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Lifestyle - This is America

Pierre Cardin au Brooklyn Museum, entre futur et passé

Au moment où, il y a cinquante ans, l’homme marchait sur la lune, un célèbre designer qui, enfant, faisait ce rêve fou a imaginé une collection spaciale signée Pierre Cardin.

Cardin avec ses trois dés d’or, reçus en 1977, 1979 et 1982. Il fut un des seuls couturiers à obtenir cette distinction trois fois. Photo archives Pierre Cardin, Brooklyn Museum

Pierre Cardin, aujourd’hui âgé de 97 ans, est honoré par le Brooklyn Museum à New York qui lui dédie une très belle rétrospective intitulée « Pierre Cardin : Future Fashion » (Pierre Cardin : mode du futur). Cette invitation à redécouvrir l’univers de Cardin a une connotation particulière, puisqu’elle coïncide avec le cinquantième anniversaire de l’historique alunissage des astronautes américains en 1969 sur la Lune. Un rêve que le créateur a toujours caressé et qu’il a interprété dans une mode avant-gardiste. Sa fascination pour la nouvelle technologie et pour la course à l’espace des années 60 a influencé ses créations devenues emblématiques de l’époque. Ses vêtements, projetant des silhouettes géométriques et taillées dans des tissus n’ayant rien de conventionnel, ont été adoptés par moult célébrités de l’époque : de Brigitte Bardot et Lauren Bacall à Alain Delon en passant par Jacqueline Kennedy et Raquel Welch. Mu par une curiosité pour l’expérimentation et par le désir de « briser le moule de la mode », il a été le premier grand couturier européen à étendre sa griffe au Japon, en Chine et au Vietnam sur une grande échelle.

« Le but du Brooklyn Museum est de relater les histoires des précurseurs du monde des arts et c’est exactement ce qu’est Pierre Cardin », confie la directrice du musée, Anne Pasternak. En effet, le Français s’est fait un nom à travers ses modèles futuristes. Son approche en avance de son temps au regard de la mode et des affaires a établi des tendances et des pratiques, faisant de lui l’un des designers les plus influents de sa génération. Quant à Matthew Yokobosky, curateur de l’événement et du département de mode et d’affaires culturelles au Brooklyn Museum, il voit en lui « un véritable homme de la Renaissance dont le travail a fait avancer la mode et le design tout en donnant continuellement à la société une vision à couper le souffle du futur ».


Esthétique audacieuse et futuriste
Une vision qui, à travers cette exposition, s’étale sur plus de 170 pièces datant de 1950 jusqu’à aujourd’hui et qui inclut la haute couture, le prêt-à-porter, des accessoires, des photographies, des films et une variété de matériaux tirés des archives de Pierre Cardin. Le tout illustrant parfaitement son esthétique audacieuse et futuriste, et son influence incontournable non seulement sur la mode, mais sur le design industriel des meubles et autres secteurs.

Cette rétrospective permet de découvrir et d’apprécier les principales étapes de la carrière du couturier : de rares modèles exécutés dans des tissus luxueux datant des années 50 ; plusieurs spécimens de sa collection Cosmocorps qui cherchaient à simplifier les tenues masculines en éliminant des détails jugés excessifs, leur préférant des vestes sans col parfois bardées de grandes fermetures éclair et des pantalons cylindre ; des créations incorporant le vinyle, le plastique et une matière synthétique du cru du grand couturier et baptisé « Cardine synthétique » ; des ensembles unisexe ; des vestes aux larges épaules inspirées de l’art japonais de l’origami ; et, enfin, des jumpsuits et des chapeaux ressemblant aux casques des astronautes.


La sensibilité d’un architecte
Cardin, artiste discret, aura reçu durant ses 70 ans de carrière toutes les distinctions possibles : le Dé d’or de la haute couture française (en 1977, 1979 et 1982) et les titres de commandeur de la Légion d’honneur et de commandeur de l’Ordre national du mérite et Chevalier des arts et lettres. Il a habillé les plus belles actrices de cinéma et de théâtre dont Mia Farrow dans le film A Dandy in Aspic (1968), l’iconique Jeanne Moreau, qui fut très proche de lui, dans La baie des anges (1963), des tenues devenues mythiques. À découvrir également dans l’exposition les films et les clips de ses inoubliables défilés à l’Espace Pierre Cardin (1970), La grande muraille de Chine (1979) et la place Rouge à Moscou.

Avant-gardiste, Pierre Cardin a été formé très jeune au métier de tailleur. Il a vécu à Vichy durant la Seconde Guerre mondiale et s’est engagé dans la Croix-Rouge. À la fin de la guerre, il s’est installé à Paris et a travaillé brièvement avec la Maison Paquin et Elsa Schiaparelli avant de joindre en 1947 Christian Dior. En 1950, il ouvre sa propre enseigne. Par la suite, il a été l’un des rares couturiers capables, à la fois, de dessiner, de couper, de coudre et d’exécuter le finissage d’un vêtement. Il est connu pour son art de sculpter les tissus avec la sensibilité d’un architecte et son penchant pour la géométrie et le style futuriste. Très inspiré par les vols spatiaux, il avait fait une visite à la NASA où il a eu le privilège d’être le seul citoyen non initié à enfiler l’habit spécial d’un astronaute à bord de la fusée Apollo 13. Esprit voyageur doté d’une sensibilité traversant le temps et l’espace, il a notamment déclaré : « Quand je dessine une robe je ne la dessine pas par rapport au corps d’une femme. Je dessine une robe puis je glisse une femme à l’intérieur. » Continuant à 97 ans à regarder toujours plus loin et imaginer le monde (de la mode) de demain, il a confié à Matthew Yokobosky : « En 2069, les femmes porteront des chapeaux en plexiglas et des habits tubulaires, et les hommes des pantalons de forme elliptique et des tuniques kinétiques. Nous marcherons tous sur la Lune et sur Mars vêtus de mes ensembles “Cosmocorps”. »


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