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Économie - Conjoncture

Croissance : les prévisions du gouvernement contredites par les organisations internationales

Le Conseil des ministres n’a toujours pas achevé l’examen de l’avant-projet de budget pour 2020.

Vue d’un quartier de Beyrouth. Plusieurs organisations internationales ont récemment revu leurs prévisions sur la croissance libanaise à la baisse. P.H.B.

Les prévisions de croissance sur lesquelles se basent les dirigeants libanais pour élaborer la loi de finances du pays sont-elles prises au sérieux par les organisations internationales qui observent l’évolution de sa situation économique et financière ? Non, à en croire les différentes estimations publiées en moins d’une semaine par la Banque mondiale jeudi dernier, le Fonds monétaire international mardi et l’Institut de la finance internationale (IFI), hier soir, et qui sont toutes inférieures à celles figurant dans le budget libanais pour 2019, voté le 19 juillet, comme à celles de l’avant-projet pour 2020 actuellement examiné par le gouvernement.

Alors qu’il avait déjà estimé, dans un rapport sur le Liban publié début septembre, que le PIB libanais allait se contracter de 0,6 % en 2019 avant de rebondir à +2,5 % en 2020, l’IFI a finalement décidé d’abaisser ses propres prévisions et table désormais sur respectivement -0,8 et +0,7 % sur les deux exercices concernés.


(Pour mémoire : Ali Hassan Khalil « optimiste » malgré la croissance nulle)

« Incertitude »

Une mise à jour que l’organisation, qui rassemble plus de 450 banques et institutions financières à travers le monde, a relayée dans son dernier rapport régional et qu’elle justifie notamment par « l’incertitude » entourant la mise en œuvre des réformes que les dirigeants libanais se sont engagés à lancer lors de la Conférence de Paris d’avril 2018 (CEDRE). Un constat qui contraste avec le précédent rapport dans lequel l’IFI avait jugé que les dirigeants libanais avaient pris conscience de la gravité de la situation. L’organisation a également évoqué l’impact sur la croissance des difficultés liées à la baisse de la quantité de dollars sur le marché local où il circulait librement depuis des années jusqu’à cet été.

Mardi, le FMI avait lui aussi décidé de revoir ses estimations à la baisse, dans son rapport d’octobre sur l’économie mondiale. L’organisation, qui restait sur des estimations de croissance du PIB libanais de +1,3 % en 2019 et de +2 % en 2020 – dans la précédente édition de ce même rapport, publié en avril -, ne mise plus que sur respectivement +0,2 et +0,9 %. Le rapport ne contient toutefois pas de focus sur le Liban. Début juillet, dans les conclusions de sa précédente visite au Liban dans le cadre des consultations annuelles menées au titre de l’article IV de ses statuts, la délégation du FMI avait jugé la situation du pays « critique » tout en prenant acte des efforts menés pour adopter le budget de 2019.

Jeudi dernier, la Banque mondiale avait elle aussi revu à la baisse ses prévisions pour tabler sur une contraction du PIB de 0,2 % en 2019 et une croissance de 0,3 % en 2020, contre des prévisions à +0,9 et 1,3 % dans son rapport d’avril. L’organisation de Bretton Woods a indiqué que ses dernières estimations ne prenaient pas en compte la perspective d’une mise en œuvre rapide des réformes attendues et donc du déblocage de l’enveloppe de plus de 11 milliards de dollars de prêts et dons réservés lors de la CEDRE, malgré les signaux « positifs » lancés par le gouvernement.

Contacté par L’Orient-Le Jour, le directeur du département de recherche de Byblos Bank, Nassib Ghobril, explique les différences entre les estimations réalisées par la Banque mondiale, le FMI et l’IFI par l’absence de chiffres officiels complets et à jour. « Dans d’autres pays arabes et émergents, les responsables vont commencer à examiner les chiffres du troisième trimestre 2019. Le Liban, lui, n’a même pas fini de reconstituer les comptes nationaux de 2018 », se désole-t-il, avant de juger « crédibles » les estimations des organisations citées. « La baisse des prévisions de croissance doit faire prendre conscience aux dirigeants qu’ils ne pourront pas relancer l’activité en alourdissant davantage la fiscalité », martèle-t-il.

Réuni hier, le Conseil des ministres n’a, lui, toujours pas achevé l’élaboration du projet de budget pour 2020. Selon le ministre de l’Information, Jamal Jarrah, les membres de l’exécutif se sont entendus pour augmenter « les taxes sur le tabac et les tombacs importés ou fabriqués localement (par la Régie libanaise, NDLR) » sans toutefois préciser de combien. Le ministre a également indiqué que le nombre de points de passage aux frontières allait être réduit et de nouveaux scanners seraient déployés, sans plus de détails. Une nouvelle réunion pour poursuivre l’examen du texte devrait avoir lieu aujourd’hui.



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