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Liban - Témoignages

« Nous n’avons plus rien à perdre, nous n’avons plus que la rue »

Paroles de manifestants, mobilisés à Jal el-Dib et dans le centre-ville, pour couper les axes routiers.

Yéhia, Ali et Rita se sont rencontrés sur le ring Fouad Chéhab : « Nous venons de divers backgrounds, mais nos problèmes ont une seule et même origine : la corruption de l’État. ». .

Ils sont étudiants, employés, cadres ou chefs d’entreprise. Depuis le 17 octobre, ils ont mis en veilleuse leurs activités pour prendre part aux manifestations qui traversent tout le Liban. Et le mépris dans lequel ils sont tenus par les organes du pouvoir, dont certains les désignent comme des bandits de grands chemins et des casseurs, ne font que les durcir et les galvaniser.

« Je ne voulais pas couper la route dimanche soir, mais quand j’ai su que les forces de l’ordre étaient intervenues contre les manifestants, je me suis dépêché de venir », raconte Youssef, 29 ans, imprimeur, qui bloque la route de Jal el-Dib. « Je suis là depuis trois semaines. Mon travail tourne au ralenti depuis des mois. Le pays va tellement mal économiquement qu’ouvrir ou fermer boutique revient au même », poursuit-il.

Rachid, 27 ans, originaire de Dhour el-Choueir, propriétaire d’une sandwicherie, renchérit : « Mon travail marche bien, mais depuis le 17 octobre, j’ai tout laissé tomber pour prendre part aux manifestations, car c’est le moment ou jamais pour le changement. » Chafic, 29 ans, et Marwa, 26 ans, qui sont fiancés, sont assis sur des chaises en plastique sur l’autoroute de Jal el-Dib. Il est ingénieur et elle cumule deux emplois, un dans le secteur privé et un autre auprès d’une ONG. « J’ai un bon salaire, mais je n’arrive quand même pas à joindre les deux bouts. Cela fait quatre ans que nous sommes ensemble, nous n’avons même pas les moyens d’acheter une maison, ou d’élever un seul enfant dans la dignité », se plaint-il.


(Lire aussi : Bassil chez Hariri, une petite brèche dans l’immobilisme ambiant)


L’État nous vole
Farid Kamel, propriétaire d’une usine, se rend tous les jours au centre-ville. « Au lieu d’encourager l’industrie, l’État nous vole. Nous ne faisons que payer des taxes. Et maintenant avec l’arrêt officieux de lignes de crédit par les banques, ils font pression aussi bien sur les entreprises que les employés. Nous sommes étranglés », soupire-t-il.Au niveau d’une autre artère bloquée, près du ring Fouad Chéhab, Johan, 48 ans, originaire de Kahalé, et Tarek, 45 ans, de Beyrouth, viennent de faire connaissance et discutent. Assis sur sa moto, Tarek, qui travaille dans le domaine de la mode, a peur que les manifestations dérapent, que des partis politiques comme Amal et le Hezbollah ne prennent la rue, que le mouvement pacifiste ne soit étouffé dans la violence. Johan, qui travaille dans le bâtiment, le rassure. « Ça prendra ce que ça prendra. Au Venezuela cela fait deux ans qu’ils sont dans la rue et l’Irak bouge depuis des mois. Nous ne sommes pas mieux. Tout tourne au ralenti, et nous n’avons plus rien à perdre. Nous n’avons plus que la rue », dit-il.


(Lire aussi : La contestation de gauche face au Hezbollah)


« Pas des casseurs »
Un peu plus loin, de petites tentes individuelles ont été dressées. Rita, 20 ans, originaire de Saïda, étudiante en psychologie, manifeste depuis 14 jours à Beyrouth. « J’ai rencontré des gens des quatre coins du Liban et je me suis fait des amis ; nous sommes différents, nous venons de divers milieux, mais nous avons des problèmes communs, des problèmes qui ont tous pour origine la corruption de l’État libanais. »

Ahmad, 22 ans, lui, vient de la banlieue sud. Il est au chômage depuis quatre mois. « J’ai terminé un stage en comptabilité et puis plus rien. Ces manifestations nous donnent espoir en l’avenir. Ce n’est pas en restant chez nous que nous changerons les choses », dit-il.

Yéhia, ingénieur beyrouthin de 37 ans et père de deux enfants, est assis entre Ahmad et Rita. « J’ai pris mon congé annuel pour venir manifester, nuit et jour. Je fais cela pour mes enfants. Je veux qu’ils vivent dans la dignité, je veux qu’ils aient une meilleure vie que la mienne ».

Dans la rue, un homme tire un amplificateur orné d’un drapeau du Liban et crachotant un chant patriotique. Son fil électrique semble provenir... de la branche de la banque Audi toute proche. Assis à côté d’une prise électrique multiple, un manifestant recharge son ordinateur, tandis qu’un responsable de la banque s’exclame à notre intention : « Bien sûr qu’on leur donne l’électricité ! Et pourquoi pas ? »

Le jeune homme à l’ampli, regard sombre et voix rauque, s’appelle Ali. Il a 30 ans et travaille dans une ONG internationale. « Nous ne sommes pas des casseurs. Nous sommes des universitaires, des gens bien et nous voulons un autre Liban, un pays où nos droits seront respectés. Nous voulons qu’ils arrêtent de nous traiter comme si nous étions des moins que rien, qu’ils arrêtent de nous voler et de nous mentir », s’insurge-t-il.


(Lire aussi : Les étudiants, tiraillés entre leurs études et leur volonté de ne pas quitter la rue)


Venus à pied de Baalbeck
Un peu plus loin, trois jeunes hommes se reposent sur un trottoir où sont posés leurs sacs à dos. Haïdar 21 ans, Fadlallah 26 ans et Abbas 18 ans sont originaires de Baalbeck et sont venus jusqu’à Beyrouth à pied. Tous les trois ont suivi des cours techniques et sont actuellement au chômage. Les emplois qu’ils ont occupés par intermittence étaient précaires, sans Sécurité sociale ni assurance. « La route nous a pris 16 heures. Nous nous sommes arrêtés là où il y avait des manifestations, à Zahlé, Saadnayel, Taalabaya, Chtaura et Sofar, explique Haïdar. Nous avons entrepris cette marche pour montrer que Baalbeck aussi est avec le soulèvement, pour apporter la preuve de notre force et de notre détermination à changer les choses. Un jour, nos droits seront respectés, nous travaillerons dans le domaine dans lequel nous nous sommes spécialisés. Nous aurons un bel avenir. Il faut juste tenir bon. »



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Ils sont étudiants, employés, cadres ou chefs d’entreprise. Depuis le 17 octobre, ils ont mis en veilleuse leurs activités pour prendre part aux manifestations qui traversent tout le Liban. Et le mépris dans lequel ils sont tenus par les organes du pouvoir, dont certains les désignent comme des bandits de grands chemins et des casseurs, ne font que les durcir et les galvaniser. « Je...

commentaires (9)

Critiquez qyrznt que vous voulez les fer’etures de toute mais cette révolution a déjà fait chute un gouvernement de pourris et à réveille des dossiers mis aux archives sur de la corruption à grande échelle ouvert par les mêmes juges qui les faisaient dormir BIZZARRE SUAND MÊME LES JUGES N’ONT PLUS PEUR DE LEURS PATRONS? Nettoyer encore un peu dans la justice été commencez à récupérer de l argent de la corruption et la moitié des revendications des révolutionnaires sera accompli Il restera à discuter du sort des députés et des 3 présidents et de l’enterre sous terre ( puisque prononcer son nom fait eclater ses milices de rage autant ne pas le nommer explicitement) mais son tour viendra aussi par sa même milicien des qu’elle ouvrira les yeux pour comprendre pourquoi tant son mort pour les beaux yeux du président Assaad La révolution doit continuer jusqu’à la réalisation d’un Liban ou la corruption est éradiquée et les politiciens travaillent pour le peuple pas pour leurs poches

LA VERITE

18 h 44, le 06 novembre 2019

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Commentaires (9)

  • Critiquez qyrznt que vous voulez les fer’etures de toute mais cette révolution a déjà fait chute un gouvernement de pourris et à réveille des dossiers mis aux archives sur de la corruption à grande échelle ouvert par les mêmes juges qui les faisaient dormir BIZZARRE SUAND MÊME LES JUGES N’ONT PLUS PEUR DE LEURS PATRONS? Nettoyer encore un peu dans la justice été commencez à récupérer de l argent de la corruption et la moitié des revendications des révolutionnaires sera accompli Il restera à discuter du sort des députés et des 3 présidents et de l’enterre sous terre ( puisque prononcer son nom fait eclater ses milices de rage autant ne pas le nommer explicitement) mais son tour viendra aussi par sa même milicien des qu’elle ouvrira les yeux pour comprendre pourquoi tant son mort pour les beaux yeux du président Assaad La révolution doit continuer jusqu’à la réalisation d’un Liban ou la corruption est éradiquée et les politiciens travaillent pour le peuple pas pour leurs poches

    LA VERITE

    18 h 44, le 06 novembre 2019

  • Couper les routes ne nuira pas aux politiciens mais plutot au peuple. Si le peuple veut que les politiciens appliquent les lois, alors le peuple doit coomencer a appliquer les lois (donc ne pas couper les routes). La Fontaine a fait une révolution...

    Eddy

    15 h 35, le 05 novembre 2019

  • ILS ONT TOUJOURS L,AVENIR A GAGNER EN IMPOSANT LEURS REVENDICATIONS MAIS REALISTES ET FAISABLES !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    13 h 03, le 05 novembre 2019

  • Tant que c’est le le Liban et sa jeunesse comme ses vieux trinquent ils ne bougeront pas une oreille. Il faut s’attaquer à leurs biens. Toucher à leurs butins volés dont ils jouissent les feront se remuer les fesses plus vite qu’on ne le croit pour limiter les dégâts... Ne misez pas sur le pourrissement de la situation car toute patience a ses limites. Pacifiste restera la révolution mais ne pousser pas le bouchon trop loin vous allez être éclaboussés par le trop plein de misère.

    Sissi zayyat

    12 h 17, le 05 novembre 2019

  • On commence a en avoir plein la panse de ces interdictions de circuler ! Ça va leur faire un contre effet à ces agitateurs !

    Chucri Abboud

    12 h 10, le 05 novembre 2019

  • Ces quelques voix dissonantes qui se plaignent de ne pas pouvoir continuer à aller à leur travail ou mener un train train de vie semé d’embûches et de larmes accusant les gens dans la rue de tous les maux qui les accables, seront les premiers à profiter une fois la crise passée le Liban libéré et les voleurs et dictateurs mis hors d’etat de nuire. S’ils veulent une révolution sans gens dans la rue, sans toutes coupées et sans cris poussés. Il devraient se contentaient de baisser la tête obéir et attendre de l’argent de leurs proches expatriés pour boucler leur fin de mois et garder leur bâillon de peur de représailles. La révolution a tous les droits. On la ferme et on prête main forte aux défenseurs de notre pays. Et si on n’est pas contents on fait comme avant le 17 on s'abstient de dire n’importe quoi qui puisse nuire à nos révolutionnaires qui EUX risquent tout pour ces grognons qui vivent pour manger à leur faim quand ils le peuvent, respirent avec modération et trouvent ça normal.

    Sissi zayyat

    11 h 17, le 05 novembre 2019

  • Slogans creux. Et ça se dit révolutionnaires.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 46, le 05 novembre 2019

  • ILS ONT ENCORE DES MEUBLES CHEZ EUX À CASSER SUR NOS TÊTES !

    Chucri Abboud

    10 h 34, le 05 novembre 2019

  • Alors ils veulent que nous soyons comme eux (tout perdre)? car on arrive tard au travail (a cause des blocages des routes). Les manifestants, selon la loi on le droit de manifester, mais pas le droit de couper les routes. Seuls les forces de l'ordre ont le droit de couper les routes.

    Eddy

    10 h 02, le 05 novembre 2019

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