Rechercher
Rechercher

Économie - Focus

Situation financière : où en est-on au 13e jour de la mobilisation ?

La réouverture des agences bancaires fermées depuis le 18 octobre va être délicate à gérer.

Saad Hariri, lors de l’annonce, hier, de sa démission. Photo Dalati et Nohra

La mobilisation inédite à travers tout le Liban, depuis le 17 octobre, contre l’ensemble de sa classe politique a finalement poussé, hier, le Premier ministre, Saad Hariri, à démissionner. Une démission qui intervient alors que les blocages de nombreux axes routiers dans tout le pays et la fermeture prolongée des banques depuis le début des événements ont partiellement paralysé l’activité économique, alimentant par la même occasion les inquiétudes concernant la situation financière du pays déjà très précaire avant le début des manifestations. Des inquiétudes qui touchent aussi la viabilité de son modèle économique et la stabilité de sa monnaie, arrimée au dollar depuis 1997 (1 507,5 livres pour un dollar).

La tension est montée d’un cran lundi quand CNN a rapporté de manière inexacte des propos tenus par le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, lors d’une interview. Alors que ce dernier avait en effet appelé à trouver une « solution immédiate (…) » pour éviter que le pays ne « s’effondre économiquement », la chaîne de télévision américaine a, de son côté, titré sur un risque d’effondrement « dans les prochains jours », avant de rectifier le tir.


(Lire aussi : La corruption au sein de l’État, une des principales cibles des Libanais dans la rue)


Trop de temps perdu

« Le gouverneur n’a pas eu tort en soulignant que la situation actuelle coûtait cher au pays et qu’il fallait que les dirigeants prennent les devants pour calmer la rue et relancer la confiance vis-à-vis des marchés », juge un économiste sous couvert d’anonymat. Cette dernière est au plus bas, comme en témoignent les rendements des eurobonds – titres de dette en devises – qui ont pulvérisé leurs précédents records hier : ceux des émissions arrivant à échéance en 2020 ont dépassé 50 %, contre plus de 30 % pour celles de 2021, des niveaux sans communes mesures avec ceux affichés en temps normal (autour de 10 %), selon une source financière. La majorité de la dette en devises est détenue par les banques du pays et la BDL, ce qui limite l’impact de ces fluctuations. « La première étape, maintenant que le Premier ministre a démissionné, est de désigner aussi vite que possible un nouvel exécutif qui soit composé, au moins en partie, d’experts indépendants capables de prendre des mesures crédibles pour redresser le pays », ajoute-t-il. De fait, les chantiers que ces derniers doivent prendre à bras-le-corps sont régulièrement mis en avant par les agences de notation financières, banques d’investissements ainsi que les organisations internationales qui observent le pays. Les dernières piqûres de rappel ont été administrées ces dernières semaines par deux des trois principales agences de notation américaines Moody’s et Standard & Poor’s qui ont récemment placé le pays « sous surveillance ». Pour résumer, le Liban a une dette trop lourde par rapport à son PIB (avec un ratio qui gravite autour de 150 %). Il cumule en outre deux déficits – commercial et budgétaire – qui l’obligent à compter plus que de raison sur les remises des expatriés pour se financer. Il doit enfin attirer suffisamment de capitaux pour gonfler ses réserves de devises qui lui permettent d’intervenir sur le marché pour maintenir l’arrimage de la livre au dollar, ce qui l’oblige à maintenir des taux d’intérêt élevés, au détriment de l’économie réelle.

« La situation actuelle résulte de la combinaison de la mauvaise gestion des dirigeants, aggravée par la corruption ambiante au sein de l’État, avec la dégradation de la situation régionale (guerre en Syrie, en Irak, au Yémen) qui ont simultanément réduit les entrées de capitaux et poussé des déposants à sortir leur argent du pays », expose un banquier, lui aussi sous couvert d’anonymat.

Si les agences s’accordent pour affirmer que les réserves de devises disponibles de la BDL restent suffisantes à court terme pour assurer les besoins de financement du pays, elles ont toutes jugé que les dirigeants libanais avaient déjà perdu beaucoup trop de temps pour assainir les finances publiques, réformer le secteur de l’électricité et doper les secteurs productifs du pays. « Les analyses qui préconisent le maintien du système actuel en prétextant que le pays a des ressources trop limitées pour avoir des secteurs productifs compétitifs se trompent. Il est criminel de penser que l’on peut construire un modèle qui contraint les jeunes du pays à s’expatrier pour financer les déficits de leur pays d’origine », considère l’économiste interrogé.


(Lire aussi : Salamé appelle à une « solution immédiate » pour sortir de la crise)


Dossiers urgents

Mais en dehors des chantiers à moyen et long terme, le nouvel exécutif, la BDL et le secteur bancaire vont d’abord devoir gérer deux dossiers urgents, en commençant par la réouverture des banques. « Elles n’ouvriront pas tant que le calme ne sera pas revenu. Or même si elles assurent toujours certains services en restant fermées, sans banques qui fonctionnent le pays ne peut plus importer grand-chose, ce qui va finir par se ressentir dans les rayons des commerçants », récapitule le banquier précité.

Il souligne en outre que le fait que les banques soient restées fermées aussi longtemps pose deux problèmes, en dehors de son impact négatif sur la confiance des marchés. « Il y a d’abord la crainte que les clients retirent massivement leurs économies ou cherchent à convertir leurs livres en dollars, ce qui aura des conséquences calamiteuses. Ce phénomène pourrait être enrayé par la mise en place d’un contrôle du change et des capitaux, même temporaire, ce que la BDL semble pour l’instant peu disposée à mettre en place », expose l’économiste. Lundi, le gouverneur de la BDL a effectivement rejeté la perspective d’un contrôle des capitaux dans un entretien accordé à Reuters. « Le deuxième problème concerne le traitement de l’ensemble des transactions reportées par les clients des banques pendant les deux semaines de fermeture et que ces derniers voudront exécuter en urgence », ajoute l’économiste, évoquant de possibles difficultés aux niveaux technique et administratif.

Enfin l’autre dossier brûlant, que la fermeture des banques a mis en attente, concerne l’avenir de la parité fixe entre la livre et le dollar. Depuis cet été, la BDL a réduit la quantité de dollars circulant sur le marché, officiellement pour assurer les devises pour payer certaines importations et couvrir les besoins de financement de l’État. « Pour que le taux soit réellement fixé, comme c’est toujours officiellement le cas, il faut que la BDL intervienne sur le marché.

Or depuis l’été, elle ne distribue que très peu de dollars aux banques, ce qui explique la baisse de la quantité de dollars sur le marché et le fait que son prix fluctue dans des proportions bien plus importantes chez les changeurs », récapitule l’économiste.

« Si le taux officiel est maintenu pour les transactions bancaires, le billet vert se négociait à 1 700 livres en moyenne chez les changeurs, avec d’importantes disparités en fonction de la demande et des régions – 1 900 livres hier chez certains changeurs du nord du pays où les blocages de routes ont affecté plus qu’ailleurs l’approvisionnement des distributeurs de billets, NDLR. Il n’en demeure pas moins que l’écrasante majorité des dollars sur le marché sont détenus par le secteur bancaire, qui garde dès lors encore une marge de manœuvre sur ce point.



Lire aussi

Privatisation : L'Etat, sous pression, va-t-il brader ses actifs pour renflouer ses caisses ?

La semaine noire des eurobonds libanais

Standard & Poor’s place le Liban sous surveillance

La possibilité que la mobilisation dure inquiète commerçants et consommateurs

Quel est l’impact des manifestations sur l’économie ?


La mobilisation inédite à travers tout le Liban, depuis le 17 octobre, contre l’ensemble de sa classe politique a finalement poussé, hier, le Premier ministre, Saad Hariri, à démissionner. Une démission qui intervient alors que les blocages de nombreux axes routiers dans tout le pays et la fermeture prolongée des banques depuis le début des événements ont partiellement paralysé...

commentaires (2)

TOUT LE MONDE SAIT QUE LES MILLIONS( OU MILLIARDS ) DE DOLLARS DE NOS POLITICIENS NE SONT PAS DANS LES BANQUES AU LIBAN ALORS QUE LEUR RAPATRIEMENT RESOUDRAIT LA CRISE CECI EST IMPROBABLE SAUF SI NOUS AVONS UN GOUVERNEMENT QUI A UN MBS QUI MET TOUT CE MONDE AU PHOENICIA ET NE LES LAISSE SORTIR QU'APRES AVOIR REMBOURSE LEUR DU AU PAYS OU EST CE MBS LIBANAIS? CHERCHONS LE ET METTONS LE AU POUVOIR ET TOUTE LA CRISE ECONOMIQUE SERA REGLE

LA VERITE

15 h 25, le 30 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • TOUT LE MONDE SAIT QUE LES MILLIONS( OU MILLIARDS ) DE DOLLARS DE NOS POLITICIENS NE SONT PAS DANS LES BANQUES AU LIBAN ALORS QUE LEUR RAPATRIEMENT RESOUDRAIT LA CRISE CECI EST IMPROBABLE SAUF SI NOUS AVONS UN GOUVERNEMENT QUI A UN MBS QUI MET TOUT CE MONDE AU PHOENICIA ET NE LES LAISSE SORTIR QU'APRES AVOIR REMBOURSE LEUR DU AU PAYS OU EST CE MBS LIBANAIS? CHERCHONS LE ET METTONS LE AU POUVOIR ET TOUTE LA CRISE ECONOMIQUE SERA REGLE

    LA VERITE

    15 h 25, le 30 octobre 2019

  • LA SITUATION FINANCIERE EST EXPLOSIVE. LE PAYS N,EN PEUT PLUS. LA CONTESTATION EST UN MAL NECESSAIRE. SANS UN NOUVEAU GOUVERNEMENT REPONDANT AUX REVENDICATIONS DE LA REVOLTE IL Y A DANGER QUE LA L.L. FLOTTE ET LE PAYS SOIT EN FAILLITE. IL REVIENT AU CHEF DE L,ETAT DE FAIRE CE CHOIX DU DEVENIR EN PRENANT EN COMPTE LA RUE QUI NE DECOLERE PAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 52, le 30 octobre 2019

Retour en haut