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Liban - Crise

Gebran Bassil feint de tirer son épingle du jeu

Le CPL refuse de participer à un gouvernement techno-politique présidé par Saad Hariri, assure son chef, qui lui prédit « un échec certain ».

Gebran Bassil a annoncé hier au cours d’une conférence de presse à Mirna Chalouhi qu’il se positionne désormais dans un genre d’opposition constructive. Mohamed Azakir/Reuters

Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a feint hier de tirer son épingle du jeu, affirmant qu’il ne participerait pas à un gouvernement techno-politique tel que celui que propose Saad Hariri, auquel il prédit un échec certain au cas où il serait formé. Toutefois, en milieu de raisonnement, et par égard selon lui à ceux qui refuseraient de participer à un gouvernement dont le bloc parlementaire chrétien le plus fort serait absent, M. Bassil a proposé une alternative à une telle formule : il s’est dit partisan d’un gouvernement entièrement composé de visages nouveaux, y compris au niveau de la présidence du Conseil. Ce gouvernement, a-t-il ajouté, tout en étant formé de technocrates, refléterait également les équilibres politiques tels qu’ils ont été dessinés par les précédentes législatives.

À quelques jours des consultations parlementaires contraignantes prévues lundi à Baabda, à la veille d’un discours attendu aujourd'hui du secrétaire général du Hezbollah, et quelques heures aussi après s’être réuni avec le président de la Chambre, qui a affirmé qu’il ne participera pas à un gouvernement dont le CPL serait absent, il paraît évident que la prise de position de M. Bassil est une manœuvre et non une proposition sérieuse de solution, une façon de tirer le tapis de sous les pieds de Saad Hariri.

Gebran Bassil a lancé en effet une attaque en règle contre le Premier ministre sortant, qu’il a accusé de chercher à jouer « le jeu de la conformité au pacte » au niveau de la nomination du chef du gouvernement tout en essayant de s’en dégager au niveau de la formation de son équipe.

Il va de soi que la position de M. Bassil n’est pas une position de principe, mais une sorte de contre-manœuvre politique, notamment au ballet de l’élimination successive de trois de ses rivaux par M. Hariri. Le côté manœuvre éclate aussi de toute évidence, le projet de M. Bassil ne faisant aucune place aux choix et aspirations du soulèvement populaire. Enfin, il n’a pas été question dans le discours de M. Bassil de la personnalité que le CPL nommera lundi lors des consultations parlementaires.



(Lire aussi : Chah perché, le billet de Gaby NASR)



Double insistance
Plus profondément, c’est la double insistance d’abord de M. Hariri à chercher à imposer un gouvernement de technocrates dont le chef du CPL serait absent, ensuite du tandem chiite à vouloir un gouvernement présidé par Saad Hariri, le leader le plus fort de la communauté sunnite, qui semble avoir forcé M. Bassil à agir comme il le fait. Et ce faisant, c’est peut-être au Hezbollah qu’il chercherait à forcer la main plutôt qu’au Premier ministre sortant. Or, l’instance du Hezbollah s’explique de trois façons. D’abord, ce parti est attaché au modus vivendi conclu avec M. Hariri en 2014, en vertu duquel ce dernier, accordant à la stabilité interne du Liban la priorité sur toute autre question, avait accepté de mettre entre parenthèses, comme un problème à dimension régionale, la question des armes du parti chiite. En deuxième lieu, et comme de juste, la présence du courant du Futur à la tête du gouvernement assure au Hezbollah la couverture sunnite dont il a besoin vis-à-vis de ses adversaires ou ennemis politiques, à l’intérieur comme sur le plan arabe et international. Enfin, la présence de M. Hariri à la tête d’un gouvernement est la meilleure garantie que les clés du coffre aux aides internationales finiront par être confiées (ou prêtées… sous condition).



(Lire aussi : Algérie, Irak, Liban : la question du compromis, le commentaire d'Anthony SAMRANI)



Dans l’attente du Hezbollah
Le CPL a-t-il mieux à proposer ? Parviendra-t-il à ses fins ? En tout cas, il ne faut pas oublier qu’à un moment donné, il a joué la carte d’un gouvernement monochrome reposant sur la majorité numérique dont il peut se prévaloir sur le plan parlementaire. Toutefois, le Hezbollah avait catégoriquement rejeté cette option, se montrant attaché à ce qu’il considère comme un acquis non négociable de l’accord de Taëf, à savoir la formation d’un gouvernement d’union nationale.

En tout état de cause, les observateurs attendent impatiemment le discours que doit tenir aujourd’hui le secrétaire général du Hezbollah. Selon une source généralement bien informée, Gebran Bassil aurait coordonné son action avec ce dernier. On en aura le cœur net aujourd’hui. Mais il est douteux que le parti chiite décide de contrer le courant sunnite dominant, tel qu’il s’est exprimé en particulier par la voix du mufti Abdellatif Deriane. Et il lui sera tout aussi difficile d’accepter de participer à un gouvernement dont les deux grands partis représentatifs de la communauté chrétienne, le CPL et les Forces libanaises, auxquels s’ajoutent les Kataëb, seraient absents.

Sur un plan plus tactique, on assure de source informée que le CPL tentera de donner une majorité plutôt étriquée de l’ordre de 70-75 voix à Saad Hariri au cours des consultations de lundi. Il aurait ensuite l’intention d’agiter la rue pour faire tomber avant même qu’il ne soit formé le gouvernement de technocrates retenu comme option par M. Hariri. Et la ronde pourra ensuite reprendre.


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commentaires (18)

De grâce, arrêtons ce déferlement de haine et d’insultes. Ce monsieur représente que nous le voulions ou non une partie non négligeable de libanais, comme vous et moi. Son groupe parlementaire est le plus important de notre « honorable » assemblée. Nous avons le droit et même le devoir d’exprimer notre désaveu quant à sa politique, mais nous avons aussi le devoir de respecter ses opinions, sans faire de procès d’intention, tout comme le titre de OLJ le suggère.

Nader

14 h 28, le 13 décembre 2019

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Commentaires (18)

  • De grâce, arrêtons ce déferlement de haine et d’insultes. Ce monsieur représente que nous le voulions ou non une partie non négligeable de libanais, comme vous et moi. Son groupe parlementaire est le plus important de notre « honorable » assemblée. Nous avons le droit et même le devoir d’exprimer notre désaveu quant à sa politique, mais nous avons aussi le devoir de respecter ses opinions, sans faire de procès d’intention, tout comme le titre de OLJ le suggère.

    Nader

    14 h 28, le 13 décembre 2019

  • MR BASSIL EST FOU FURIEUX PARCEQUE MR HARIRI A FAIT ECHOUER SON BEAU MINISTERE A SA GUISE ECHAFAUDE AVEC MR KHATIB PENDANT UNE LONGUE SEMAINE IL EST TELLEMENT ENERVE DE SAVOIR QU'IL NE SERA PAS MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DANS LE PROCHAIN GOUVERNEMENT ET NE POURRA PLUS SE PAYER LES VOYAGES DE PAR LE MONDE ET LE LUXE DES SALONS D'HONNEUR PRIVES AU FRAIS DU GOUVERNEMENT IL CHOISI HUMBLEMENT D'ETRE DANS L'OPPOSIION LUI QUI EST LE GENDRE ET LE PRETENDANT AU TRONE DANS TROIS ANS A QUI VEUT IL FAIRE CROIRE CELA? M HARIRI SERA PEUT ETRE NOMME DURANT LES CONSULTATIONS PREMIER MINISTRE MAIS LA RUE EST DIVISEE POUR LE MOMENT A VRAI DIRE AUJOURDH'UI , DE L'AVIS LOCAL EST INTERNATIONAL IL EST LE PLUS A MEME DE DIRIGER UN MINISTERE DE TECHNOCRATES, CAR IL A L'APPUI DES PAYS QUI AIDERONT LE LIBAN ET DES AMITIES FORGEES DANS LE TEMPS AVEC PAR EXAMPLE LE PRESIDENT MACRON ET POMPEO ( QUI VIENT DE DEBLOQUER DEUX AIDES AU LIBAN) ET MEME AVEC POUTIN JE PENSE SINCEREMENT QU'IL FAUT LUI DONNER LA CHANCE DE REUSSIR ET QUE LES REVOLUTIONNAIRES DEVRAIENT ETRE DEJA CONTENT SI ILS OBTIENNENT UN MINISTERE DE TECHNOCRATES NON NOMMES PAR LES PARTIS. M HARIRI N'EST CERTES PAS UN ANGE NI LES PERSONNES AUTOUR DE LUI MAIS IL A AUSSI ETE EMPECHE DE FAIRE UN PROGRAMME DE PART LA NATURE DU GOUVERNEMENT IMPOSE A LUI APRES 8 MOIS DE CONSULTATIONS PAR LE CPL, AMAL ET HB POUR MOI LE TRIO AOUN BERRY HARIRI RESTE AU POUVOIR JUSQU'A ETRE EJECTE EN MEME TEMPS

    LA VERITE

    13 h 03, le 13 décembre 2019

  • Tous ces politiciens sont Libanais où ils sont pour le fauteuil et l'argent ?

    Eleni Caridopoulou

    12 h 54, le 13 décembre 2019

  • Plaisantin, sans autre consistance en quoi que ce soit Ses passages dans les différents ministères lui ont ont permis de s'enrichir et d'être en sécurité pécuniaires jusqu'à la fin de sa vie

    FAKHOURI

    12 h 15, le 13 décembre 2019

  • Dans toutes ces combines, magouilles...où se trouvent l'intérêt et le sauvetage d'un pays et son peuple au fond du gouffre ? "Courant patriotique libre"...ça signifie quoi exactement pour son "chef" ? Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 06, le 13 décembre 2019

  • Si ce Monsieur avait la capacité d'avoir le moindre pouvoir sur la rue il n'aurait pas hésité à l'utiliser il y a fort longtemps. Ils prend ses phantasmes pour des réalités. Quant à la majorité dont il parle, de quelle majorité s'agit il? Les partis qui s'étaient ralliés à eux en 2013 ont pris leur distance et se sont retirés pour se ranger derrière la rue. Joumblat, Geagea, le parti du Liban fort. Qui lui rete-t-il comme alliés. Amal et HB et son cher beau père. Avec ça il n'ira pas très loin puisque la communauté internationale refuse de donner l'argent promis tant que ces derniers feront partie du gouvernement. Alors à sa place je ferai profil bas et je la mets en sourdine en souhaitant bonne chance au nouveau PM qui ne sera pas Hariri de toute façon et je prie pour que le Liban retrouve enfin une issue au piège qui je lui ai tendu avec mes acolytes. Le gouvernement ne sera pas techno-politique il sera technocrate donc aucun de ces partis ne sera représenté alors Taef ne fera plus la règle de ce revirement historique. ils ne leur reste plus qu'a se poster dans un endroit ou ils peuvent observer pour apprendre comment on dirige un pays, en attendant de rendre l'argent volé par leurs soins. Personne ne voit Hariri comme un saint mais au moins lui essaie de réparer les dégâts qu'il avait causé alors que les autres sont toujours dans le déni et continuent d'élaborer des complots pour achever leur sale besogne.

    Sissi zayyat

    10 h 47, le 13 décembre 2019

  • AVANT QU,IL NOUS PARLE DE LA FORME DE GOUVERNEMENT ET DE LA CORRUPTION QU,IL COMMENCE A NOUS PARLER DES BARGES TURQUES DE LA LATTA ET DE SES PRISES DE POSITION CONTRE LES INTERETS DU PAYS. BON DEBARRAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 18, le 13 décembre 2019

  • ...... et bien entendu jobran pense etre gagnant sur tous les tableaux , quoiqu'il arrive , sachant tres bien que meme cela s'avere possible, meme hors du gouv, il a assez d'allies qui l'aideraient a mettre de tres gros batons dans les roues , echec du gouv , delire des aounistes appelant O SAUVEUR

    Gaby SIOUFI

    10 h 06, le 13 décembre 2019

  • J'AIME LE TITRE DE CET ARTICLE QUI RESUME EN JUSTE QQS MOTS LA VRAIE PERSONNALITE DE JOBRAN : ""BASSIL FEINT DE TIRER SON EPINGLE DU JEU "". et bien entendu ce qu'il a fait c'est lui rendre la pareille ,essayer de coincer le hariri, apres avoir passe Dieu sait quel accord avec HN

    Gaby SIOUFI

    10 h 02, le 13 décembre 2019

  • Oh, mais que serait la vie sans vous, cher Monsieur ? Tout simplement belle !

    Brunet Odile

    09 h 58, le 13 décembre 2019

  • La solution est de remettre le pays au main de l armée ou a l'armée de l'onu. Puisque n'importe quel solution il va toujrs avoir la rue. Si on forme un gouvernement sans hezbollah , amal et cpl, ils vont descendre dans la rue. Et la rue du hezbollah, amal, cpl ne sera pas pacifique. Alors pour éviter qu'ils utilisent la force, c'est un gouvernement martial qui devra etre chargé de nommer des professionnels pour régler les gros problème du pays

    ANTOINE

    09 h 52, le 13 décembre 2019

  • T'inquietes pas mon bonhomme tes dossiers pourris vont apparaitre et ce n'est pas hariri qui va les sortir des tiroirs mais tes juges que tu as nomme...parcequ'ils eux ' ,ils vont avoir peur du verdict populaire....voila ta crainte...

    Houri Ziad

    09 h 30, le 13 décembre 2019

  • Si cet individu pense pouvoir agiter la rue une fois que sera nommé un gouvernement sans ses sbires... cela prouverait qu'il s'agit d'un être dépourvu de tout sens moral, d'honnêteté et d'intégrité où dans le pire des cas il se poserait en sauveur de la nation ...qu'il ne sera jamais et qui devrait intégrer au plus vite les poubelles de l'histoire.

    C…

    08 h 45, le 13 décembre 2019

  • Vous avez l'habileté de présenter toujours les mêmes personnes comme des manipulateurs patentés et de dédouaner les autres en les présentant comme des patriotes qui ne veulent que le bien du pays... un peu d'objectivité et de recul ne bous fera pas de mal. La rue réclame un Gouvernement de Technocrates mais ne mentionnez jamais qu'il doit aussi être dirigé par un technocrate. Sinon cela n'aurait aucun sens. Pourquoi Gariri serait le seul à être dédouané de la purge politicienne?

    Bou Abdou Steeve

    08 h 38, le 13 décembre 2019

  • "... Il aurait ensuite l’intention d’agiter la rue pour faire tomber avant même qu’il ne soit formé le gouvernement de technocrates ..." Donc finalement c’est la politique du ‘Moi ou personne d’autre’? Ou pas? Ou seulement dans un sens? On ne comprend plus rien.

    Gros Gnon

    08 h 17, le 13 décembre 2019

  • Quand les événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs. (Georges Clemenceau). Pathétique.

    Elie Haddad

    08 h 03, le 13 décembre 2019

  • Quel civisme, pour ce grand homme d'état, la rue est en ébullition, il continue à avoir une attitude irresponsable. au lieu de souhaiter du succès pour ce gouvernement afin de sauver ce qui reste de l'économie. il continue de provoquer un rapport de force, comme celui qui existait avant le 17 octobre c'est navrant d'être aussi sourd aux cris du peuple .

    Élie Aoun

    05 h 16, le 13 décembre 2019

  • Monsieur Noun, L'expression "tirer son épingle du jeu" qui signifie "sauvegarder ses intérêts" n'est pas appropriée ici - j'imagine que vous vouliez dire "feint de se retirer"?

    El moughtareb

    00 h 54, le 13 décembre 2019

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