Saad Hariri s’entretenant avec Gebran Bassil au Sérail, le 17 juin 2019. Photo ANI
Entre les deux piliers de l’entente politique élargie de 2016, le courant du Futur et le Courant patriotique libre, les crises se poursuivent, mais une constante persiste : le compromis conclu entre les deux partis, il y a près de trois ans, est toujours en vigueur, envers et contre tout.
La dernière secousse en date est celle suscitée par la décision du directoire du Futur d’annuler une rencontre, qui était prévue le 9 octobre, entre le chef du CPL, Gebran Bassil, et les cadres de la formation haririenne.
Selon les milieux du Futur contactés par L’Orient-Le Jour, il s’agissait d’une initiative du Premier ministre, Saad Hariri, pour tenter de normaliser les rapports entre son parti et celui de M. Bassil, perturbés depuis des mois en raison de divergences exacerbées par la grogne sociale qui a conduit des centaines de Libanais à manifester dans la rue.
Sauf que cette « volonté de tendre la main et d’entamer un dialogue avec M. Bassil », pour reprendre les termes d’un responsable du Futur qui a requis l’anonymat, s’est rapidement heurtée à un veto catégorique de la part de plusieurs cadres du parti. « Depuis plus d’un mois, nous exercions un forcing pour empêcher la tenue de la rencontre, dans la mesure où la présence de M. Bassil au siège du Futur (à Kantari) provoquerait notre base populaire, déjà hostile à l’entente de 2016 », explique à L’OLJ un responsable au sein de la formation du Premier ministre.
Mais ce sont surtout des récentes prises de position de Ziad Assouad, député CPL de Jezzine, qui semblent avoir poussé Saad Hariri à annuler le débat avec M. Bassil. C’est ce qu’a déclaré Hadi Hobeiche, député du Akkar (Futur), à la chaîne al-Jadeed. Il faisait ainsi allusion à de récentes déclarations de son collègue aouniste, dans lesquelles il n’a pas manqué de décocher des flèches en direction du chef du gouvernement et ses alliés, notamment le président de la Chambre, Nabih Berry, et le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. Mais ce sont surtout de violentes atteintes de M. Assouad à la mémoire de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri qui auraient provoqué la colère du chef du gouvernement et de son parti.
Si Hadi Hobeiche a répondu au député aouniste, dénonçant une « impolitesse » de sa part, un proche de M. Hariri, joint par L’OLJ, estime que Ziad Assouad a franchi les lignes rouges. « Le problème réside dans le fait que le CPL n’a même pas pris la peine de réagir aux agissements de M. Assouad, précise-t-il. Partant, Gebran Bassil est responsable de ces propos. »
L’OLJ n’a pas pu joindre M. Assaoud hier.
(Lire aussi : Crispation Hariri-Bassil)
« La productivité du gouvernement »
Bien au-delà des rapports en dents de scie entre les deux partenaires, l’annulation de la rencontre-débat avec Gebran Bassil est importante dans la mesure où il s’agit d’une décision dans le cadre de laquelle M. Hariri a répondu favorablement à sa base partisane, dont certains faucons sont hostiles à un partenariat avec M. Bassil et son parti.
Il reste que ce regain de tensions politiques entre le CPL et le Futur suscite des interrogations quant à la pérennité du compromis de 2016. Et pour les haririens, les réponses sont très claires : la logique selon laquelle « l’entente avec le CPL est assimilable à un mariage maronite » – comme l’avait qualifiée Saad Hariri lui-même en mars dernier – est toujours de mise.
« Nous avons annulé la rencontre avec M. Bassil à la suite des propos de Ziad Assouad. Et le chef du CPL est compréhensif à cet égard », précise un proche de M. Hariri, assurant que le compromis est toujours en vigueur et que le Conseil des ministres continuera à se réunir et à prendre ses décisions normalement, « parce que ce qui importe le plus au Premier ministre reste la productivité du gouvernement ». Un autre responsable au sein du Futur renchérit : « Nous sommes obligés de cohabiter avec eux (le CPL). Aussi bien le Futur que le CPL sont conscients que l’entente politique de 2016 est un besoin pour tous, d’autant que les alternatives sont manifestement absentes », dit-il, invitant le chef de l’État et son camp à agir comme ils le jugent adéquat, « s’ils ressentent un besoin de mettre un terme à cet accord ».
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Entre les deux piliers de l’entente politique élargie de 2016, le courant du Futur et le Courant patriotique libre, les crises se poursuivent, mais une constante persiste : le compromis conclu entre les deux partis, il y a près de trois ans, est toujours en vigueur, envers et contre tout. La dernière secousse en date est celle suscitée par la décision du directoire du Futur...
commentaires (4)
Je pense que Saad a compris ÉNORMÉMENT DE CHOSE APRÈS SA CAPTURE PAR UN DE SES COUSINS LOINTAINS EN BENSAOUDIE. CHAT ÉCHAUDÉ CRAINT L'EAU FROIDE DU DÉSERT.
FRIK-A-FRAK
19 h 18, le 03 octobre 2019