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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

L’hystérie - 8 - L’hystérie et le DSM

Publié à l’initiative de l’Association américaine de psychiatrie (APA), le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) en est aujourd’hui à sa 5e génération, le DSM-V. Aucun psychiatre nouvellement formé ne peut y échapper. Enseigné à la faculté de médecine, il permet un diagnostic facile des troubles mentaux (avec toutefois des erreurs car il ne distingue pas la structure des symptômes, moyennant quoi une hystérique, parce qu’elle produit quelques symptômes obsessionnels, se retrouve cataloguée de TOC (trouble obsessionnel compulsif) avec une prescription d’antidépresseurs. Comme l’hystérie n’a rien de mieux à faire que de résister aux prescriptions, elle finit par avoir des doses massives d’antidépresseurs. Sans aucun résultat évidemment. Pire, elle se transforme en « hystérie dépassée », comme le dit l’un des meilleurs élèves de Lacan, Lucien Israël (1925-1996), c’est-à-dire inguérissable. Par la suite, le DSM est imposé aux psychiatres comme seule référence autorisée pour toute communication lors des congrès psychiatriques ou autres. Aux États-Unis, aucune société d’assurances ne couvre les soins prodigués par un psychiatre si les troubles qu’il soigne chez son patient ne sont pas répertoriés dans le DSM. Les médicaments prescrits ne peuvent non plus être remboursés que s’ils sont prescrits pour des troubles répertoriés dans le DSM.

Si nous examinons de près ce manuel, nous retrouvons les expressions cliniques de l’hystérie, mais nous constatons que le mot hystérie a disparu. Il est remplacé par le mot histrionisme, ou tendance à se comporter de manière théâtrale. Or si cela est juste dans l’hystérie, on passe sous silence que le terme même fait référence à l’utérus que les Grecs et les Égyptiens (-2500 av. J.-C.) ont utilisé pour bâtir le mythe de « l’utérus baladeur » dont le sens était déjà, comme nous l’avons vu, la sexualité. À la place, nous retrouvons les termes suivants : « Trouble somatisation ou trouble somatoforme, troubles des conduites alimentaires, troubles du sommeil, troubles anxieux… » mais nous ne retrouvons nulle part le mot hystérie. Et si les troubles des conduites sexuelles sont mentionnés parmi les autres troubles, ils deviennent des troubles mécaniques comme les autres.

La disparition également du terme psychanalyse nous met sur une piste politique voulue par le DSM-IV puis le DSM-V. En apparence, le but du DSM est d’éliminer toute théorie explicative pour s’en tenir seulement à la classification des symptômes et aux statistiques. En fait, dans leur ouvrage critique et historique sur le DSM, The Selling of DSM, publié aux États-Unis en 1992 et en 1998 en France sous le titre de Aimez-vous le DSM, Stuart Kirk et Herb Kutchins le disent clairement : « L’enjeu de la publication du DSM par l’Association américaine de psychiatrie était de réduire l’influence des psychothérapeutes freudiens. »

Tout change avec le DSM-IV. Dans le DSM-III, la référence à la psychanalyse existait bien et au milieu des années 80, une « contre-révolution de droite » allait bouleverser les USA et le monde entier. Il s’agissait de lutter contre l’avortement, l’homosexualité et l’infidélité conjugale, soit les acquis des années 60. La sexualité, référence de l’hystérie et de la psychanalyse, devait disparaître. Nous verrons cela dans la prochaine rubrique.



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