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À La Une - Liban

Jour XXI : élèves et étudiants maintiennent la pression à travers tout le Liban

"Si les jeunes ne se révoltent pas aujourd'hui, ils devront payer plus tard pour une situation dont ils ne sont pas responsables", souligne Maritta, élève dans une école de Jounieh. 

Des étudiants libanais manifestants contre la classe dirigeante en brandissant le drapeau national, le 6 novembre 2019 à Saïda, au Liban-Sud. Photo AFP / Mahmoud ZAYYAT

Des centaines d'élèves et étudiants libanais étaient toujours plus mobilisés à travers le pays mercredi, au 21e jour d'une révolte inédite contre la classe dirigeante. De nombreux jeunes ont ainsi rejoint les rangs des manifestants, qui depuis la veille optent pour des actions ciblées contre des institutions publiques, dont les responsables sont accusés de mauvaise gestion et de corruption.

Pour les manifestants qui, depuis mercredi matin, se sont majoritairement rassemblés devant les sièges d'Ogero, société en charge de la gestion des télécommunications, d'Électricité du Liban et de la Banque du Liban (BDL), ce ciblage des institutions vise à "faire pression sur les responsables pour qu'ils entendent nos revendications". Ce type d'actions vient petit à petit se substituer aux fermetures de routes qui prévalaient depuis le début de la révolte, le 17 octobre, et étaient de plus en plus critiquées par les responsables politiques.

A Beyrouth, des dizaines de jeunes Libanais étaient notamment rassemblés face au siège principal de d'Électricité du Liban.

Photo Ahmad Azakir


Devant le palais de Justice, des centaines d'avocats ont organisé un sit-in pour réclamer l'indépendance de la justice. Non loin du palais de Justice, la direction générale du ministère des Finances, connue sous le nom de "bâtiment de la TVA", a également été encerclée par les protestataires. Le siège de la BDL dans la capitale a été également choisi par les contestataires qui protestent contre les politiques financières menées par le gouverneur Riad Salamé.
De nombreux élèves des écoles de Beyrouth se sont par ailleurs rassemblés devant le ministère de l’Éducation, dans le quartier de l'Unesco, réclamant "la chute du régime". Des échauffourées ont éclaté en fin de matinée entre les manifestants et les forces de l'ordre.

Des jeunes Libanais manifestant devant le ministère de l’Éducation, à Beyrouth, le 6 novembre 2019. Photo Ani

A Achrafieh, des dizaines de lycéens et d'étudiants ont entamé une marche depuis la place Sassine vers l'école de la Sagesse, escortés par des policiers, avant de se rendre devant le campus des sciences sociales de l'Université Saint-Joseph, rue Huvelin. "Nous ne rentrerons pas à la maison, cette révolution ne meurt pas", ont scandé certains jeunes dans le cortège. "Tous des voleurs", "à bas le règne de la corruption", ont crié d'autres. Un autre groupe de jeunes a également manifesté rue de Damas, devant les campus de médecine et des sciences humaines de l'USJ.


En périphérie de Beyrouth, les manifestants se sont rassemblés devant le centre de contrôle technique et d'enregistrement des véhicules, dans le quartier de Dekouané. Là, des dizaines de personnes ont également manifesté devant le siège de la société de téléphonie mobile Alfa. 


"Nous avons repris espoir"
A Jounieh, les manifestants et un groupe d'élèves des différentes écoles de la ville et de la localité voisine de Ghazir ont bloqué hermétiquement tous les accès au siège d'Ogero, chantant l'hymne national et des slogans anti-corruption, devenus traditionnels de la révolte, ainsi que des appels à la formation rapide d'un gouvernement, selon notre journaliste sur place, Suzanne Baaklini.

Cédric en classe de terminale confie être "sur les nerfs" depuis deux semaines. "On voyait le pays s'effondrer, mais depuis le début des manifestations, nous avons repris espoir et avons voulu nous joindre à tous les jeunes qui sont dans la rue pour changer la donne", souligne-t-il, secondé par Samy, qui est dans la même classe que lui. Ces deux jeunes réclament notamment "un programme permettant aux jeunes qui n'ont pas les moyens de s'inscrire dans des universités privées de poursuivre leurs études, une remise à niveau de tout le matériel pédagogique, notamment du manuel d'histoire du Liban, ainsi qu'une amélioration du niveau du bac libanais, qui n'est pas reconnu dans d'autres pays". Les deux garçons affirment que leur école les laisse manifester librement et estiment que fermer les institutions publiques est un moyen efficace de faire pression sur les responsables. Une autre manifestante, étudiante universitaire qui n'a pas souhaité donner son nom, estime également que la fermeture des établissements scolaires publics est très efficace "parce que ce sont eux qui ont les fonds et les gaspillent". 


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Certains élèves ont confié à notre journaliste qu'ils sont soumis à de fortes pressions de la part de leurs établissements et de leurs parents. "Mais si nous ne descendons pas maintenant dans les rues, nous ne pourrons plus jamais le faire. Il faut que la révolution aboutisse", déclare Maritta. "Si les jeunes ne se révoltent pas aujourd'hui, ils devront payer plus tard pour une situation dont ils ne sont pas responsables", regrette-t-elle. Pour la jeune fille, la révolte représente "le cri du cœur de tout un peuple". 

Les contestataires se sont ensuite dirigés vers le siège de la BDL dans cette localité. Dans cette ville côtière du Kesrouan, certains étudiants se sont rassemblés devant la porte de l'école secondaire publique Georges Frem, afin de réclamer que les élèves de cette institution puissent les rejoindre pour manifester et faire entendre leurs voix. 


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"La BDL a divisé les Libanais entre riches et pauvres"
A Baabda, les étudiants de l'Université Antonine ont manifesté devant l'institution en signe de solidarité avec les jeunes de tout le pays. Ils réclament notamment de pouvoir payer leurs frais d'inscription en livres libanaises et non en dollars. 

A Jbeil, des dizaines d'élèves des écoles secondaires se sont mobilisés dans le centre de la localité pour un rassemblement pacifique afin de "soutenir les revendications du mouvement de contestation populaire qui touche tout le Liban", selon un d'eux. 

Les élèves de plusieurs écoles de la Békaa ont également organisé mercredi des sit-in devant les portes de ces établissements, refusant d'entrer en classe, rapporte notre journaliste Sarah Abdallah. Les jeunes étaient notamment rassemblés dans la cour de l'école publique du village de Lala et devant les lycées officiels de Jeb Jennine, Manara et Marj. A Zahlé aussi, les élèves des différents établissements scolaires de la ville ont manifesté devant l'entrée du Sérail.


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A Saïda, au Liban-Sud, l'intifada estudiantine qui avait commencé il y a deux jours s'est poursuivie aujourd'hui et a pris de l'ampleur. Ce matin, des centaines de lycéens et d'étudiants ont effectué une marche depuis la place de la Révolution du 17 octobre, nom donné au rond-point Élia, scandant des slogans contre la corruption et sillonnant les rues de la ville. A chaque fois qu'ils arrivaient devant une institution publique, ils appelaient les fonctionnaires à se joindre à eux, aux cris de "hela hela hela hela hoo, fermez !". Mais le travail s'est poursuivi dans ces administrations. La manifestation est arrivée devant la branche de la Banque centrale, où les jeunes ont crié : "Riad Salamé est un voleur". Les écoles et les université ont rouvert leurs portes aujourd'hui, mais beaucoup d'élèves se sont abstenus d'assister aux cours, tenant à la place des sit-in à l'intérieur des établissements. Les manifestants sont ensuite revenus à la place Élia, où ils ont bloqué la route en s'asseyant à même le sol. Dans un communiqué lu sur place, un des étudiants a énuméré les revendications du mouvement. "Nous voulons que l'enseignement public et l'Université libanaise soient mieux gérés. Que des opportunités d'emploi soient offertes à tous les diplômés et que ces emplois soient liés aux compétences et non à l'appartenance partisane". "Nous refusons le confessionnalisme et la politique du partage de gâteau" actuellement en vigueur et "réclamons l'établissement d'un État civil, dans lequel tous les citoyens seront égaux", ajoute-t-il. "A tous les étudiants du Liban : Rejoignez-nous et participez au mouvement, jusqu'à ce que nos revendications soient atteintes".

En soirée, les manifestants ont proclamé, par haut-parleurs, sur la place de la Révolution du 17 octobre, qu'une grève générale sera observée dans les universités et les écoles publiques afin de faire pression pour un gouvernement transitoire.

Au Sud de Beyrouth, aux premières heures du matin, des manifestants se sont par ailleurs rassemblés pour un sit-in devant les centrales électriques de Jiyeh et Sibline au sud de Beyrouth, empêchant les employés d'y entrer.

A Nabatiyé, l'un des foyers symboliques de cette contestation populaire et fief chiite où le Hezbollah est fortement implanté, des élèves et étudiants ont tenu un sit-in devant le siège de la Banque du Liban et du Sérail gouvernemental. Certains protestataires brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Révolution pour un avenir meilleur".

A Tripoli au Liban-Nord, les protestataires réunis devant le siège local de la BDL réclamaient "la chute de la politique financière qui a divisé le Liban en deux classes : les riches et les pauvres". Des sit-in de plus petite ampleur étaient par ailleurs organisés devant les différentes banques de la ville, afin de les forcer à fermer leurs portes. De nombreux élèves et étudiants étaient par ailleurs réunis sur la place el-Nour à Tripoli, cœur de la contestation au Liban-Nord. Un défilé de mobylettes a en outre sillonné les rues de la ville, passant devant les différentes administrations gouvernementales et les banques, appelant à "la chute du régime des corrompus". Les manifestants demandaient notamment que les employés de ces différents établissements quittent leur bureau et rejoignent le mouvement de contestation. 
A Halba, dans le Akkar, les manifestants ont également bloqué le siège d'Ogero.

Depuis le 17 octobre, le Liban connaît une contestation inédite ayant paralysé le pays avec la fermeture, durant les deux premières semaines, des banques, écoles et universités. Sous la pression de la rue, le Premier ministre Saad Hariri a démissionné le 29 octobre mais les concertations pour la formation d'un nouveau cabinet n'avancent pas depuis, exacerbant la colère des manifestants.


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Des centaines d'élèves et étudiants libanais étaient toujours plus mobilisés à travers le pays mercredi, au 21e jour d'une révolte inédite contre la classe dirigeante. De nombreux jeunes ont ainsi rejoint les rangs des manifestants, qui depuis la veille optent pour des actions ciblées contre des institutions publiques, dont les responsables sont accusés de mauvaise gestion et de...
commentaires (4)

On dit merci a ces etudiants ! Ah ca me rapelle l'annee 2005... c'etait beau , pur et une superbe experience. Se manifester contre le hero bachar ♥️

Toni Pantaloni

21 h 03, le 06 novembre 2019

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Commentaires (4)

  • On dit merci a ces etudiants ! Ah ca me rapelle l'annee 2005... c'etait beau , pur et une superbe experience. Se manifester contre le hero bachar ♥️

    Toni Pantaloni

    21 h 03, le 06 novembre 2019

  • JE SUIS AVEC LA CONTESTATION CAR TELLE EST LA VOLONTE DU PEUPLE. MAIS J,AI DE LA CRAINTE POUR UN PROBABLE EFFONDREMENT ECONOMIQUE ET SURTOUT FINANCIER DU PAYS AUX CONSEQUENCES TRES NEFASTES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 12, le 06 novembre 2019

  • IL NE FAUT PAS QUE LE PEUPLE FAIBLISSE ... IL FAUT CONTINUER JUSQUA LA VICTOIRE TOTALE

    Bery tus

    18 h 45, le 06 novembre 2019

  • Nous sommes de tout cœur avec vous. Vous êtes l’espoir de notre pays renaissant. Restez unis face à cette machine broyeuse qui a tout détruit sur son long passage dans notre beau pays. Le Liban n’a plus rien à perdre. Aktar min El ird ma massakho rabna. Nous reconstruirons ensemble notre nouveau pays plein de promesses pour nos jeunes qu’on avait exilés de force et qui reviennent rebâtir avec vous.

    Sissi zayyat

    12 h 48, le 06 novembre 2019

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