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À La Une - Emeutes

Troubles en Iran : une "guerre mondiale" a été empêchée, selon les Bassidji

La force paramilitaire pointe du doigt les Etats-Unis, Israël et l'Arabie saoudite dans les troubles ayant secoué plusieurs villes du pays ces derniers jours.

Une banque incendiée, à Téhéran, le 20 novembre 2019. Nazanin Tabatabaee/WANA (West Asia News Agency) via REUTERS

Une force paramilitaire clé en Iran a estimé que le pays avait empêché une "guerre" lancée depuis l'étranger, pointant du doigt les Etats-Unis, Israël et l'Arabie saoudite dans les troubles ayant secoué plusieurs villes du pays ces derniers jours.

"Une véritable guerre mondiale contre le système et la révolution (iraniens, ndlr) a vu le jour, heureusement elle est mort-née", a déclaré le général Salar Abnoosh, un des responsables du Bassidj, cité par l'agence de presse semi-officielle Isna jeudi soir.

Les membres du Bassidj, mouvement paramilitaire de volontaires islamiques, ont pour but d'assurer la sécurité du pays. Fin octobre, Washington et six pays arabes du Golfe avaient sanctionné 21 entités soupçonnées de "fournir un soutien financier au Bassidj (...) dépendant des gardiens de la révolution", avait annoncé le Trésor américain.

Selon le général Abnoosh, les interrogatoires des personnes interpellées depuis vendredi dernier ont révélé qu'une "coalition du mal" composée de "sionistes, de l'Amérique et de l'Arabie saoudite" était à l'origine de la "sédition". Il a estimé que la coupure d'internet par les autorités, qui sévit de manière quasi-générale depuis près d'une semaine, avait aidé à "perturber" les plans des ennemis de l'Iran.

Vendredi en début de soirée, le Trésor américain a annoncé des sanctions contre le ministre iranien des Télécommunications Mohammad Javad Azari Jahromi pour "son rôle dans la vaste censure d'internet" en Iran.


(Lire aussi : Internet : l’autre répression du régime iranien)


"Réseaux étrangers"

Les troubles ont commencé le 15 novembre après l'annonce d'une réforme du mode de subvention de l'essence, censée bénéficier aux ménages les moins favorisés mais s'accompagnant d'une très forte hausse du prix à la pompe, 50% sur les soixante premiers litres mensuels, prix triplé ensuite.

Mercredi déjà, Téhéran avait proclamé la "victoire" face à un "complot" ourdi à l'étranger, après cinq jours de manifestations qui auraient fait des dizaines de morts.

Des stations-service, des commissariats, des mosquées et des bâtiments publics avaient été incendiés ou attaqués, la télévision iranienne montrant des séquences de ces dégradations.

Internet semblait encore largement bloqué dans le pays vendredi, mais des responsables et des agences de presse ont indiqué qu'il allait être rétabli de façon graduelle. Selon Isna, l'accès à internet et la connexion via l'ADSL ont été partiellement restaurés dans un certain nombre de provinces et pour certaines universités de Téhéran. Selon l'ONG NetBlocks, qui surveille la liberté d'accès à internet dans le monde, le taux d'accès, vendredi à la mi-journée, était de 14%.

Le porte-parole de l'Assemblée des experts, instance religieuse chargée de nommer, superviser et le cas échéant démettre le guide suprême, a appelé les autorités à maintenir bloqués les "réseaux étrangers" après le retour d'internet dans le pays, dans une référence apparemment aux réseaux sociaux et/ou télévisions satellitaires étrangers. Ils "apprennent aux gens à se révolter, à commettre des crimes", a justifié l'ayatollah Ahmad Khatami lors de son prêche du vendredi retransmis à la télévision.

Le président américain Donald Trump a accusé au contraire jeudi Téhéran d'essayer de cacher aux Iraniens et au reste du monde "la tragédie" en cours dans ce pays.


(Lire aussi : Sous pression en interne,Téhéran va-t-il resserrer l’étau autour du Liban et de l’Irak ?)


Etouffer les manifestations

"Les dirigeants iraniens savent qu'un internet libre et ouvert expose leur illégitimité, ils cherchent donc à censurer l'accès à internet pour étouffer les manifestations antirégime", a affirmé vendredi le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin en annonçant les sanctions contre le ministre des Télécommunications.

L'ambassadeur d'Iran en Grande-Bretagne Hamid Baeidinejad a de son côté annoncé samedi sur Twitter que l'ambassade avait "déposé une plainte" auprès de "l'autorité régulatrice des télécommunications au Royaume-Uni", l'Ofcom, contre "BBC Farsi, Iran International et Manoto". L'ambassade accuse ces médias en langue farsi de "déformations partiales sur les événements récents en Iran et d'appels à une violence généralisée contre les institutions civiles iraniennes". L'Ofcom a annoncé examiner la plainte contre Iran International et Manoto mais souligné que BBC Farsi ne relevait pas de sa compétence, à l'instar de toutes les chaînes du service mondial de la BBC.

Le bureau des droits de l'Homme des Nations unies s'est dit alarmé cette semaine par les informations selon lesquelles des balles réelles ont été utilisées par les forces de sécurité pour réprimer les troubles, causant un "nombre important de morts".

Les autorités iraniennes ont fait état de cinq décès, mais Amnesty International a estimé que plus de 100 manifestants auraient été tués, dénonçant un recours "à la force létale" contre des rassemblements "largement pacifiques". Selon l'ONG, "au moins 106 manifestants dans 21 villes ont été tués, selon des informations crédibles". Mais "le bilan véritable pourrait être bien plus élevé, avec des informations suggérant jusqu'à 200 (personnes) tuées".


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commentaires (5)

Heureusement que les Bassidji n'aiment pas exagérer. Guerre mondiale carrément! Merci pour votre grand sagesse et d'avoir convaincu les manifestants de rentrer gentillement chez eux pacifiquement sans une goutte de sang perdue.

Shou fi

23 h 46, le 23 novembre 2019

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Commentaires (5)

  • Heureusement que les Bassidji n'aiment pas exagérer. Guerre mondiale carrément! Merci pour votre grand sagesse et d'avoir convaincu les manifestants de rentrer gentillement chez eux pacifiquement sans une goutte de sang perdue.

    Shou fi

    23 h 46, le 23 novembre 2019

  • FAUT BIEN RIGOLER. UNE -GUERRE MONDIALE- A ETE EVITEE PAR LES IRANIENS EN TUANT LES MANIFESTANTS PACIFIQUES DE LEUR ROPRE PEUPLE. IL Y A DES IDIOTS POUR GOBER DE TELLES INEPTIES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 07, le 23 novembre 2019

  • Hahahaha, les contes persans..

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 43, le 23 novembre 2019

  • Une très forte hausse du prix de l'essence à la pompe en Iran a failli provoquer la Troisième Guerre Mondiale. C'est un éleveur de moutons aux Îles Malouines (Falkland Islands) qui nous le dit. Puisque on en parle aux Malouines, donc c'est vrai.

    Un Libanais

    11 h 24, le 23 novembre 2019

  • Ce n est pas l oncle Sam qui alloue chaque annee aux milices arabes chiites 6 milliards de dollars au lieu de les utiliser pour le peuple iranien...ce n est pas non plus l oncle Sam qui triple le prix de l essence...

    HABIBI FRANCAIS

    09 h 05, le 23 novembre 2019

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