars, une option également impensable selon lui, étant donné que la majorité, aux mains du camp adverse, devrait encore donner sa confiance à un tel cabinet. « Comment un gouvernement monochrome pourrait-il faire face à une crise de cette ampleur ? Cette situation requiert la solidarité et la coopération entre toutes les parties. Un gouvernement monochrome, qu’il soit celui de notre partie ou celui de l’autre, serait un mauvais choix et n’aiderait pas à sauver le pays », a-t-il insisté.

Ayant affirmé avoir éliminé d’emblée ce choix, Hassan Nasrallah a précisé que l’option restante était celle d’un gouvernement de partenariat national qui pourrait inclure des représentants du mouvement de contestation que présiderait soit M. Hariri, soit quelqu’un d’autre, a-t-il laissé entendre. En laissant la porte ouverte à une alternative à M. Hariri, sans trop y croire cependant, le chef du Hezbollah a vraisemblablement voulu sauver la face en démontrant son respect du libre choix laissé aux députés et éviter d’empiéter sur le processus constitutionnel.

Il a toutefois saisi l’occasion pour lancer un message dosé à M. Hariri qui, a-t-il dit, « a posé une série de conditions jugées impropres par notre camp, et dont certaines aboutiraient à l’exclusion d’autrui », exhortant le Premier ministre sortant « à jeter du lest » pour pouvoir parvenir à un compromis. Il a affirmé avoir accepté l’option de la candidature de M. Hariri ou d’une personnalité avalisée par lui, rappelant que dans ce cadre, les noms de plusieurs candidats sunnites avaient été proposés, ceux de Mohammad Safadi, Bahige Tabbara et Samir Khatib, des noms que le parti a acceptés tour à tour. « Le plus important, c’est que le cabinet puisse réaliser les réformes requises », a-t-il déclaré.

« Si le gouvernement (sortant) était resté en place, et que le mouvement de contestation s’était poursuivi, le cabinet aurait été tout à fait prêt à préparer et mettre en œuvre des réformes », a-t-il indiqué en rappelant qu’il s’était opposé dès le départ à la démission de M. Hariri.


(Lire aussi : Consultations : comment se présentent les positions des partis chrétiens ?)


Évoquant les exigences du Groupe international de soutien au Liban, réuni mercredi dernier à Paris, qui avait conditionné l’aide à apporter au Liban par un gouvernement capable de mettre en place des réformes, Hassan Nasrallah a affirmé que cela n’induit pas nécessairement la forme que devrait prendre le prochain cabinet.

« Cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agit d’un gouvernement de technocrates ou techno-politique, mais plutôt d’un cabinet de sauvetage », a précisé Hassan Nasrallah. S’abstenant de se prononcer dans un sens ou un autre, il a laissé entendre qu’il n’y a pas lieu de brûler les étapes, et qu’il faudra d’abord passer le cap de l’échéance de la désignation avant de passer à celle de la composition, une prérogative qui revient au Premier ministre désigné et au chef de l’État.

Aucune indication non plus sur la personnalité que le bloc du Hezbollah compte nommer lundi, le chef du parti chiite ayant laissé entendre qu’il en sera décidé en temps voulu. Certaines informations de presse avaient laissé entendre que bien qu’ayant avalisé la candidature de M. Hariri, le Hezbollah pourrait s’abstenir de le nommer, de sorte à ne pas le faire bénéficier d’une majorité confortée, pour mieux négocier la composition du gouvernement par la suite.


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commentaires (10)

La folie c'est de répéter les mêmes erreurs et espérer des résultats différents

Liban Libre

19 h 59, le 14 décembre 2019

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Commentaires (10)

  • La folie c'est de répéter les mêmes erreurs et espérer des résultats différents

    Liban Libre

    19 h 59, le 14 décembre 2019

  • On en veut plus de cette histoire de gouvernement de désunion national et de partage du maigre gâteau qui reste. Cette formule maintes fois essayée a toujours échoue et a mis le pays dans cet état il est temps de passer à autre chose

    Liban Libre

    19 h 42, le 14 décembre 2019

  • Les discours de cet énergumène reste inchangés en nous faisant croire qu'il fait des concessions, ils nous prend pour des shtrumphs. Surtout lorsqu'il évoque un gouvernement monochrome avec le 8 mars ou l'autre. Mais même pas en rêve petit. Cela ne serait accepté par aucun libanais. Nous ne sommes pas sur Mars là, il faut atterrir. Vous devez tous partir ça ne veut pas rentrer? et bien tant pis. Non il n'y aurait pas de participation ni du HB, CPL, FUTUR, OU FL dans le prochain gouvernement. Et arrêtez de tourner autour du pot et de jouer au patriote qui veut arranger la situation et sauver ce pays. C'est évident, Il n'y a que vous qui le bloquez, pour le mener vers le néant. Il a peur que le gouvernement technocrate ne soit pas en mesure de régler les problèmes politiques... Qu'il nous cite un seul pays qui a un problème politique avec le Liban. En dehors du refus de tous les états d'aider le Liban tant que HB en ferait partie, il n'y a aucune guerre en suspens contre le Liban sauf celle qu'il veut toujours déclencher sur commande contre les Israëliens. Et ce problème se verra résolu avec son départ et son désarment. Nous avons et aurons toujours notre armée qui serait là pour veiller sur la protection les droits et les frontières de notre pays. Tout ce qu'il avance comme théories ne collent pas avec notre projet du nouveau Liban, alors il improvise et en attendant des citoyens se suicident.

    Sissi zayyat

    19 h 08, le 14 décembre 2019

  • Comment peut-il se faire qu'on se réclame être libanais, et concevoir un Liban sans ses héros? Le désir de voir ze big boss ne plus faire partie de notre paysage national n'est pas un projet bien de chez nous , mais bien d'ailleurs. On ne brûle pas ses icônes et cartes maîtresses.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 23, le 14 décembre 2019

  • Nous ne remercierons jamais assez la révolution Irakienne qui nous a montré et donné l' exemple malgré hélas tous ces morts à mettre à l' actif de la tutelle Iranienne mais qui a ramené à la raison nos dictateurs locaux . Ainsi le mur sur lequel ils auraient pu s' adosser à savoir le mur Persan s' est effondré avec l' Irak et un mythe est tombé. Monsieur HN la révolution Libanaise a besoin de s' armer d'idées fortes constructives basées sur le Libanisme de chacun et non de missiles ou de drones qui n'iront que chatouiller l' ennemi .

    PROFIL BAS

    14 h 30, le 14 décembre 2019

  • HN est un élément stabilisateur du pays, pour cette raison Israël chercherait à l'éliminer. Détestez sa politique avec modération SVP.

    Shou fi

    10 h 10, le 14 décembre 2019

  • IL NE FAIT QU,EXECUTER DES ORDRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 47, le 14 décembre 2019

  • Seyd Nasrallah insiste: pas de cabinet monochrome, pas de gouvernement de technocrates, mais un gouvernement de partenariat national dirigé par Hariri pour encourager la communauté internationale à financer le Liban. Si Bassil et Nasrallah se retrouvent acculés à nommer Hariri le lundi, en revanche ils n'ont pas l'intention de le laisser former un gouvernement à sa guise. Ils vont trainer les pieds et perdre du temps précieux au détriment des intérêts de tous les Libanais et du secteur privé. Les dirigeants restent indifférents et continuent à se disputer entre eux sachant que les donneurs de fonds ne vont pas avancer l'argent à Hariri sans réformes profondes. Pour les anti-protestataires je dis: arrêter de perdre du temps et rejoignez la Révolte. Après tout, la majorité parlementaire actuelle c'est grâce à l'alliance du Mustaqbal avec le CPL qui a fait perdre des sièges à Hariri et a fait gagner d'autres au CPL.

    Zovighian Michel

    08 h 03, le 14 décembre 2019

  • Hier le haut commissaire de la Sublime apporte iranienne à dicté la feuille de route aux responsables de cette province Iranienne qu’est devenu le Liban. Personne n’a trouvé à redire sur une apparition télévisée réservée aux seuls chefs d’état. Georges Tyan

    Lecteurs OLJ 3 / BLF

    07 h 53, le 14 décembre 2019

  • Et sa responsabilité a lui de ce désister, quand est-ce qu’il va l’assumer. Don't do unto others what you don't want done unto you. Confucius

    Christian Tabet

    03 h 41, le 14 décembre 2019

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