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À La Une - Liban

Aoun demande au gouvernement Hariri d'expédier les affaires courantes

Il s'agit de la première réaction du président de la République, au lendemain de la démission du Premier ministre sous la pression inédite de la rue.

Le président de la République libanaise, Michel Aoun. Photo d'archives REUTERS/Mohamed Azakir

Le président libanais, Michel Aoun, a chargé mercredi le gouvernement du Premier ministre Saad Hariri d'expédier les affaires courantes, dans une première réaction à la démission du cabinet qui a été annoncée hier, sous la pression inédite de la rue qui était mobilisée pour le 13e jour consécutif contre le pouvoir.

"En vertu de l'alinéa 1 de l'article 69 de la Constitution qui porte sur la démission du gouvernement, et après la démission du Premier ministre Saad Hariri, le président a remercié le Premier ministre  et les ministres, et a demandé au gouvernement de poursuivre l'expédition des affaires courantes, en attendant la formation d'un nouveau gouvernement" a annoncé la présidence de la République, dans un communiqué publié en début d'après-midi.

Saad Hariri a présenté hier au chef de l'Etat sa démission réclamée par des dizaines de milliers de Libanais depuis le 17 octobre 2019. Cette décision est intervenue  quelques heures après une violente attaque de partisans du Hezbollah et d'Amal contre les manifestants anti-gouvernement dans le centre-ville de Beyrouth.


(Lire aussi : D’une pierre trois coups, l'éditorial de Issa GORAIEB)



Quelques heures plus tard, lors d'une conversation à bâtons rompus avec des journalistes à la Maison du Centre, M. Hariri avait fait part de son "soulagement d'avoir offert quelque chose aux Libanais", sans vouloir en dire davantage. L'annonce télévisée de M. Hariri a été accueillie par les vivats de la foule qui l'écoutait en direct sur plusieurs lieux de rassemblement.

Cette démission intervient malgré l'opposition claire du Hezbollah et du président Aoun à une telle décision. Dans les milieux proches du chef de l'Etat, on reproche à Saad Hariri d'avoir pris le président par "surprise", en affirmant que la décision de démissionner n'avait pas été coordonnée au préalable avec le palais de Baabda.

Des informations contradictoires circulaient mercredi après-midi quant à une éventuel retour du Premier ministre sortant à la tête du prochain gouvernement.

Le président Aoun, qui a reçu en fin d'après-midi une délégation de la Ligue maronite au palais de Baabda, a affirmé que "le Liban aura un gouvernement propre", ajoutant que la contestation "a ouvert la porte à de grandes réformes". "Si nous ferons face à des obstacles, le peuple sera de nouveau dans la rue", a ajouté le chef de l'Etat.

Le président du Parlement, Nabih Berry, a pour sa part appelé les responsables à "former un gouvernement sans tarder". De même pour le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, qui a réclamé que le chef de l'Etat mène les consultations parlementaires "le plus rapidement possible".

Pour leur part, les évêques maronites ont appelé les responsables à se rassembler autour du chef de l’État Michel Aoun et à le soutenir. A l'issue de leur réunion mensuelle à Bkerké, sous la présidence du chef de l’Église maronite Béchara Raï, les évêques ont également exprimé l'espoir que "les Libanais saisiront la démission du gouvernement avec un esprit positif et constructif".

Il avait fallu huit mois de tractations entre les innombrables acteurs de la vie politique libanaise pour former le précédent cabinet. Selon la presse, M. Hariri pourrait tenter de monter une équipe renouvelée, formée en majorité de technocrates reconnus pour leur compétence, mais il devrait se heurter à de nombreuses résistances politiques. Il pourrait jeter l'éponge s'il n'obtient pas gain de cause, estiment certains commentateurs.

En outre, le chef de l'Etat s'adressera jeudi à 20h aux Libanais, afin de marquer son mi-mandat, le président Aoun ayant été élu au palais de Baabda le 31 octobre 2016.

Sur le terrain, mercredi, et malgré la volonté de certains manifestants de tenir leurs positions sur les différentes routes du pays, de nombreux axes routiers ont été rouverts à la circulation depuis les premières heures de la quatorzième journée du mouvement de contestation inédit que traverse le Liban.

La révolte populaire libanaise a été déclenchée le 17 octobre par l'annonce surprise d'une taxe sur les appels via les messageries instantanées comme WhatsApp. Cette mesure a été vite annulée mais la colère ne s'est pas apaisée contre la classe dirigeante, jugée incompétente et corrompue dans un pays qui manque d'électricité, d'eau ou de services médicaux de base trente ans après la fin de la guerre civile (1975-1990).


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Le président libanais, Michel Aoun, a chargé mercredi le gouvernement du Premier ministre Saad Hariri d'expédier les affaires courantes, dans une première réaction à la démission du cabinet qui a été annoncée hier, sous la pression inédite de la rue qui était mobilisée pour le 13e jour consécutif contre le pouvoir."En vertu de l'alinéa 1 de l'article 69 de la Constitution qui porte...

commentaires (4)

"Cette démission intervient malgré l'opposition claire du Hezbollah et du président Aoun à une telle décision." Tout d’abord, le Hezbollah est très gentil et on l’adore, mais il n’a rien à dire à ce sujet... Ensuite ce n’est pas juste de dire que Aoun était opposé à une démission. Tout ce qu’il demande c’est que Gebran Bassil reste au gouvernement. Nuance... Certaines rumeurs disent même que Gebran est en train de se convertir temporairement au Sunnisme histoire de pouvoir diriger le gouvernement, mais bon, ça c’est probablement des rumeurs infondées de jaloux...

Gros Gnon

16 h 46, le 30 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • "Cette démission intervient malgré l'opposition claire du Hezbollah et du président Aoun à une telle décision." Tout d’abord, le Hezbollah est très gentil et on l’adore, mais il n’a rien à dire à ce sujet... Ensuite ce n’est pas juste de dire que Aoun était opposé à une démission. Tout ce qu’il demande c’est que Gebran Bassil reste au gouvernement. Nuance... Certaines rumeurs disent même que Gebran est en train de se convertir temporairement au Sunnisme histoire de pouvoir diriger le gouvernement, mais bon, ça c’est probablement des rumeurs infondées de jaloux...

    Gros Gnon

    16 h 46, le 30 octobre 2019

  • "Si nous ferons face à des obstacles, le peuple sera de nouveau dans la rue", a ajouté le chef de l'Etat. HALLELUJAH ! il dit vrai sans toutefois exprimer clairement une autre verite : LES OBSTACLES ne tombent pas du ciel n'est ce pas. le cpl , amis , allies , opposants SONT TOUS RESPONSABLES a ce niveau ET A TOUS LES AUTRES NIVEAUX.

    Gaby SIOUFI

    16 h 11, le 30 octobre 2019

  • L'OLJ 30/10/19 à 13h53 : Les évêques maronites appellent les responsables à soutenir le président de la République. Je suis maronite depuis neuf décennies, je me permets très respectueusement de demander aux évêques de ma communauté, de préciser lequel des deux présidents de la République faut-il soutenir, car il y a deux présidents à Baabda.

    Un Libanais

    14 h 35, le 30 octobre 2019

  • Vacances présidentielles, vacances gouvernementales, et on remet une couche en 2019...pour finir l'année en beauté! Le Liban ne peut vivre avec la victoire d'un camps sur un autre...c'est impossible. Si à chaque fois qu'un camps considère que le moment lui est favorable, tente de renverser le pouvoir, on n'est pas sorti (tout n'est que provisoire et éphémère en orient, ne l'oublions pas)de la crise .... Le Liban est envisageable uniquement dans l'union et le consensus ...hélas c'est ainsi si l'on veut éviter les conflits et le suicide collectif. Je dis : Non à la corruption Non à des milices qui substituent à l'armée et l'état Non aux violences quelques soient leur origine Non à la fébrilité et les connivences dans des marchés de dupes (électricité, eau, décharges...) OUI A UN CONSENSUS NATIONAL, tenant compte des aspirations du peuple qui souffre dans sa chair mais reste digne. Nous vous espérons au travail Monsieur le Président de la république pour des solutions justes et pratiques loin des intérêts privés de tel ou tel camps ... oui nous espérons encore.

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 32, le 30 octobre 2019

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