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À La Une - Liban

Jour 40 : les protestataires maintiennent la pression au lendemain d'une longue nuit de tension à Beyrouth

Journée de grève générale et de "désobéissance civile" dans le Akkar et à Saïda.

Autour de Tripoli, l'une des places fortes de la contestation, les routes étaient coupées, lundi 25 novembre 2019, notamment sur l'autoroute côtière à hauteur de Bohsas, où des dizaines de manifestants se sont rassemblés et brûlé des pneus. AFP / Ibrahim CHALHOUB

Les axes routiers à Beyrouth et dans les régions libanaises étaient progressivement rouverts lundi matin au 40ème jour d'un mouvement inédit de contestation contre la classe dirigeante accusée d'incompétence et de corruption, après une longue nuit de tension, marquée par de violents accrochages entre partisans du Hezbollah et protestataires dans la capitale.

Alors que l'impasse politique semble totale, et qu'aucune date pour des consultations parlementaires, première étape pour la nomination d'un nouveau Premier ministre, n'a encore été fixée, il semblerait que le mouvement de révolte populaire se durcisse cette semaine. Des appels à la grève générale et la "désobéissance civile" ont été lancés dimanche soir dans le Akkar, au Liban-Nord, et à Saïda, au Liban-Sud.

Plusieurs axes routiers étaient ainsi fermés lundi matin au Liban-Nord. Autour de Tripoli, l'une des places fortes de la contestation, les routes étaient coupées, notamment sur l'autoroute côtière à hauteur de Bohsas, où des dizaines de manifestants se sont rassemblés et brûlé des pneus. L'armée libanaise s'est déployée sur les lieux pour négocier avec les protestataires et rouvrir les voies, ce qui a été fait à 11 heures. Plusieurs axes étaient également coupés dans les régions du Akkar, Minié, Denniyé et du Koura, où des étudiants ont bloqué l'entrée de l'université Balamand.

A Saïda, la circulation était normale, mais les écoles étaient fermées, selon notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. Néanmoins, plusieurs manifestants ont organisé une marche dans les villes vers les branches locales d'Electricité du Liban, de la compagnie publique de téléphone Ogero et du centre d'enregistrement des véhicules.

En outre, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), cinq contestataires qui ont tenté de bloquer les routes la matin ont été arrêtés par les services de renseignement de l'armée. La mouvance nassériste du député Oussama Saad a appelé à la libération de ces trois individus dont quatre ont été relâchés dans l'après-midi, selon l'Ani.

A Beyrouth, une vingtaine de protestataires, dont certains drapés de drapeaux libanais, s'étaient rassemblés à 10 heures, secteur Kantari, et d'autres étaient assis à même la chaussée dans le quartier de Hamra, avant d'être délogés peu avant 11 heures par les forces de l'ordre. Dans le centre-ville de la capitale, au lendemain des accrochages entre des partisans du Hezbollah et des manifestants, les artères ont été rouvertes à la circulation. Plusieurs voitures ont eu les vitres cassées et des biens publics ainsi que des magasins ont été endommagés. Sur la place des Martyrs, une quinzaine de tentes installées par les manifestants ont été détruites. Des destructions ont également été enregistrées rue Monot. 

D'autres routes ont été bloquées dans la Békaa-Ouest, à hauteur de Ghazé, Jeb Jennine, Taalabay et Hoch el-Harimé. A Saadnayel, dans le caza de Zahlé, les manifestants ont quitté d'eux-mêmes la route qu'ils coupaient depuis le début de la matinée, selon notre correspondante sur place Sarah Abdallah, qui a indiqué que l'armée a d'abord tenté de disperser les manifestants en utilisant du gaz lacrymogène, avant de se retirer.

A Baabda, des contestataires se sont rassemblés sur la route menant au palais présidentiel, où des soldats étaient déployés, pour réclamer la désignation rapide d'un nouveau Premier ministre "honnête", pouvait-on lire sur l'une des pancartes brandies par des manifestants. 

Ailleurs, l'armée avait procédé en tout début de matinée à l'ouverture de l'autoroute entre Jbeil et Saïda, également dans les secteurs de Chevrolet, Dora et Furn el-Chebbak, à la lisière de Beyrouth. Parallèlement, les routes ont été ouvertes à hauteur de Jal el-Dib dans le Metn, Khaldé dans le caza de Aley, et à Naamé dans le Chouf, où des protestataires avaient coupé les voies au moyen des pneus brûlés, après la montée de tension à Beyrouth.



(Lire aussi : Garder le moral, coûte que coûte, l'édito de Elie FAYAD)



13 arrestations à Jal el-Dib et Zouk
En fin de matinée, les trois manifestants arrêtés dimanche soir alors qu'ils manifestaient sur l'autoroute côtière à hauteur de Zouk Mosbeh, dans le Kesrouan, et détenus dans la caserne de Sarba, ont été relâchés. Une délégation de l'Ordre des avocats s'est rendue sur les lieux, où plusieurs proches des détenus et des manifestants s'étaient rassemblés depuis le début de la matinée. Selon un communiqué publié dans la journée par l'armée libanaise, ces trois personnes avaient été arrêtées pour avoir causé des émeutes. Un quatrième individu, de nationalité syrienne, a été remis à la police judiciaire, ajoute ce texte. 

Toujours selon l'armée, neuf protestataires ont été arrêtés à Jal el-Dib "après avoir coupé les routes au moyen de verre cassé et de mazout. Ils ont été remis à la police judiciaire dans le cadre de l'enquête sur ces faits avant d'être relâchés en fin d'après-midi.

D’après un décompte du comité des avocats de Legal Agenda, 300 personnes environ ont été arrêtées – dont 12 mineurs, relâchés après 48 heures – depuis le début du mouvement de contestation, le 17 octobre dernier, contre la classe dirigeante, accusée d’incompétence et de corruption. Onze personnes, dont deux mineurs, sont toujours derrière les barreaux. Elles sont accusées d’avoir dégradé le Rest House de Tyr durant la première semaine de la contestation.

Par ailleurs, un rassemblement a été organisé devant le poste de gendarmerie de Mazraat el-Dahr, dans le caza du Chouf, où neuf militants ont été convoqués à la suite d’une plainte déposée contre eux par l’entrepreneur chargé de la construction du barrage de Bisri, contesté par les écologistes. Les neuf militants, dont le président du Mouvement écologique libanais Paul Abi Rached et l'acteur Wissam Hanna, sont sortis libres de leur audition. Aucune charge n'a été retenue contre eux. "Nous allons poursuivre notre mouvement pour la sauvegarde de Bisri", a lancé M. Abi Rached, écharpe aux couleurs du drapeau libanais au cou, à l'issue de son interrogatoire, aux dizaines de militants de la cause rassemblés en soutien. "Nous nous sommes rendus à la convocation parce que nous sommes en faveur de l'Etat de droit", a lancé de son côté l'acteur.

En outre, des militants du Courant patriotique libre, dirigé par Gebran Bassil, l'une des figures les plus conspuées par les manifestants, ont organisé un sit-in devant le centre d’enregistrement des véhicules de Nafaa, à Dékouané.

Depuis le 17 octobre, le Liban est secoué par un soulèvement inédit ayant mobilisé des centaines de milliers de manifestants, qui crient leur ras-le-bol face à une économie au bord du gouffre, mais aussi une classe politique jugée corrompue et incompétente, dominée depuis des décennies par les mêmes clans.



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Les axes routiers à Beyrouth et dans les régions libanaises étaient progressivement rouverts lundi matin au 40ème jour d'un mouvement inédit de contestation contre la classe dirigeante accusée d'incompétence et de corruption, après une longue nuit de tension, marquée par de violents accrochages entre partisans du Hezbollah et protestataires dans la capitale.Alors que l'impasse...

commentaires (2)

MALHEUREUSEMENT... C,EST LE LIBAN !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 18, le 25 novembre 2019

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Commentaires (2)

  • MALHEUREUSEMENT... C,EST LE LIBAN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 18, le 25 novembre 2019

  • Il faut vraiment mettre le TURBO et forcer la demission du cadavre politique de Baabda,sans cela tout va finir comme au Venezuela ou plus personne ne se mobilise...c est ce que cherche le Hezb .

    HABIBI FRANCAIS

    10 h 43, le 25 novembre 2019

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