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À La Une - contestation

Jour XIV : réouverture progressive des routes du Liban

L'armée appelle à retirer les barrages et invite les manifestants à protester "sur les places publiques". 

Des militaires libanais supervisant l'ouverture de l'autoroute au niveau de Batroun, le 30 octobre 2019. Photo Ani

Malgré la volonté de certains manifestants de tenir leurs positions sur les différentes routes du pays, de nombreux axes routiers ont été rouverts à la circulation depuis les premières heures de la quatorzième journée du mouvement de contestation inédit que traverse le Liban. Ce déblocage des routes intervient au lendemain de l'annonce de la démission du Premier ministre, Saad Hariri, qui était réclamée, avec la chute de tout le régime politique, par les dizaines de milliers de manifestants descendus dans les rues du pays depuis le 17 octobre. 

Plus tôt dans la journée, le commandement de l'armée libanaise a appelé mercredi les manifestants à rouvrir toutes les routes bloquées ces derniers jours. "En raison de l'aggravation dangereuse des problèmes entre les citoyens due aux fermetures des routes et suite aux derniers développements politiques, le commandement de l'armée demande à tous les manifestants d'ouvrir les routes qui sont encore fermées afin que la situation revienne à la normale", appelle la troupe dans un communiqué. Elle souligne toutefois "respecter le droit de manifester pacifiquement et d'exprimer son avis, mais seulement sur les places publiques". 

Les manifestants étaient, après la publication de ce communiqué, divisés entre l'importance d'obéir aux ordres de l'armée et la volonté de rester dans la rue "jusqu'à la réalisation de toutes leurs revendications". 



(Lire aussi : D’une pierre trois coups, l'éditorial de Issa GORAIEB)


Les routes ouvertes
Dans les faits, les barrages et infrastructures installés aux différents points chauds du mouvement de contestation sur l'autoroute menant de Beyrouth vers le Nord  notamment au niveau de Jal el-Dib, Zouk Mosbeh et Jbeil, commençaient à être démantelés. A Jal el-Dib, l'armée s'est déployée pour déplacer toutes les tentes installées par les manifestants depuis le début de la révolte. Plus tôt dans la journée, les ponts menant de la localité à l'autoroute avaient été débloqués. A Jbeil et Ghazir, des pelleteuses s'affairaient à déblayer les murs de terre et de pierres qui avaient été érigés pour empêcher aux véhicules de passer. A Batroun, les manifestants retiraient dans la matinée les tentes qu'ils avaient installées sur toutes les bandes de l'autoroute. 


Des militaires supervisant l'ouverture de l'autoroute au niveau de Ghazir, le 30 octobre 2019. Photo Ani

Dans le Nord, la grande majorité des routes étaient rouvertes dans la matinée, à l'exception de la rue principale de la localité de Beddaoui et des rues menant à la place el-Nour de Tripoli. En soirée, des manifestants ont coupé l'autoroute liant Tripoli à Miniyé-Aabdeh (dans le Akkar) dans les deux sens.


Des partisans de Saad Hariri ont également bloqué en soirée la route de Biré-Akkar, en soutien au Premier ministre sortant. Dans la capitale également, des dizaines de partisans du Premier ministre libanais sortant ont paradé à mobylette dans des rues des quartiers de Aïcha Bakkar, Kaskas, Barbir et Tarik Jdidé.

Le carrefour dit "Chevrolet", à Furn el-Chebbak, dans la banlieue est de Beyrouth, où se réunissaient des centaines de contestataires depuis plusieurs jours a également été rouvert à la circulation. A Aley, dans la Montagne libanaise, la route menant vers la vallée de la Békaa était également accessible aux véhicules. 

Au sud de Beyrouth, la route restait toutefois bloquée au niveau de Khaldé. La déviation vers la route maritime provoquait, à cet endroit, un trafic intense. La tension est par ailleurs montée à Jiyé, également au sud de la capitale, entre des dizaines de manifestants contre le pouvoir qui bloquaient encore cet axe routier et une équipe de journalistes de la chaîne NBN, affiliée au président du Parlement, Nabih Berry. En soirée, l'autoroute a été rouverte grâce à des pelleteuses de la municipalité de Barja.

A Saïda, toutes les voies de circulation étaient débloquées, notamment sur la place Elia, épicentre du mouvement de contestation dans cette ville. Mais en soirée, cette place a de nouveau été bloquée par les protestataires, malgré les tentatives de l'armée de la rouvrir. L'Ani a rapporté que la Croix-Rouge libanaise a transporté trois manifestants blessés par les heurts avec l'armée à des hôpitaux de la ville.

Sur le "Ring" de Beyrouth, les manifestants ont demandé un bref délai de négociations à l'armée afin de prendre une décision concernant l'évacuation de leur barrage. A l'issue de ce délai, ils ont retiré, d'eux-mêmes, de la route les meubles et tentes installés depuis quelques jours pendant que des grues de l'armée évacuaient du milieu de la route les blocs de béton empêchant la circulation. Mais en soirée, cette voie express reliant Achrafieh au centre de Beyrouth restait bloquée par environ 200 personnes.


La veille, des jeunes partisans du mouvement Amal (du président de la Chambre, Nabih Berry) et du Hezbollah avaient attaqué les contestataires présents à cet endroit. Alors qu'ils affirmaient vouloir rouvrir les routes, ces "chemises noires", dont la progression avait été stoppée par les forces de l'ordre, s'étaient ensuite rendus sur les places principales de la contestation dans le centre-ville, qu'ils avaient entièrement saccagées. Ils avaient été dispersés par l'armée. Malgré ces attaques, les manifestants avaient rapidement réinstallé leurs tentes et infrastructures sur les places Riad el-Solh et des Martyrs qui étaient remplies de gens dans la soirée. 

Dans ce contexte, les banques rouvriront leurs portes le vendredi 1er novembre 2019, a annoncé dans un communiqué l'Association des banques du Liban (ABL), alors que toutes les institutions bancaires étaient fermées depuis le 18 octobre.

La révolte populaire libanaise a été déclenchée le 17 octobre par l'annonce surprise d'une taxe sur les appels via les messageries instantanées comme WhatsApp. Cette mesure a été vite annulée mais la colère ne s'est pas apaisée contre la classe dirigeante, jugée incompétente et corrompue dans un pays qui manque d'électricité, d'eau ou de services médicaux de base trente ans après la fin de la guerre civile (1975-1990).


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