Le directeur général pour les Affaires politiques au ministère britannique des Affaires étrangères, Richard Moore, qui a entamé lundi matin une tournée "exploratoire" auprès des principaux responsables libanais, a affirmé que la formation du gouvernement était une "affaire intérieure". Cette visite intervient alors que l'impasse politique semble totale au 40ème jour d'un mouvement sans précédent de contestation contre la classe dirigeante et après une nuit marquée par une attaque de partisans du Hezbollah contre des manifestants, dans le centre-ville de Beyrouth.
Dans la matinée, M. Moore s'est entretenu avec le président Michel Aoun au palais de Baabda, en présence du ministre d’État sortant pour les Affaires de la présidence, Salim Jreissati, dans le cadre de sa visite "exploratoire", selon le compte Twitter de la présidence libanaise.
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), le chef de l’État a exposé à l'émissaire la situation au Liban, les détails de la crise actuelle et les moyens de la régler, saluant par ailleurs le soutien britannique à l’armée libanaise et plus particulièrement aux forces déployées à la frontière. De son côté, M. Moore a informé le président Aoun de la réunion qui s'est tenue à Paris entre les représentants de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis sur la situation au Liban et les moyens d’aider le pays, insistant l’engagement de Londres à soutenir la légitimité constitutionnelle. Le diplomate britannique a déclaré pour sa part que le Royaume-Uni appuyait la formation d’un gouvernement libanais, mais sans ingérence dans ses affaires intérieures.
"Je suis heureux de visiter le Liban, à un moment aussi déterminant", a déclaré M. Moore cité dans un communiqué de l'ambassade britannique au Liban. Selon le texte, il va "insister sur le besoin urgent de former un gouvernement et mettre en œuvre des politiques reflétant les aspirations du peuple". "Il est vital qu'un nouveau gouvernement soit rapidement formé afin de mettre en place les réformes économiques qui aideront le Liban à retrouver la stabilité et la croissance", poursuit le communiqué. "Nous et nos partenaires au sein de la communauté internationale sommes prêts à poursuivre notre soutien au Liban. Mais que ce soit clair, choisir des leaders et un gouvernement est une question intérieure", a déclaré M. Moore. "Il est vital que le droit de manifester pacifiquement continue à être préservé. Éliminer le mouvement de protestation par la violence et l'intimidation, d'où qu'elles viennent, est totalement inacceptable", a-t-il poursuivi.
(Lire aussi : Un forcing diplomatique dans l’espoir d’un dénouement de la crise)
L'émissaire britannique, arrivé dimanche soir, s'est également entretenu avec le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri. Le responsable britannique a réitéré le soutien de son pays au Liban et à sa stabilité, espérant la "formation rapide d'un gouvernement afin de mettre en œuvre les réformes requises et prévenir tout effondrement économique ou financier du pays".
L'émissaire britannique reçu par Gebran Bassil. Photo Dalati et Nohra
Richard Moore s'est également entretenu avec le président du Parlement, Nabih Berry. Il doit encore se réunir avec le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun.
L'émissaire britannique reçu par Nabih Berry. Photo Ani
La mission de l’émissaire britannique intervient après des contacts entre les partenaires occidentaux du Liban, qui encouragent depuis plus d’une semaine la formation d’un gouvernement dans les plus brefs délais. La Grande-Bretagne avait pris part à une réunion tripartite qui s’était tenue mardi dernier à Paris avec le directeur du département Moyen-Orient et Afrique du Nord au Quai d’Orsay, Christophe Farnaud et le sous-secrétaire d’État américain aux Affaires du Proche-Orient, David Schenker. Selon une source informée, les trois responsables devraient se réunir de nouveau le 1er décembre prochain.
Depuis le 17 octobre, le Liban est secoué par un soulèvement inédit ayant mobilisé des centaines de milliers de manifestants, qui crient leur ras-le-bol face à une économie au bord du gouffre, mais aussi une classe politique jugée corrompue et incompétente, dominée depuis des décennies par les mêmes clans.
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commentaires (6)
Les émissaires étrangers viennent non seulement pour dire de former un gouvernement au plus vite mais surtout pour insister sur le fait que personne n’a le droit de réprimer er les protestations par la force. Et adresser un message clair à Hassan Nasrallah qu’on voit venir avec ses gros sabots menacer les citoyens pacifiques avec des pierres qui peuvent vite se transformer en armes. ALORS PAS TOUCHE MINOUCHE ON T’A À L’OEIL Des fois que l’envie d’imiter l’Iran lui vienne à l’esprit, Et se donner le droit de passer a l'acte alors qu'il n’a aucune autorité légale. Donc il n’a pas son mot à dire dans ces conditions délicates et il devrait se méfier de l'excès de confiance car ça peut lui jouer de mauvais tours. Le monde guette son premier faux pas pour agir.
Sissi zayyat
17 h 24, le 25 novembre 2019