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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Structure et névrose obsessionnelle

La psychanalyse nous a montré que la structure est différente de la névrose. Le sujet peut être de structure hystérique, obsessionnelle ou phobique, et ne pas être névrosé pour autant. Il faut des conditions de décompensation pour que la structure évolue vers la névrose.

Si, parce qu’elle donne d’elle-même l’image trouble d’une chair ambiguë qui met en scène la bisexualité, parce qu’elle se présente comme une mauvaise mère et parce qu’elle ne cesse de défier les savoirs constitués, l’hystérique se fait rejeter par l’idéologie ambiante, l’obsessionnel, au contraire, passe inaperçu, docile et soumis à l’ordre établi du savoir et du pouvoir.

Si l’hystérique semble revendiquer tout pour elle, l’obsessionnel dirait, selon la formule de Lacan : « Tout pour l’Autre .» Tout pour l’Autre afin que l’Autre reste toujours en vie pour qu’il puisse continuellement le détruire. L’obsessionnel agirait comme un banquier scrupuleux et prévenant qui s’enquiert en permanence de la santé d’un client débiteur pour pouvoir continuer à le saigner.

C’est d’ailleurs dans le contexte de la banque que l’on rencontre le plus les obsessionnels. Compter, mettre en ordre, classer, répertorier sont des activités où l’obsessionnel excelle. Contrôler, tel est le maître mot de l’obsessionnel. Voilà pourquoi on le retrouve aussi au pouvoir, aux postes de contrôle et de maîtrise. La bureaucratie est ce qui lui convient le mieux, car tout est maîtrisé et planifié à l’avance. En effet, son souci principal est d’éviter l’imprévu. Pour cela, chaque chose doit être à sa place, y compris l’obsessionnel lui même. D’où une régularité exemplaire, de l’ordre, de la méticulosité, de la propreté.

Le caractère sadique anal

Là où l’hystérique laisse éclater avec excès le moindre de ses sentiments de colère, pour l’oublier immédiatement après, l’obsessionnel se domine et contrôle tout excès, tout sentiment agressif. Mais il rumine. Au caractère coléreux, passionné et théâtral de la femme hystérique, l’homme obsessionnel oppose un tempérament contenu, neutre et peu expressif.

Nous voyons bien avec la description qui précède pourquoi l’obsessionnel se débat avec les pulsions sadiques-anales. Nous avons tous besoin de certains traits de caractère anal pour pouvoir ordonner nos activités. Quant à l’obsessionnel de structure, il les collectionne.

La constitution du caractère anal se fait pendant « le stade anal » qui se situe entre 2 et 3 ans. Pendant ce stade défini par la psychanalyse comme la période où la mère apprend la propreté à l’enfant, la relation mère/enfant sera déterminante. La relation prend le profil du «sadomasochisme”. L’enfant voyant sa mère en attente qu’il lui donne le boudin fécal est en mesure de la faire attendre et de la faire souffrir. Mais en la faisant souffrir, il souffre lui-même de la rétention anale. Il a mal au rectum et à l’anus.

Le fantasme de l’obsessionnel s’organise autour de l’élimination du sujet au profit d’un Autre tout puissant dont il ne serait que le déchet.

Si le fantasme de l’hystérique, en sa nature bisexuelle, essaie de répondre à la question de la différence des sexes, l’obsessionnel possède une marge de manœuvre moindre. C’est son existence même qui semble menacée face à la demande de l’Autre. Comme le met en évidence le stade anal, pour s’affirmer comme sujet désirant face à la demande de l’Autre, ici la mère, l’enfant, futur obsessionnel, en est réduit à s’identifier à ses excréments qui disparaissent pour échapper au pouvoir de l’Autre.

Le rôle de la mère est déterminant. À la question « Combien de temps doit-on laisser l’enfant sur le pot », posée par une mère à Françoise Dolto, celle-ci répond : « Vous n’avez rien d’autre de mieux à faire ? »


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